Lancée le 1er avril pour contrer en partie l'envolée du prix des carburants à base de pétrole, la remise de 15 centimes d'euros hors taxes (HT) par litre devait s'arrêter au 31 juillet. Certaines voix commençaient déjà à s'élever pour dénoncer pêlemêle le coût de la vie toujours élevé, mais aussi, l'injustice faite aux aoûtiens qui seraient partis en vacances avec un carburant retrouvant un prix largement au-delà des 2 €/l.
On se doutait que la situation de cherté des carburants perdurant, le Gouvernement allait promptement réagir. Plusieurs Ministre, dont Bruno Le Maire le laissait d'ailleurs entendre sans ambiguïté. C'est donc acté, la baisse continuera après juillet. Pour le moment, on ne sait pas exactement pour combien de temps.
Si on lit le Compte-Rendu du Conseil des Ministres du mercredi 11 mai, on peut y lire : "Sur les carburants, la remise de 15 c€/L HT sera prolongée et a vocation à être remplacée par un dispositif pérenne et ciblé selon des critères de revenus et d’utilisation du véhicule dans un cadre professionnel".
Ce dispositif "pérenne et ciblé" quel est-il ?
On peut envisager plusieurs scénarios. Le premier, sans doute le plus probable, est une adaptation plus systématique du barème kilométrique. Ce barème est utilisé à la fois pour les notes de frais de déplacements professionnels, mais également pour passer "aux frais réels" sur sa fiche d'imposition sur les revenus. Cela permet de prendre en compte les déplacements domicile-travail et les indemniser.
Une autre piste, plus "usine à gaz", passerait par un abattement direct sur la fiche de paie après un relevé des kilomètres effectués pour venir au travail, transmis à son employeur. Ces deux solutions ont un inconvénient cependant : elles ne ciblent que les travailleurs et mettent donc de côté les retraités, les personnes au foyer, etc.
Ce qui pourrait donc amener le Gouvernement à réfléchir à un bouquet de solutions plutôt qu'une seule. Pour l'Etat (donc nous), toute baisse représente une baisse dans les rentrées d'argent qui se chiffre rapidement en milliards d'euros. En gros, 2 à 3 centimes de baisse par litre et c'est un peu plus de 1 milliard d'euros de recette en moins annuellement.
Pour ceux qui ne roulent plus au pétrole, mais à l'uranium, le gouvernement milite au niveau européen pour que le prix de l'électricité ne soit plus indexé sur le prix du gaz, mais sur son coût réel de production.
A quand le prix de l'électricité au coût de production ?
Il faut dire qu'en France, on n'a pas de pétrole (en fait si), mais on a (eu) des idées. Le parc nucléaire français permet d'afficher un coût (selon plusieurs sources) de 30 à 35 €/MWh sur le parc existant. C'est à comparer avec les probables 60 à 70 €/MWh pour les prochains réacteurs, mais surtout avec les 200 €/MWh sur la bourse de l'électricité ce matin 12 mai !
Un prix qui a explosé depuis la guerre en Ukraine puisqu'en 2021 à la même date, on était plutôt sur 60 à 70 € le mégawattheure. Une mondialisation, et ici une Européanisation du prix de l'énergie qui ne joue pas du tout en faveur de la France avec son électricité très décarbonnée.
Le principe du prix de l'électricité en Europe est, grosso modo, de s'aligner sur le prix de l'électricité la plus chère. En ce moment, et sans doute pour des années, c'est l'électricité des centrales à gaz qui fait que le prix global de l'électricité en Europe est aussi élevé. Pour EDF, c'est "tout bénéfice". Mais, pour les Français, pas du tout ! EDF produit à des prix variant de 35 à 60 €/MWh et revend entre 200 et 500 €/MWh selon la période. Malgré cela, le prix à l'usage d'un VE reste très inférieur à celui d'un VT équivalent.