Paris exhorte Tokyo à une très controversée fusion Renault-Nissan
Des représentants de l'Etat français se sont déplacés spécialement à Tokyo en vue d'exhorter le Japon à envisager une fusion Renault-Nissan.
Des représentants de l'Etat français se sont déplacés spécialement à Tokyo en vue d'exhorter le Japon à envisager une fusion Renault-Nissan.
Un dossier qui représente un vrai serpent de mer dont le venin pourrait toutefois s'avérer bien nocif alors que le sujet oppose Japonais et Français depuis de nombreux mois.
Selon des medias japonais, des représentants de l'Etat français se seraient ainsi rendus au Japon cette semaine pour plaider en faveur d'une fusion entre Renault et Nissan. Le dossier revenant sur le tapis après deux mois de détention de celui qui demeure PDG de Renault.
Pour rappel, l'Etat français est le premier actionnaire de Renault, détenant 15,01 % du capital. Nissan détient quant à lui 15 % du constructeur français, sans disposer toutefois de droits de vote.
Renault contrôle pour sa part 43 % de Nissan, constructeur qu'il a sauvé de la faillite il y a près de 20 ans. Nissan possède par ailleurs 34 % de Mitsubishi Motors, troisième partenaire de l'Alliance.
Plusieurs émissaires du gouvernement français se sont entretenus mercredi et jeudi avec des protagonistes du dossier Renault-Nissan.
Selon « Le Figaro », figurait parmi eux Martin Vial, directeur général de l'Agence des participations de l'État (APE), et Emmanuel Moulin, directeur de cabinet du ministre de l'Économie et des Finances.
Citant des sources proches du dossier, l'agence de presse Kyodo indique que la proposition a été mis sur la table par la délégation française lors d'une rencontre avec des responsables japonais à Tokyo.
Le quotidien économique japonais Nikkei fait également état d'une demande d'une fusion formulée par la délégation française. Il précise par ailleurs que Nissan est opposé à donner une plus grande influence à Renault dans le cadre du partenariat établi entre les deux constructeurs.
Alors que Nissan voit d'un très mauvais œil le déséquilibre de pouvoir entre Renault et Nissan au sein de l'Alliance, le Nikkei indique dimanche que la délégation française avait également indiqué que Renault souhaitait nommer le prochain PDG de Nissan. De quoi faire réagir les Japonais ….
Le media japonais Kyodo précise également que le scénario d'une fusion aurait les faveurs d'Emmanuel Macron.
Début décembre, lors d'un entretien avec le Premier ministre japonais Shinzo Abe, en marge du sommet du G20 en Argentine, le Président français avait rappelé son attachement à ce que l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi Motors soit "préservée de même que la stabilité du groupe".
De son côté, Shinzo Abe Abe avait souhaité "le maintien d'une relation stable" entre les entreprises des deux pays, qualifiant l'alliance automobile de "symbole de la coopération industrielle entre le Japon et la France".
L'avenir du groupe devrait être décidé par "les entreprises" et "les gouvernements ne devraient pas s'engager" sur le fonctionnement futur de l'alliance, avait tenu à souligner le Premier ministre japonais.
Le 16 février 2018 Carlos Ghosn indiquait pour sa part qu’il fallait « réfléchir au type d’organisation ». Ajoutant avoir accepté d’apporter une réponse et que cela faisait partie de la feuille de route de son nouveau mandat chez Renault.
Une source de Bercy avait parallèlement assuré que lors d’un entretien téléphonique avec Carlos Ghosn le 9 février 2018, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, avait clairement demandé au patron de l’Alliance une « feuille de route » en vue d’une « intégration plus forte entre Renault et Nissan ».
« Nous souhaitons un engagement de Carlos Ghosn à nous présenter un plan stratégique à l’Assemblée des actionnaires (de Renault) mi-juin 2018« , soulignait alors le gouvernement français.
Depuis quelque temps la structure existante fait l’objet de plus en plus de controverses au Japon en raison des solides performances financières de Nissan. Bien que les ventes et les bénéfices de Nissan dépassent généralement ceux de Renault, la société japonaise dispose en effet de beaucoup moins d’influence au sein de l’Alliance.
L’arrestation de Ghosn a de nouveau fait apparaître les ressentiments accumulés depuis des années alors qu’équipes japonaise et française ont alterné succès et confrontations au fil des ans.
Depuis déjà fort longtemps Nissan affiche un mécontentement face au rôle détenu par son partenaire français, qu’il juge démesuré. Saikawa a fait référence à cette sensation de déséquilibre lors de la première conférence de presse qu’il avait convoquée en vue de réagir à l’arrestation de Ghosn.
Têtus, obtus et égocentriques les Français du point de vue des Japonais ? Cela pourrait bien être l'avis des dirigeants de Nissan suite à la démarche de l'Etat français en vue d'une fusion Renault-Nissan.
Et ce alors même que certains soupçonnent que l'affaire Ghosn soit en partie due à la volonté de l'ancien dirigeant de Nissan de vouloir fusionner les deux constructeurs. Ce que les Japonais voient d'un mauvais œil.
Sources : AFP, Le Figaro, Kyodo, Nikkei
Des représentants de l'Etat français se sont déplacés spécialement à Tokyo en vue d'exhorter le Japon à envisager une fusion Renault-Nissan.
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