Interview Alfa Romeo France
Dans le cadre des essais de l'Alfa Romeo Junior, nous avons pu poser quelques questions à Alain Descat, directeur du pole Premium Stellantis et Valery Jeulin, directeur marketing de Alfa Romeo et Lancia France
Dans le cadre des essais de l'Alfa Romeo Junior, nous avons pu poser quelques questions à Alain Descat, directeur du pole Premium Stellantis et Valery Jeulin, directeur marketing de Alfa Romeo et Lancia France
VJ : Complètement ! Néanmoins, je nuancerais sur cette « nouvelle clientèle » : La particularité d’Alfa Romeo, c’est qu’on a couvert les segments B et C compacts avec Giulietta et Mito, qui ont donné parmi nos plus belles années en volume sur les vingt dernières années. Avec ces deux modèles, le parc est assez conséquent car on a immatriculé environ 35.000 Mito/Gulietta cumulées en France. De ce fait, on a des gens qui ont acheté des véhicules dans cette sphère de tarif et sont susceptibles d’être intéressés par le Junior pour le tarif et le gabarit. Pour nous, c’est en quelque sorte une reconquête à mener. Nous pensons que cette clientèle est sensible à Alfa Romeo mais que, faute d’offre de produit sur le segment, ils sont partis ailleurs. Deuxièmement, c’est également une conquête « pure » : on arrive sur un produit électrifié, une première pour nous, et cela ouvre des opportunités, avec une offre plus accessible grâce à un véhicule plus petit. Sur nos premières commandes, on constate que nous avons une clientèle plus jeune et majoritairement féminine (60%). C’est une évolution notable, car la clientèle Tonale était assez paritaire, tandis que la clientèle Giulia/Stelvio était essentiellement masculine.
AD : Ce Junior peut toucher une clientèle alfiste, par exemple en second véhicule pour un foyer qui roule en Giulia ou en Stelvio. Elle a vocation à créer d’autres alfistes et, positionnée sur le segment B très large, un peu à la frontière entre le SUV et la berline compacte, peut attirer des gens intéressés par les deux silhouettes. Je ne veux pas la classer en tant que SUV ou crossover, elle se positionne entre les deux et a une capacité à conquérir une cible plus large.
C’est une possibilité. La seule modification notable apportée par le changement de nom était en effet de rebadger différemment. On a pris le parti pour l’instant de badger la version « Veloce ». Il faut en étudier la pertinence. Ce qui est important, c’est le retour à la police cursive à l’arrière immédiatement identifiable. Le but c’est de rendre la voiture immédiatement reconnaissable, avec Alfa Romeo écrit en cursif à l’arrière, et à l’avant avec le trilobo ainsi qu’une calandre modernisée qui met en évidence le blason sur la Progresso. L’autre changement, c’est en effet qu’il n’y a plus de logo rond à l’arrière. C’est un parti pris stylistique que l’on pourrait retrouver sur de futurs modèles.
VJ Nous n’avons pas souhaité aplanir le logo, qui garde du relief. La seule chose modifiée dans cette logique de simplification du design, c’est en effet le logo en noir et blanc. Mais le blason est toujours là, intangible, il fait partie intégrante du patrimoine et de l’identité de la marque.
AD Le logo n’est pas figé dans le temps. On voit par exemple l’évolution de l’interprétation du Scudetto, notamment dans sa version électrique où on joue avec le fameux personnage attrapé par la Vouivre. C’est aussi un signe de modernité.
Le son est évidemment fondamental. Sur les voitures électriques, l’absence de son « naturel » est une contrainte dont on ne peut s’affranchir, c’est vrai. Sur l’Elettrica, on a travaillé la « personnalité » en laissant le choix au conducteur de pouvoir rouler en mode silencieux mais aussi, pour ceux qui restent attachés au son d’un moteur, de l’activer. Pour l’Ibrida, les ingénieurs ont une volonté de la personnaliser et de garder du caractère. Avec 136CV pour un véhicule qui sera sous les 1400 kilos, ce sera très performant pour le segment.
Au niveau du plan produit, on prévoit un nouveau modèle tous les ans, à partir du Junior, et jusqu’en 2030. Pou 2027, le choix est figé. Le plan par étapes est clair. Avec Tonale, on faisait un premier pas dans l’électrification avec les versions hybrides. Le Junior doit ouvrir les perspectives en termes de volumes. La rentabilité unitaire est bonne pour Alfa Romeo, qui a été rentable dès la première année pleine chez Stellantis, mais on a besoin désormais de plus de volumes. Ensuite, il faut renouveler Giulia et Stelvio qui commencent à être âgés. Après, on pourra forcément étendre la gamme, et ce en pensant aux autres marchés. Tous les continents sont importants. Junior n’a pas vocation à être commercialisé aux Etats-Unis, mais il faut des produits tournés vers ces autres marchés non-européens.
Un parti pris fort a été fait avec les « dreams cars ». La 33 Stradale est un modèle que certains n’auraient pas exploité au-delà du prototype. Nous avons pu concevoir et commercialiser une vraie supercar, dont l’impact est encore plus notable que celui d’un concept.
AD : dans la marque, on a la volonté d’être concret. On va chercher dans l’héritage et on met sur la route quasiment un concept roulant, chacun étant personnalisé. Les concepts font rêver, mais nous y arrivons avec un véhicule homologué. On est la seule marque qui vend une voiture en dessous de 30.000 euros et une autre à plusieurs millions d’euros
La F1 a offert une belle visibilité, mais le rachat de Sauber a fait qu’on en est sorti logiquement. Plusieurs options sont sur la table, c’est un souhait profond. Une annonce devrait se faire dans les prochains mois.
A l'occasion des essais de l'Alfa Romeo Junior Elettrica et Veloce, nous avons pu échanger avec le marketing Alfa Romeo France sur les ambitions de ce modèle électrique / Hybride ainsi que les perspectives d'avenir du Biscione.
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