La F1 dans le collimateur de la justice américaine
par Nicolas Anderbegani
L'affaire Andretti en question

La F1 dans le collimateur de la justice américaine

Les américains sont connus pour leurs fameux soaps opéras et feuilletons télévisés qui s’étalent sur des décennies. Et bien, celui qui implique Andretti, Liberty Media et la F1 prend un nouveau tournant, judiciaire désormais !

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Entrave à la concurrence ?

Le ministère de la Justice américaine vient d’ouvrir une enquête « antitrust » à l'encontre de Liberty Media, la société américaine qui détient les droits commerciaux de la Formule 1, pour son refus d'admettre l'équipe de course américaine Andretti Global dans ce sport. Le président-directeur général de Liberty Media, Greg Maffei, promettant de « coopérer pleinement » avec elle.

Liberty Media essaie de se justifier. « Et nous avons détaillé la justification de cette décision vis-à-vis d'Andretti dans des déclarations antérieures. Nous ne sommes certainement pas opposés à l’idée selon laquelle toute expansion est mauvaise », a-t-il déclaré. "Il existe une méthodologie d'expansion qui nécessite l'approbation de la FIA et de la F1 et les deux groupes doivent se rencontrer pour trouver les critères remplis. Et nous sommes certainement ouverts à ce que de nouveaux entrants postulent et soient potentiellement approuvés si ces exigences sont remplies." Un discours soudainement conciliant, après l'avis très sec et même méprisant que Liberty Media avait rendu envers Andretti. Le vent est-il en train de tourner ?

L'enquête a été demandée en mai par un groupe de sénateurs , dirigé par Amy Klobuchar, qui se sont déclarés « préoccupés » par le fait que la Formule 1 pourrait violer la loi antitrust américaine en aidant les équipes rivales en grande partie européennes, « y compris les constructeurs automobiles étrangers » (précision intéressante), pour bloquer la concurrence d'Andretti Global, qui s'est associé à GM et Cadillac, basés au Michigan, pour construire son unité de puissance.

À la fin de l'année dernière, l'instance dirigeante de la F1, la FIA a approuvé la candidature d'Andretti pour rejoindre le sport, affirmant qu'elle répondait aux « critères stricts » requis pour une nouvelle équipe (même si la FIA a retourné sa veste depuis). Mais la branche commerciale de la F1, propriété de Liberty Media, l'a bloqué en janvier, affirmant qu'elle ne pensait pas que l'équipe serait compétitive ou augmenterait la valeur du championnat de F1 en 2025 ou 2026.

Une affaire politique et de gros sous

Tout le monde sait que le juteux gâteau de la F1 est redistribué en partie aux 10 équipes actuelles, sur la base de leur classement au championnat, et que l’entrée d’un 11e concurrent entraînerait de facto une « part » supplémentaire à verser, et donc une diminution de celle perçue jusqu’à présent par les 10 équipes inscrites. Pour « dissuader » sans doute de nouveaux candidats, Liberty Media a prévu aussi un fond « antidilution », soit un « dédommagement » aux écuries dont tout nouvel entrant devrait s’acquitter, sachant que le montant, fixé initalement à 200 millions de dollars, pourrait grimper à 600 millions !

C’est pour cela que la position de Liberty Media, de concert avec les écuries – dans ce qui est aussi un bras de fer politique avec la FIA – ont toujours campé sur leur position : Andretti peut entrer en F1, à condition d’en acheter une déjà existante !

La candidature de l'équipe pour entrer en F1 est dirigée par Michael Andretti. Son père, Mario Andretti, le patriarche de la dynastie des courses, a critiqué ouvertement la décision, accusant même Liberty Media de la rendre personnelle, une accusation que la société nie. La base de fans croissante de la F1 et la possibilité pour un constructeur automobile américain de concourir dans ce sport populaire ont suscité l'intérêt des membres du Congrès ces derniers mois. Les six sénateurs ont déclaré au ministère de la Justice en mai qu'ils « étaient sérieusement préoccupés par le fait que le rejet de l'équipe Andretti-Cadillac était basé sur le désir d'exclure un rival du circuit, les opportunités de marketing et le prestige que la compétition en F1 peut conférer à une voiture ».

Le marché américain est très important pour la F1. Longtemps mal aimée aux "States", la F1 a fini par percer, grâce à l'influence de Netflix et à l'efficacité du nouveau business model mis en place par Liberty Media. Trois grands prix ont désormais lieu là-bas, avec Austin, Las Vegas et Miami sans oublier le projet New-Yorkais. Les investisseurs et sponsors américains se sont engagés. Ce nouveau chapitre judiciaire pourrait contrarier les plans de Liberty Media.

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Pour résumer

Avec l'enquête ouverte par la justice américaine, l'affaire Andretti prend une nouvelle ampleur. Jusqu'à présent, Liberty Media est resté droit dans ses bottes, traitant même avec mépris la candidature Andretti. Sauf que Andretti est un nom respecté, et surtout que Cadillac est derrière. Si les intérêts d'un grand constructeur américain sont bafoués, la justice américaine risque de faire mal...

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