Le gouvernement algérien autorise à nouveau les importations de véhicules
Lors d'une réunion du Cabinet présidée par le président Abdelmadjid Tebboune il a été procédé dimanche à l’annulation du système préférentiel d’importation de kits SKD / CKD pour le montage automobile en Algérie. En contrepartie, les concessionnaires automobiles sont désormais autorisés à importer des véhicules de tourisme non déjà mis en circulation a indiqué le communiqué du conseil des ministres.
Une interdiction datant de 2014
L'interdiction avait été approuvée en 2014 par le président Abdelaziz Bouteflika, lequel a démissionné en avril 2019 après des pressions de l'armée et des manifestations de masse demandant le retrait de l'élite dirigeante et la poursuite des personnes soupçonnées d'être impliquées dans la corruption.
Partenariats avec les constructeurs pour un assemblage en Algérie
Suite à l'interdiction, des partenariats entre des responsables commerciaux algériens et des constructeurs automobiles étrangers ont été élaborés en vue de mettre en place des opérations d'assemblage locales via des kits SKD/CKD. Reste qu’au final, sur le terrain, le mécanisme mis en œuvre pourrait s’approcher d’un process DKD, via démontage du véhicule (consistant à déboulonner les pare-chocs et les roues ) pour un transfert vers l’ Algérie en vue de le remonter …ce qui coûte deux fois plus cher. L’actuel ministre de l’Industrie et des Mines, Ferhat Aït Ali parlant même de « fausses importations ».
Exonéré de TVA et autres droits de douane, exempté des charges patronales, de la TVN de 15% et d’autres importantes impositions, au bout du compte, le véhicule est toutefois vendu aux Algériens à des prix très élevés.
Activité d’assemblage interrompue depuis fin 2019 en Algérie
Depuis la fin de l’année 2019, l’activité d’assemblage de véhicules en Algérie, a dû s’interrompre faute de kit CKD/SKD. L’usine d’assemblage de Renault Algérie a mis au chômage technique quelques 1300 salariés. Le groupe SOVAC, représentant de la marque allemande Volkswagen en Algérie affirmait début mars que 500 conteneurs demeuraient bloqués au niveau du port d’Oran.
Précisons qu'en vue de réduire la facture des importations qui épuisent les réserves de devises quasi-exclusivement issues du pétrole, en mai 2019, les autorités ont subitement imposé à chaque constructeur un quota d’importation de kits SKD pour 2019.
Arrêt de l’importation des kits SKD/CKD
Lors de son entretien du 19 février avec le journal Le Figaro, le président de la République Abdelmadjid Tebboune avait annoncé l’arrêt de l’importation de kits d’assemblage et de montage automobile (SKD/CKD). Ses arguments : selon lui, « les maux » de l’Algérie « viennent de l’importation débridée, génératrice de surfacturation, une des sources de la corruption favorisée par de nombreux pays européens où se faisait la bancarisation, la surfacturation, les investissements de l’argent transféré illicitement ». Un mécanisme qui a tué la production nationale, a même affirmé A.Tebboune lors de sa première entrevue avec la presse étrangère.
À travers ces déclarations, Tebboune avait alors validé la position exprimée peu de temps avant par son ministre de l’Industrie, Ferhat Ait Ali Braham, qui avait annoncé le gel des exonérations douanières et des avantages fiscaux accordés aux monteurs automobile en Algérie.
L’interdiction de l’importation des véhicules contournée par l’import de pièces
L’interdiction de l’importation de véhicules n’aura pas réussi à réduire la sortie de devises, la plupart des pièces automobiles étant donc importées. Au final, les mesures auront abouti à une flambée des prix des voitures sur le marché intérieur algérien.
Afin d'encourager les usines automobiles à utiliser des pièces locales, les assemblages à forte intégration locale seront exonérés de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), indique par ailleurs le communiqué publié à l'issue du Conseil des Ministres, le gouvernement tentant d’apporter par ce biais une solution à un problème crucial.
Le secteur de l’assemblage automobile miné par la corruption en Algérie
Conformément à la loi algérienne, les partenaires locaux détiennent une participation majoritaire dans les sites d’assemblage de véhicules. Reste que la plupart de ces investisseurs privés sont en détention depuis des mois pour leur implication présumée dans la corruption, souligne Reuters.
L’équipe du président déchu, Abdelaziz Bouteflika, et son ministre de l’Industrie, Abdessalem Bouchouareb ont causé des pertes incommensurables au Trésor public, affirmait pour sa part fin 2019 le journal El Watan, faisant état des derniers chiffres révélés lors du procès qui a vu la condamnation de Mohamed Bairi d’Ival, de Hassan Arbaoui de KIA et d’Ahmed Mazouz de GM Trade.
En 20 ans, ce sont 50 milliards de dollars qui se sont évaporés dans le mirage de «l’industrie automobile», affirme quant à lui le patron d’Elsecom Motors, Abderrahmane Achaïbou. Elsecom Motors et Hyundai Motors Algérie (HMA) ayant été dépossédés de leurs biens, les deux sociétés symbolisent à elles deux les méfaits de méthodes proches du gangstérisme qui ont prévalu dans le secteur de l’Industrie sous l’ère Abdesselam Bouchouareb, aujourd’hui en fuite et condamné par contumace par la justice algérienne à 20 ans de prison.
L’Algérie engagée dans une vague de réformes
Elu Président de l’Algérie en décembre dernier, Abdelmadjid Tebboune s'est engagé à améliorer le niveau de vie des Algériens et à mener des réformes économiques et politiques pour diversifier l'économie, fortement dépendante jusque-là du pétrole et du gaz.
Cela comprend notamment des mesures permettant aux étrangers d'avoir des participations majoritaires dans des secteurs non stratégiques, l'énergie n’est donc pas concernée.
Notre avis, par leblogauto.com
Observant les étapes franchies par l’industrie automobile du Maroc voisin, qui est en passe de produire près d’un million de véhicules par an – une majeure partie destinée à l’exportation – avec l’installation d’une vingtaine d’équipementiers, El Watan soulignait fin 2019 « le gâchis et la gabegie » des politiques de Abdelaziz Bouteflika et son ministre de l’Industrie, Abdessalem Bouchouareb. N’hésitant pas à parler de « véritable désastre économique ».
Sources : Reuters, El Watan, Algerie-eco.com, dzairdaily.com, algerie-eco.com