La direction de Nissan semblerait désormais convaincue de la nécessité pour le constructeur de réduire la voilure. Selon plusieurs dirigeants du groupe, le plan de restructuration qui doit être annoncé le mois prochain devrait réduire d'un million de véhicules son objectif de production annuel.
Vers une importante révision des objectifs de production ?
Selon deux personnes à des rangs haut placés au sein de Nissan, le constructeur devrait revoir ses objectifs de production, dans le cadre d'une restructuration en profondeur nécessitée par des contre-performances à la fois commerciales et financières enregistrées par le groupe japonais, bien avant que n'émerge la crise du coronavirus.
Le projet de réorganisation à l'horizon de mars 2023 devrait s'appuyer sur l'hypothèse qu'il lui faudra attendre cette échéance pour renouer avec des ventes annuelles de cinq millions de véhicules, ont indiqué les sources, ajoutant que cela impliquerait une importante réduction des capacités.
Objectif de 6 millions de véhicules fixé en juillet 2019
En juillet dernier, Hiroto Saikawa, alors Directeur général de Nissan avait fixé un objectif annuel de six millions d'unités. Une cible déjà inférieure au près de huit millions visé par Carlos Ghosn lorsqu'il présidait encore à la destinée du constructeur.
Avril 2019 : quand le Nikkei affirmait que Nissan allait réduire la voilure
En avril 2019, Nissan avait tenu à démentir une information du journal japonais Nikkei affirmant que le constructeur prévoyait de réduire sa production mondiale de 15% de l’exercice fiscal alors en cours jusqu’en mars 2020.
Le Nikkei avait affirmé que Nissan prenait de la distance avec la campagne d’expansion agressive promue par Ghosn, le constructeur étant alors confronté à la faiblesse de ses ventes sur les marchés étrangers, y compris aux États-Unis, où la société japonaise prévoyait de réduire ses opérations commerciales.
Le journal affirmait également que Nissan s’était fixé pour objectif de produire environ 4,6 millions de véhicules durant l’exercice 2019-2020. Se basant sur des plans communiqués aux fournisseurs du constructeur pour appuyer ses dires.
Il indiquait également que ses volumes de production sur le territoire japonais devraient rester quasi stables, avoisinant plus de 900 000 unités, mais que sa production hors de ses frontières devrait chuter d’environ 20% à environ 3,7 millions de véhicules.
Le sang de Nissan n’avait alors fait qu’un tour, le constructeur publiant une réponse en retour – attitude peu fréquente de sa part – qualifiant les détails de l’article de « complètement incorrects », ajoutant même avoir déposé plainte auprès du journal.
Des volumes de ventes souvent proches de 5 millions d'unités
Si Nissan devrait certes avoir vendu environ cinq millions de voitures sur l'exercice fiscal clos fin mars, les perspectives du constructeur pour l'exercice 2020-2021 ne sont guère reluisantes, très grandement affectées par la pandémie due au coronavirus.
Mais, le rappelle l'une des sources, depuis des années, « Nissan vise des volumes annuels autour de sept, huit millions de véhicules », alors que « la société n'est jamais parvenue à en vendre beaucoup plus de cinq millions. »
Ajoutant : « la société ne peut plus se permettre ce genre de pensée magique. Le problème du changement d'échelle est vraiment en train d'être pris en compte, cela aura des conséquences importantes sur les activités sur 2020-2022."
Un objectif même inférieur à 5 millions d'unités ?
Selon une troisième source haut placée au sein du groupe Nissan, l'objectif pourrait même être inférieur à cinq millions d'unités, compte-tenu de l'impact de la pandémie. Laquelle a fait dégringoler la demande dans le monde entier. Sous-entendu : ce chiffre de 5 millions pourrait être un objectif de production cible en de hors du contexte lié à la crise du coronavirus, laquelle crise pourrait encore inciter le constructeur à abaisser les volumes.
Une réduction de capacités synonyme de fermetures de sites
En juillet dernier, Nissan avait indiqué viser une capacité de production annuelle totale d'environ 6,5 millions de véhicules. Si un plan de réduction d'un million d'unités était mise en œuvre, il pourrait entraîner la fermeture de trois ou quatre sites d'assemblage et la suppression de plusieurs milliers de postes en plus des réductions d'effectifs de 10% d'ores et déjà annoncées.
Objectif de marge d'exploitation à maintenir
Selon l'une des sources, le nouveau directeur général, Makoto Uchida, devrait conserver l'objectif de marge d'exploitation fixé par son prédécesseur à 6% environ. Or durant le dernier trimestre 2019, la marge est tombée à 0,9%.
Pour pouvoir atteindre la cible, « au strict minimum, une réduction des capacités est acquise", toujours selon cette source.
Préservation de la trésorerie
La préservation de la trésorerie devrait aussi figurer parmi les priorités du plan annoncé en mai. En décembre, les activités automobiles du groupe affichaient un flux de trésorerie négatif de 60,9 milliards de yens (566 millions d'euros). Ce qui n'est plus acceptable affirme l'une des sources.
La priorité de Nissan est de préserver ses liquidités tout en faisant un meilleur usage de ses actifs au lieu de les vendre, a déclaré cette semaine Ashwani Gupta, Directeur Opérationnel de Nissan.
"Ce qui se passe aujourd'hui est difficile mais ce n'est pas impossible", a déclaré Gupta. "Avant de parler de la vente d'actifs, nous nous concentrons sur la façon de capitaliser les actifs existants."
Ces actifs comprennent non seulement ceux de Nissan, mais aussi de Renault et Mitsubishi Motors, les partenaires de la société dans une alliance mondiale de construction automobile, a déclaré Gupta.
Nissan sollicite une ligne de crédit auprès de ses banques
Des sources proches du dossier ont indiqué jeudi que Nissan avait sollicité auprès de ses banques une ligne de crédit de 500 milliards de yens pour amortir l'impact de l'épidémie sur sa trésorerie.
Sources : Reuters, Bloomberg, Automotive News