Opel pourrait mener un plan de réductions de coûts. C'est en tout cas ce qu'a déclaré Carlos Tavares, le président du directoire de PSA, dans un entretien accordé au journal allemand Die Welt. Déclaration qui fait suite à l'achat de la filiale de GM par le groupe français, officialisé en août dernier.
Très large décalage de coûts entre Opel et PSA
Arguments plaidant en faveur de telles mesures : selon Tavares, les coûts de production d'Opel seraient au moins 50% plus élevés que dans les usines françaises de PSA. Il estime ainsi que "beaucoup de problèmes sont dus au fait que les choses sont disproportionnées chez Opel, qu'on y consomme trop d'énergie, que les procédures ne sont pas assez efficaces". Constatant que "l'industrie automobile demeure un secteur où il y a beaucoup de gâchis", le patron de PSA a lancé un appel à plus d'efficacité, "partout et dans toutes les fonctions."
Ces propos pourraient toutefois se traduire par d'importantes suppressions d'emplois, alors que le groupe français tente à présent d'intégrer Opel au reste du groupe. PSA a ainsi d'ores et déjà annoncé la suppression de 400 emplois au Royaume-Uni dans l'usine Vauxhall - marque britannique acquise lors du rachat d'Opel - d'Ellesmere Port. La perte du quart des effectifs du site est liée au très large décalage entre les coûts actuels de fabrication et les performances d'Ellesmere Port par rapport aux usines de PSA, a justifié en effet un porte-parole de PSA.
En Allemagne, Carlos Tavares s'est engagé sur une sauvegarde des postes, mais seulement jusqu'à fin 2018.
Une rentabilité à retrouver chez Opel
Tavares a par ailleurs précisé que son groupe ne financera les programmes prévus pour le siège de la division à Rüsselsheim, en Allemagne, que lorsqu'il sera convaincu de leur rentabilité. Il considère en effet que les projets de développement promus actuellement chez Opel sont insuffisants pour pouvoir assurer le succès de la société. Déclaration à rapprocher des propos énoncés préalablement par PSA laissant entendre qu'il utiliserait ses propres technologies et plates-formes pour la production des futurs modèles Opel.
Une étude du centre de recherche automobile allemand de Duisbourg-Essen (CAR) publiée début octobre indiquait pour sa part qu'Opel devrait supprimer 6.000 emplois pour être compétitif face à PSA.
Selon le magazine Automobilwoche, l'ancienne filiale de GM a perdu 250 millions de dollars sur le deuxième trimestre, après avoir perdu 200 millions au premier trimestre. General Motors a ainsi cumulé plus de 15 milliards de dollars de pertes en quinze ans dans ses activités européennes. Selon les calculs établis par CAR, Opel produit en moyenne 30 véhicules par salarié, contre 35 chez PSA. Opel perdrait ainsi 6.000 euros par salarié, contre un gain de 25.000 par employé pour le groupe français. Un constat qui fait très mal …
Nouveau plan de bataille à la mi novembre
"Une stratégie a été mise en œuvre qui n'a tout simplement pas fonctionné et nous sommes confrontés au risque qu'Opel ne soit pas en mesure de respecter les plafonds d'émissions qui entreront en vigueur en 2020. Cela est extrêmement grave et extrêmement dangereux pour l'entreprise", a encore déclaré Tavares à Die Welt.
Alors qu'Opel enregistre des pertes depuis 15 ans, un nouveau plan de bataille doit être présenté vers le 10 novembre prochain. Parmi un des vastes défis lancés à ses dirigeants figurent l'atteinte du niveau de compétitivité de son nouveau propriétaire PSA. Objectifs 2020 : obtenir un flux de trésorerie positif et une marge opérationnelle de 2%, un niveau toutefois bien faible même s'il sera difficile à atteindre.
Sources : Reuters, Die Welt, Capital
Crédit Illustration : Opel/ PSA