L'UE autorise les Etats à financer un Airbus des batteries
par Elisabeth Studer

L'UE autorise les Etats à financer un Airbus des batteries

La Commission européenne a autorisé lundi sept Etats membres, dont l'Allemagne et la France, à apporter une aide publique de 3,2 milliards d'euros pour développer le secteur des batteries électriques au sein de l'UE, via un consortium de 17 entreprises, ouvrant la voie à la création effective d'une sorte d'Airbus des batteries.

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La Commission européenne a autorisé lundi sept Etats membres, dont l'Allemagne et la France, à apporter une aide publique de 3,2 milliards d'euros pour développer le secteur des batteries électriques au sein de l'UE, via un consortium de 17 entreprises, ouvrant la voie à la création effective d'une sorte d'Airbus des batteries.

Ce que Automotive News - media anglo-saxon présente quant à lui de la manière suivante : Opel et le fabricant français de batteries Saft peuvent poursuivre leur projet de production de cellules de batterie de véhicules électriques en Allemagne après l'approbation par l'Union européenne de l'utilisation d'aides d'État pour le projet.

Subventions compatibles avec la réglementation européenne

Bruxelles a ainsi jugé ces subventions compatibles avec sa réglementation en matière d'aides d'Etat.

L'investissement des Etats concernés - Allemagne, France, Italie, Pologne, Belgique, Suède et Finlande - "devrait permettre de mobiliser 5 milliards d'euros supplémentaires en investissements privés", précise l'Union européenne dans un communiqué.

"L'aide autorisée permettra de garantir que ce projet important ira de l'avant sans fausser indûment la concurrence", a tenu à souligner la commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager.

Projet important d'intérêt européen commun … ou Airbus des batteries

Ce "projet important d'intérêt européen commun" (PIIEC) comptera 17 participants directs de toute la filière, tels que le constructeur allemand BMW ou les chimistes BASF et Solvay  (Belgique), mais aussi des petites et moyennes entreprises (PME), dont certaines sont présentes dans plusieurs États membres.

Ces entreprises collaboreront "étroitement les unes avec les autres et avec plus de 70 partenaires externes, comme des PME et des organismes publics de recherche de toute l'Europe", précise encore le communiqué.

Objectif : développement des batteries Li-ion

Les différents partenaires ont pour objectif de développer les batteries Li-ion "qui ont une plus longue durée de vie", "se rechargent plus vite" et "sont plus sûres et plus respectueuses de l'environnement que les batteries actuellement sur le marché" si l'on en croit le communiqué

de l'UE.

L'Allemagne, leader en terme d'investissements

L'Allemagne est autorisée par la Commission à investir jusqu'à 1,25 milliard d'euros. Viennent en suivant la France (960 millions), l'Italie (570 millions), la Pologne (240 millions), la Belgique (80 millions), la Suède (50 millions) et la Finlande (30 millions).

Opel et Saft peuvent ainsi concrétiser leur projet de construction d'une usine de production de cellules de batterie de véhicules électriques outre Rhin. Les deux partenaires prévoient de produire des cellules de batterie dans l'usine de composants d'Opel à Kaiserslautern, dans l'ouest de l'Allemagne, près de la frontière française.

Le ministre allemand des Industries, Peter Altmeier, a déclaré que son département finançait les différents projets avec une aide d'un montant supérieur à 1 milliard d'euros.

"Nous voulons construire les batteries les plus innovantes et durables et, ce faisant, garantir une production et des emplois en Europe. Notre approche est donc holistique, des matériaux à la fabrication et au recyclage", a-t-il déclaré.

L'usine de Kaiserslautern serait la deuxième usine de cellules de batterie   en Allemagne après le site de 16 gigawattheures du groupe Volkswagen à Salzgitter. VW et son partenaire Northvolt investissent 900 millions d'euros dans l'usine dont la production devrait démarrer d'ici 2024. Ni VW ni Northvolt ne font partie des projets mentionnés dans le communiqué de la Commission.

Feu vert pour le projet de la coentreprise PSA / Opel / Saft

Opel a déclaré que la décision européenne permettrait à la coentreprise PSA / Opel / Saft, dénommée Automotive Cell Company (ACC), d'achever l'élaboration r la rédaction d'un business plan pour le projet, refusant toutefois de fournir plus de détails.

"Les partenaires du projet vont maintenant se préparer à en achever l'examen avant qu'une décision finale ne soit prise", a déclaré Opel dans un communiqué.

Une évaluation positive pourrait être faite en quelques semaines et une décision pourrait même être prise avant la fin de l'année, a indiqué une source proche du dossier. La production pourrait démarrer au milieu de la prochaine décennie.

En septembre dernier, Carlos Tavares, PDG du groupe PSA, maison mère d'Opel, avait déclaré que le projet dépendait du soutien de la France et de l'Allemagne, sous peine d'être profondément déficitaire.

Tavares a toutefois refusé de fournir cette semaine de fournir des détails sur le projet de Kaiserslautern, mais a déclaré qu'il s'agissait d'un investissement important "de plusieurs centaines de millions d'euros".

Partage des - éventuels - bénéfices avec les contribuables

"Une part importante des bénéfices supplémentaires réalisés par les participants sera partagée avec les contribuables grâce à un mécanisme de récupération", indique par ailleurs la Commission. Ainsi, si les projets "dégagent des revenus nets supplémentaires dépassant les projections, les entreprises restitueront aux États membres respectifs une partie de l'argent perçu auprès des contribuables".

Reste toutefois aux projets de devenir bénéficiaires …

Maintenir une production industrielle en Europe

"Toute la chaîne de valeur de la filière des batteries pourra se déployer sur le sol européen, permettant ainsi de maintenir une production industrielle solide en Europe", s'est quant à lui félicité le ministère français de l'Economie, Bruno Le Maire.

Selon lui, « l'émergence de la filière européenne de batteries contribuera à la réalisation de l'objectif fixé par l'Union européenne de devenir le premier continent neutre en carbone d'ici à 2050 ». Rendez-vous est donc pris pour dans 30 ans …

La Commission européenne considère pour sa part comme stratégique la production de batteries en Europe. La question est tant de maintenir une production européenne …. que de tenter de s'affranchir de la suprématie asiatique dans le secteur. Une dépendance étant d'autant plus dangereuse que les batteries des voitures électriques constituent l'élément principal du coût de production de ce type de véhicule.

Carlos  Tavares a déclaré pour sa part que les constructeurs européens avaient besoin de ses propres fournisseurs de batteries pour ces véhicules. "Si vous vous fixez un objectif [de réduction de CO2] très exigeant pour 2030 et que vous n'avez pas les batteries, nous allons tous courir chez les fournisseurs chinois et ils fixeront le prix", a-t-il déclaré.

BMW, BASF et Varta également concernés

Outre la coentreprise ACC de PSA / Opel / Saft, les entreprises impliquées dans des projets comprennent BMW, BASF et Varta en Allemagne et le Laboratoire suédois de transport électrique (SEEL).

Le gouvernement allemand a annoncé son intention de financer des projets proposés par BMW en plus d'Opel, ainsi que des plans du géant chimique BASF et du fabricant de batteries Varta. Le belge Umicore est également impliqué.

BASF a déclaré qu'il prévoyait de fabriquer des produits intermédiaires et des matériaux actifs pour les cathodes de cellules de batterie afin d'équiper 300 000 matériaux électriques. Il a déjà commencé à rechercher un site à Harjavalta, en Finlande. Il a indiqué qu'une décision finale n'avait pas été prise.

BMW a déclaré qu'il exploiterait les fonds pour la recherche sur la composition chimique, la mécanique cellulaire, la conception des cellules et les processus de production des fabricants de cellules tiers.

Sources : AFP, Automotive News

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Pour résumer

La Commission européenne a autorisé lundi sept Etats membres, dont l'Allemagne et la France, à apporter une aide publique de 3,2 milliards d'euros pour développer le secteur des batteries électriques au sein de l'UE, via un consortium de 17 entreprises, ouvrant la voie à la création effective d'une sorte d'Airbus des batteries.

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