Le pouvoir de Renault sur Nissan vivement critiqué
"Il me semble que Renault contrôle Nissan (...), je pense que cela pèse sur les performances de Nissan. Les Français excellent peut-être dans les arts, mais en technologie ils sont faibles!" a lancé un petit porteur.
Renault détient 43% de Nissan, tandis que le groupe japonais possède 15% du constructeur français, mais sans droits de vote.
Le président de Renault et de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi Motors, Jean-Dominique Senard, ainsi qu'un administrateur de Renault, Pierre Fleuriot, siègent par ailleurs au sein du conseil d'administration de Nissan.
Nissan a besoin d’un leader fort
"Je crains que Nissan ne disparaisse d'ici deux ans (...). Nous avons besoin d'un leader fort, il y a trop de chefs dans la cuisine (...). C'est un karaoké ou quoi?", a taclé un autre petit actionnaire, nostalgique de l'ancien patron Carlos Ghosn, ou du moins du charisme qu'il dégageait.
"Nissan manque de crédibilité et n'inspire pas confiance" depuis l'éviction fracassante de Carlos Ghosn fin 2018 sur des accusations de malversations financières, a reproché un autre.
Pour rappel, l’ancien dirigeant déchu a fui au Liban fin 2019 pour échapper à la justice japonaise.
"Vous ne fabriquez pas des voitures que les gens veulent acheter", a encore critiqué un autre actionnaire.
Nissan pris dans la tourmente
Face à ce torrent de critiques, le directeur général de Nissan, Makoto Uchida, - réputé pour sa discrétion, dirons-nous poliment - n'a livré que des réponses convenues. Le groupe a subi une perte nette colossale de 671,2 milliards de yens (5,7 milliards d'euros) sur son dernier exercice annuel 2019/20 et n'a pas publié de prévisions pour l'exercice en cours. Lequel s'annonce également très sombre en raison de la pandémie de Covid-19 qui est loin d’avoir dit son dernier mot.
Nissan n'a pas versé de dividende au titre de l'exercice écoulé et ne prévoit pas de le faire avant d'avoir retrouvé des niveaux de trésorerie positifs, ce que M. Uchida a dit espérer atteindre "au second semestre 2021/22". Pour tenter de remonter la pente, le groupe a intensifié le mois dernier son plan de restructuration, en décidant notamment de fermer son usine de Barcelone (Espagne). Nissan mise aussi sur le lancement de nouveaux modèles, à commencer par l'Ariya, un SUV 100% électrique, qui sera officiellement présenté le 15 juillet.
Le groupe compte également largement s'appuyer sur son alliance avec Renault et Mitsubishi Motors, dont la nouvelle stratégie vise prioritairement à restaurer la rentabilité.
Notre avis, par leblogauto.com
Problème crucial de leadership mis en avant par les petits actionnaires. Ces propos interviennent alors que selon plusieurs sources proches de la direction du constructeur, les soutiens du directeur général délégué de Nissan, Ashwani Gupta, font pression sur le conseil d’administration du groupe automobile japonais afin qu’il puisse obtenir le poste de codirecteur général.
À peine deux mois après le début du mandat de Makoto Uchida, certains dirigeants externes à l’entreprise doutaient d’ores et déjà qu’il soit l’homme de la situation, capable de résoudre la crise au sein du groupe, alors que de vives tensions ont terni son partenariat avec Renault.
Une nouvelle équipe de direction composé de trois personnes a été créée en fin d’année dernière pour marquer la fin du style dictatorial de l’ère Ghosn et – tenter – d’apporter la stabilité à l’entreprise. Mais un fossé se serait creusé entre le PDG et le Directeur opérationnel, Ashwani Gupta, tandis que le troisième membre de la troïka a quitté l’entreprise en décembre dernier.
Lorsque le conseil d’administration de Nissan s’est réuni en janvier 2020 suite à la rocambolesque « évasion » de son ancien patron Carlos Ghosn, il devenait urgent que le nouveau directeur général Makoto Uchida occupe – enfin ? – le devant de la scène. Au lieu de cela, c’est le numéro deux du groupe, Ashwani Gupta qui semblait avoir pris les rênes pour l’occasion.
Elisabeth Studer avec AFP