L'AdBlue® est utilisé dans les systèmes de réduction catalytique sélective (SRC). C'est un produit d'une grande pureté, composé à 67,5 % d'eau déminéralisée et à 32,5 % d'urée CO(NH₂)₂. Dans le SCR, l'urée est mélangée aux gaz d'échappement, avec les hautes températures de ceux-ci, une réaction chimique a lieu et cela neutralise les oxydes d'azote (ou NOx). Les véhicules légers utilisent "peu" d'AdBlue pour améliorer les émissions des moteurs au gazole. En revanche, les camions en fon une consommation très importante.
Et c'est de ce côté que les premières inquiétudes apparaissent. En Allemagne, la société SKW qui fournit 40% du marché allemand de l'AdBlue, a stoppé sa production face à la flambée du prix du gaz naturel. Le gaz est utilisé dans la synthèse de l'urée. L'urée est fabriquée industriellement à partir d'ammoniac (NH3) et de dioxyde de carbone (CO2). La synthèse se fait sous forte pression entre 140 et 160 bars et sous des températures de 160 °C à 180 °C. On obtient des billes d'urée (ou prills) facilement manipulables, ou de l'urée de synthèse liquide.
Premier résultat de la flambée du prix du gaz naturel, le prix de l'AdBlue grimpe également. Mais, le prix est tellement élevé qu'il a forcé à l'arrêt de la production de SKW selon un représentant de la société de Saxe-Anhalt à l'Agence France Presse (AFP).
De quoi perturber encore plus l'économie allemande
Cela inquiète suffisamment le Gouvernement allemand pour que cela devienne un sujet important. La fédération allemande de la logistique BGL s'inquiète aussi des conséquences de ces arrêts de production. Une baisse de la disponibilité, voire, une pénurie d'AdBlue, provoquerait immanquablement des ruptures dans les transports de marchandises. "Sans AdBlue, il n'y a pas de poids-lourds, ce qui veut dire pas de livraisons en Allemagne" déclare le président de la BGL au quotidien allemand Bild.
Selon les chiffres, la logistique en Allemagne consomme 2,5 millions de litre d'AdBlue quotidiennement (!). Selon SKW, il n'est pas possible de remplacer le gaz dans le processus industriel de production de l'AdBlue. Et les réserves de la société sont vides. Pour les remplir, il va falloir payer le prix fort. Le coût du transport devrait donc fortement augmenter, et par conséquent le prix des denrées transportées aussi.
Du côté du Gouvernement Allemand, on se dit préparé à réagir au moindre signe de risque de pénurie. Le souci avec l'AdBlue, c'est que les moteurs Diesel qui l'utilisent sont prévus pour fonctionner en mode dégradé (voire ne pas fonctionner) s'il n'y a plus de produit dans le réservoir. Du côté des particuliers c'est la même chose. Si la situation dure, on risque donc d'avoir des voitures immobilisées, à moins de les reprogrammer pour fonctionner sans AdBlue, quitte à balancer de nouveau plein de NOx dans l'air.
Notre avis, par leblogauto.com
Après son industrie ultra-dépendante au gaz (russe ou autre), l'Allemagne montre une nouvelle faiblesse avec un secteur de la logistique et du transport qui pourrait être fortement perturbé par le manque d'AdBlue. Cela montre notre très grande "fossilo-dépendance".
Sinon, c'est assez paradoxal que pour dépolluer un moteur diesel à l'échappement, on utilise une ressource fossile comme le gaz naturel. Emissions polluantes qui ne sont pas prises en compte dans les émissions du moteur.