Les déclarations d’apaisement de l’exécutif français n’y auront rien changé : la méfiance s’est installée chez Nissan quant au nouveau rôle de l’Etat français dans Renault que le constructeur japonais ne veut pas voir s'étendre à sa propre gouvernance, et celui-ci a convoqué hier un conseil d’administration extraordinaire pour examiner ses options de réponse.
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Les déclarations d’apaisement de l’exécutif français n’y auront rien changé : la méfiance s’est installée chez Nissan quant au nouveau rôle de l’Etat français dans Renault que le constructeur japonais ne veut pas voir s'étendre à sa propre gouvernance, et celui-ci a convoqué hier un conseil d’administration extraordinaire pour examiner ses options de réponse.
L’échec persistant à trouver un accord entre le gouvernement et Nissan depuis l’augmentation surprise de la part de l’Etat français dans Renault au printemps dernier a conduit les Japonais à changer de stratégie. Si rien n’a filtré officiellement de ce conseil d’administration extraordinaire, le Nikkei fait état ce matin de fuites qui confirment les échos parus dans la presse économique française ce week-end. L’état-major de Nissan est en état d’alerte et compte passer à l’action pour contrer le doublement des droits de votes de l’Etat chez Renault en vertu de la loi Florange, vus comme un risque indirect mais trop important d’interférence dans la gestion de Nissan.
Deux pistes sont examinées : la première, qui serait la plus coûteuse pour les Japonais, est une augmentation de la participation de Nissan chez Renault de 15% à 25%. Cela coûterait autour de trois milliards d’euros. La loi japonaise prévoit que dans une telle configuration de participations croisées, Renault perdrait les droits de vote que lui donne sa participation de 43,4% dans le capital de Nissan. La seconde option est une nouvelle émission d’actions pour diluer la part de Renault et l’amener à moins de 40%, auquel cas Nissan pourrait alors revendiquer en France des droits de vote à la hauteur des 15% que le constructeur japonais détient dans le capital de Renault. Cette seconde option est probablement plus compliquée à faire accepter par les autres actionnaires qui verraient leur part diluée de la même façon que celle de Renault.
La manoeuvre ne serait donc pas simple pour Nissan qui n’a rien décidé pour l'heure, et on peut imaginer que le constructeur japonais veut dans un premier temps surtout faire passer le message qu’il a les moyens de mettre en oeuvre sa “légitime defense” pour reprendre l’expression d’une source anonyme citée par le Nikkei, afin d’obtenir des concessions de l’Etat français.
Dans le cas où Nissan agit on imagine qu’Emmanuel Macron ne restera pas les bras croisés et que la belle harmonie qui règne entre les deux entreprises volera en éclats si ce n’est déjà fait. Aucun des deux partenaires n'a vraiment intérêt à une scission, mais Nissan n'est pas ici en position de faiblesse. Le gouvernement japonais a senti le danger et joue l’apaisement via la voix de son porte-parole Yoshihide Shiga, qui a déclaré hier “Nous désirons que Nissan et Renault discutent de façon à continuer leur alliance” et ajoute que le gouvernement japonais est dispose a prêter son concours pour faciliter les discussions même si on ne voit pas exactement de quelle façon cela pourrait se faire.
Un nom est notablement absent de tous les articles sur le sujet ce jour, celui de Carlos Ghosn, qui détient la clé de cette partie d’échecs où les enjeux sont de plus en plus importants.
[Mise à jour] Suite à la publication des révélations du Nikkei, Nissan a démenti avoir l'intention d'émettre de nouvelles actions.
WSJ, Reuters, Nikkei Asian Review
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Les déclarations d’apaisement de l’exécutif français n’y auront rien changé : la méfiance s’est installée chez Nissan quant au nouveau rôle de l’Etat français dans Renault que le constructeur japonais ne veut pas voir s'étendre à sa propre gouvernance, et celui-ci a convoqué hier un conseil d’administration extraordinaire pour examiner ses options de réponse.