L'Iran adepte du système D pour contourner les sanctions américaines ? Alors que nous indiquions début août que le plus grand constructeur automobile iranien Iran Khodro (IKCO) avait débuté la production de la berline Peugeot 301 …. en affirmant n’utiliser aucune pièce du groupe PSA, le ministère iranien de la Défense vient de passer contrat avec des entités iraniennes pour la production locale de pièces.
Contrat entre le Ministère de la Défense iranienne et constructeurs locaux
Le président de la Commission des industries et des mines du Parlement iranien a ainsi déclaré que le ministère de la Défense nationale iranienne avait signé un contrat avec les constructeurs nationaux pour la production de 470 pièces automobiles précédemment importées.
S'adressant au media Tasnim, Aziz Akbarian a ainsi déclaré que suite aux efforts conjoints de l'administration iranienne et du parlement, un contrat d'une valeur de 16 000 milliards de rials (380 millions de dollars) avait été signé entre le ministère de la Défense et les constructeurs automobiles nationaux.
Selon les termes de l'accord, les industries du ministère de la Défense fourniront 470 pièces automobiles précédemment importées, a par ailleurs déclaré le député iranien. Ajoutant que
tous les produits devant être fabriqués par le ministère de la Défense étaient des composants électroniques.
Quelques jours auparavant, un vice-ministre de la Défense avait déclaré que le ministère envisageait de renforcer la coopération avec les entreprises nationales produisant des pièces automobiles afin de lutter contre les sanctions économiques contre l'industrie automobile de la République islamique.
Début août, l’agence de presse iranienne Fars indiquait que 60 % des pièces de la Peugeot 301 nouvellement produite en Iran (sans PSA … ) proviendraient de constructeurs iraniens, ce pourcentage devant atteindre 85% dans les prochains mois.
Utilisation de la technologie PSA
En janvier dernier, le PDG d'Iran Khodro (IKCO), principal constructeur automobile iranien, avait clairement affirmé quant à lui que sa société utilisait la technologie que PSA Peugeot Citroën avait apportée à l'Iran, bien que le constructeur français ait quitté le pays à la suite des sanctions américaines.
Le patron d'IKCO avait également déclaré que sa société essayait de continuer à produire les voitures qui devaient être fabriquées conjointement dans le cadre du contrat avec Peugeot, même si la partie française n'avait pas souhaité conserver l'accord.
Pour rappel, en juin 2016, Iran Khodro et le PSA Peugeot-Citroën avaient convenu de mettre en place une société automobile commune à Téhéran dans le cadre d'une joint-venture, le tout pour un montant de 400 millions d'euros.
Les constructeurs gèlent leur activité en Iran, sous la pression des USA
Les différentes entités du groupe PSA – Peugeot, Citroën et DS Automobiles – ainsi que son confrère français Renault, ont tous investi sur le marché iranien, ragaillardis par la levée des sanctions internationales contre Téhéran qui avait fait suite à l’accord sur le nucléaire établi en 2015. Mais l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche a désormais changé la donne … Les États-Unis sont ainsi revenus à une politique de sanctions contre l’Iran en mai 2018. Provoquant le retrait progressif des constructeurs du territoire iranien. Ces derniers redoutent en effet que Washington ne les sanctionne à leur tour pour avoir commercé avec l’Iran.
En 2018, PSA a renié l'accord passé avec la partie iranienne, décidant de se plier aux exigences américaines, redoutant que des sanctions ne lui soient infligées par les Etats-Unis s'il maintenait des activités en Iran.
Production de série dès mars 2020
Début août, le dirigeant d’Iran Khodro avait déclaré que IKCO prévoyait de débuter la production de série de la Peugeot 301 après la fin de l’année civile iranienne, en mars prochain, ajoutant que la société avait investi 60 millions d’euros dans le projet.
« Quelque 100 000 exemplaires de cette voiture seront produits au cours de la première phase et [la production annuelle] passera à 250 000 exemplaires au cours des quatre prochaines années sans aucun soutien de Peugeot », a-t-il déclaré.
L'avis de Leblogauto.com
L'Iran semble ainsi avoir trouvé une solution pour contourner les sanctions US l'empêchant de développer son secteur automobile malgré une forte demande nationale.
Un contournement qui profite également mine de rien à PSA …. en préparant le terrain pour une reconquête du marché iranien …. alors que les nouveaux modèles Peugeot et notamment la 206 berline sont très appréciés des Iraniens (cf.photos).
Même si le procédé pourrait être jugé quelque peu illégal – y compris par le groupe français lui-même – celui-ci a tout intérêt à »fermer les yeux » compte-tenu de l'opportunité commerciale offerte.
Sources : Tasnim
Crédit Photos : Elisabeth Studer pour Leblogauto.com