L'Ethiopie a le vent en poupe ! Volkswagen souhaite investir dans le pays. L'annonce a été faite vendredi par le ministre allemand de la Coopération économique et du Développement. La société Deutsche Telekom envisage également de mener une telle stratégie. Il faut dire que l'Ethiopie devient de plus en plus attrayante. Il y a près de deux mois, le pays a en effet procédé à l'annonce historique d'une ouverture partielle de son économie.
Ligne d'assemblage VW en Ethiopie
Lors d'une conférence de presse vendredi soir à Addis Abeba, le ministre Gerd Müller a déclaré que que Volkswagen projetait d'ouvrir une ligne d'assemblage en Ethiopie, le deuxième pays le plus peuplé d'Afrique.
Gerd Müller s'exprimait à l'issue d'une rencontre avec le ministre éthiopien des Finances et de la Coopération économique Abraham Tekeste.
Aucune précision concernant le planning d'investissement n'a toutefois été communiquée.
Ouverture partielle de l'économie
Le 5 juin dernier, la coalition au pouvoir en Ethiopie a annoncé que le secteur privé pourrait prendre des parts minoritaires dans certaines grandes entreprises publiques, telles Ethiopian Airlines ou Ethio Telecom. Ajoutant que des usines, la société des chemins de fer ainsi que des parcs industriels pourraient notamment être privatisés.
Une annonce aussi historique que révolutionnaire alors que jusqu'à présent l'Ethiopie exerçait un fort contrôle étatique.
L'ouverture partielle de l'économie éthiopienne s'inscrit dans le cadre d'une série de réformes entreprises par le Premier ministre Abiy Ahmed, entré en fonction en avril dernier. Après 20 ans d'état de guerre, la paix avec l'Erythrée a pu être scellée.
PSA déjà présent en Ethiopie
A l'été 2016, Peugeot PSA Citroën a ouvert quant à lui une usine d’assemblage dans le nord de l’Éthiopie, à Wukro, à environ 800 kilomètres au nord de la capitale éthiopienne Addis-Abeba. Il marquait ainsi son entrée dans l'un des marchés les plus attractifs et un des plus convoités du continent africain - avec un PIB en croissance de près de 10% - mais également l'un des plus fermés.
Inaugurée en juillet 2016, l'usine d’assemblage misait alors sur une production d'environ 1 000 unités de Peugeot 301, 208 et 2008 par an. Des véhicules destinés essentiellement à l’Éthiopie et à la région de la Corne de l’Afrique.
Pour cette implantation en Éthiopie, PSA s’est allié à Mesfin Industrial Engineering. Ce groupe industriel est détenu par Endowment Fund for the Rehabilitation of Tigray (Effort), l’un des principaux conglomérat d’Éthiopie, présent dans les secteurs du ciment, de la construction, du textile et de l’industrie agroalimentaire.
Établi au début des années 1990, Mesfin Industrial Engineering est l’un des plus important carrossier d’Afrique de l’Est. Depuis son démarrage, l’entreprise éthiopienne a multiplié les accords avec notamment le spécialiste russe des poids lourds Kamaz et son homologue allemand MAN, ainsi que le groupe automobile chinois Geely et le producteur de tracteurs indien Sonalika.
L'Ethiopie dotée de sérieux atouts
L’Ethiopie est l’un des pays africains qui affiche la plus forte croissance. Autre atout de taille du pays : il est devenu exportateur d’énergie grâce à la construction de barrages hydrauliques. Un dynamisme favorable au développement de l’industrie automobile.
Autre élément important : au tout début de l'année 2018, la première ligne ferroviaire électrique transfrontalière d'Afrique, le chemin de fer qui relie l'Ethiopie à Djibouti est officiellement entré en service. Long de 756 km au total, le projet a été réalisé par deux sociétés chinoises, la China rail engineering corporation (CREC) et la China civil engineering construction corporation (CCECC). Cette liaison ferroviaire permet désormais à l'Ethiopie d’avoir accès à la mer, facilitant ainsi la logistique pour importer des matières premières et exporter des produits finis.
Le pays veut également encourager les constructeurs étrangers à implanter des usines localement, en proposant des avantages fiscaux pour les véhicules assemblés en Ethiopie et dont le contenu local est au moins de 10 %. A titre d'exemple, un des modèles de Geely assemblé localement se vendait en 2017 près de 300 000 birrs (soit environ 12 500 euros), alors que la version importée aurait valu environ 450 000 birrs.
Si actuellement les sites éthiopiens assemblent des véhicules à partir de kits en SKD (semi knockdown), le Ministre éthiopien de l’Industrie, Tadesse Haile, souhaite que d'ici 2022 au plus tard les véhicules soient assemblés à partir de kits en CKD (complete knockdown), qui nécessitent une plus grande utilisation d'éléments industriels locaux.
Développement massif des infrastructures routières
L’Ethiopie a multiplié par 6 l’étendue de son réseau routier en l’espace de 18 ans. Lequel est passé de 19 000 km en 1990 (repartis en 6 000 km de pistes rurales et près de 12 000 km en zones urbaines) à 121 171 km en 2018 (en comptant toutefois les routes de gravier). Mieux encore, le pays le plus peuplé d’Afrique de l’Est ne compte pas s’arrêter là.
Le gouvernement éthiopien vient en effet d’annoncer un nouvel et ambitieux programme pour combler son manque d’infrastructures routières. Le projet rentre dans le cadre d'un vaste et nouveau programme dévoilé le 28 mai dernier par le gouvernement éthiopien. Il vise à favoriser dans les deux prochaines années la connectivité des villes et la fluidité du trafic routier du pays, à travers la densité de son réseau routier.
Un rapport du ministère éthiopien en charge du réseau routier a révélé récemment que le pays travaillait à l'heure actuelle à atteindre un objectif de 200 000 km de routes d'ici la fin du deuxième Plan quinquennal de croissance et de transformation (GTP-II), en lice de 2015 à 2020.
Sources : AFP, la Tribune Afrique, Jeune Afrique, CCFA
Crédit Photo : VW