Dans le cadre du lancement de la Citroën C6, au salon de Pékin, Citroën est venu avec une CX 25 Prestige. Un hommage involontaire à une mésaventure chinoise...

La CX Prestige (à ne pas confondre avec la Limousine) est une version rallongée de 27cm. Elle atteint ainsi 4,92cm. Apparue en 1975 avec un 2,3l 115ch, elle reçoit ensuite un 2,3l 128ch à injection, puis en 1983, c'est le 2,5l 138ch à injection de la voiture exposée à Pékin. 2 ans plus tard, la CX est reliftée. Le 2,5l reçoit un turbo, qui offre 168ch. Ultime évolution, le turbo reçoit un échangeur air/air. En parallèle, Citroën commercialise une Prestige atmo, uniquement à boite automatique. Puis la XM fait son entrée et la CX Prestige quitte la scène en 1990.

Lors du salon, Citroën en rajoute une couche su le côté franchouillard. Il diffuse notamment un cliché de Valery Giscard d'Estaing aux côtés d'une CX. Ils ont oublié que Jacques Chirac fut aussi un grand fan de CX. Le soir de son élection, en 1995, il s'offrit un tour de Paris avec sa 25 Prestige Turbo 2 personnelle...

Le 27 janvier 1964, la France devient le tout premier état non-communiste à reconnaitre la République Populaire de Chine. Le Pays du Milieu apprécie la démarche et pour les industriels tricolores, une porte s'ouvre. En 1965, Paul Berliet signe un contrat de vente de camions, dont une partie sont assemblés sur place. Berliet s'engage également à former des techniciens chinois, à Lyon. Hélas, dès 1966, c'est la révolution culturelle et les ponts sont rompus.

Les contacts reprennent timidement. Après son départ, Charles de Gaulle planifie un voyage pour 1971. Un projet interrompu par la mort du Général. En 1972, la France et la Chine ont des ambassadeurs respectifs. En 1978, Jacques Chirac, alors premier ministre, est le premier hôte de marque à visiter le pays. L'année suivante, un comité France-Chine, présidé par Paul Berliet, représente les industriels français.

Mao Zedong est mort et Deng Xiaoping veut reprendre le développement industriel du pays. L'outil industriel est en friche depuis les années 60 et les besoins sont immenses. Suivant un modèle kroutchevien, Deng veut en profiter pou développer les biens d'équipements, dont les voitures particulières. Un appel d'offres est effectué concernant l'assemblage de voitures étrangères chez Shanghai Automobile and Tractor Company (l'actuelle SAIC.)

Citroën répond à l'appel d'offres avec des CX. Pour la firme aux chevrons l'affaire semble entendue : la Chine choisira son ami de 20 ans, la France. Le lobbying va bon train et si ça ne suffit pas, il y a des méthodes moins orthodoxes. Le constructeur reconnait avoir fourni gratuitement des voitures à des palaces chinois. Corbis a photographié un chauffeur de taxi posant avec sa CX. Voilà pour le factuel. Une rumeur (impossible à prouver) dit que Citroën aurait soudoyé des officiels avec des CX et que pour les camions Berliet (alors lié à Citroën), des DS auraient eu un rôle similaire...

Retour au présent de l'indicatif. La France n'est plus toute seule à convoiter la Chine. Pensez, un marché d'un milliard d'habitants, qui ont besoin de tout... Coca-Cola pousse quasiment Jimmy Carter dans un avion pour Pékin, afin d'ouvrir des relations diplomatiques. AMC profite de l'aubaine pour répondre à un autre appel d'offres, concernant des 4x4. La RFA n'a pas de relations formelles avec le pays. Cela n'empêche pas Volkswagen de déposer un dossier. Pour mettre les chances de son côté, il expédie des Santana en kits en avril 1983. Rusée, la Chine y voit un moyen de diversifier ses partenariats. Accessoirement, les Santana ont une conception plus simple (donc un assemblage plus aisé pour des ouvriers novices.) Volkswagen remporte le morceau et en 1984, SATC débute l'assemblage des Santana. Bientôt l'Allemagne réunifiée devient le nouveau meilleur ami du Pays du Milieu et l'épisode des CX est vite oublié...

Crédit photos : Citroën