Hyundai, ton univers impitoyable
par Joest Jonathan Ouaknine

Hyundai, ton univers impitoyable

Hyundai a une image proprette. A priori, on aurait plutôt tendance à juger l'entreprise terne. Pourtant, il s'en est passé de belles choses au sommet : trahisons, suicides, mises en examen... Un scénariste de feuilleton coréen n'aurait pu imaginer une telle histoire !

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Hyundai a une image proprette. A priori, on aurait plutôt tendance à juger l'entreprise terne. Pourtant, il s'en est passé de belles choses au sommet : trahisons, suicides, mises en examen... Un scénariste de feuilleton coréen n'aurait pu imaginer une telle histoire !

Chung Ju-Yung, le patriarche

Chung nait en 1915, dans un village misérable de l'actuelle Corée du Nord. Fils de fermiers, son éducation fut minimale. Adolescent, il tente plusieurs fois de s'enfuir à Séoul. Mais à chaque fois, ses projets d'entreprises sont des flops et son père le ramène manu militari au village.

En 1946, il fonde Hyundai, une entreprise de BTP. Il profite de la reconstruction pour faire enfin fortune à Séoul. Il se diversifie tout azimut : des couverts aux consoles de jeu, du bulldozer au supertanker, en passant bien sûr par l'automobile. Chung place ses frères (et sa sœur) à des postes-clefs. Ainsi, c'est Chung Se-Yung, le benjamin, qui hérite de la branche automobile.

Les années 80

Chung a dix enfants. La rumeur voudrait que seuls les quatre premiers soient de sa femme, Byun Jeong-Sook. L'ainé, Chung Mong-Pil, doit logiquement hériter de l'empire. Hélas, en 1982, il meurt au volant d'une Ford Granada construite par Hyundai.

Chung père s'intéresse alors à son cinquième fils, Chung Mong-Hun. En guise d'entrainement, il doit gérer Hyundai Electronics (actuel Hynex), spécialisée dans l'électronique grand public. Le patriarche l'a créé juste pour lui.

Néanmoins, pas facile d'être le fils du fondateur de Hyundai. Dur avec lui-même et avec les autres, Chung Ju-Yung se lève tous les matins à trois heures, puis il part faire un footing avec ses fils. En cas de contrariété, on dit que les cendriers et les claques volent bas... Chung Mong-Woo, le quatrième fils, est jugé "décevant" par son géniteur. Dépressif, il se suicide en 1990.

Trahison(s)

En 1992, Chung père prend officiellement sa retraite. En fait, il souhaite se lancer en politique. Il veut donc éviter la mélange des genres. Il se présente à la présidentielle comme "le candidat anti-corruption". Les Sud-Coéens ne comptent pas sur cet homme de 78 ans pour leur avenir et son score est déplorable. En prime, en 1993, il est accusé de financement illégal de sa campagne. Condamné, il est amnistié à cause de son age.

Il décide alors de reprendre en main Hyundai Motor pour y placer son dauphin, Mong-Hun. Entre temps, Chung Se-Yung n'est pas resté inactif. Il a transformé un assembleur de Ford sous licence en constructeur indépendant, présent aux quatre coins du monde. Accessoirement, il a son propre successeur désigné, son fils, Chung Mong-Kyu !

En 1996, Chung Ju-Yung convainc son petit-frère et son neveu d'abandonner leur poste. En échange, il les place chez Hyundai Real Estate (agent immobilier), une filiale créée pour l'occasion !

Seulement voilà, un autre homme apparait : Chung Mong-Koo, le deuxième fils. Plus âgé de la fratrie depuis la mort de Chung Mong-Pil, il devrait hériter de Hyundai Motor. En plus, il dirige Hyundai Pecision Engineering, qui commercialise alors les camions, les autocars et les 4x4 de la marque. Seulement voilà, il a de nombreux désaccord avec son père (c'est l'un des seuls qui accepte d'être pris en photo.) En plus, il accuse Mong-Hun de n'être qu'un fils illégitime.

Dénouement

Tout ceci se déroule sur fond de crise économique. Hyundai, comme tous les conglomérats coréen (alias "Chaebol") commence à giter sérieusement. Le pouvoir fait pression sur les Chung pour qu'ils passent la main. En guise de compensation, Hyundai peut racheter son compatriote Kia. En 2000, Chung Ju-Yung et Chung Mong-Hun démissionnent devant les caméras de TV. Chung Mong-Koo, lui, joue la montre. Ainsi, il peut avoir le beurre (un poste de dirigeant de Hyundai Motor) et l'argent du beurre (Kia.)

Sur le tard, le père veut réunifier les deux Corée. Mong-Hun se voit propulser à la tête de Hyundai Securities, qui joue les intermédiaires entre les deux pays. Ju-Yung meurt de vieillesse en 2001. Il a eu le temps de voir Kong Jong-Il discuter avec son homologue Sud-coéen, Kim Dae-Jung. Peu après, on découvre que la Corée du Sud devait arroser généreusement le président Nord-coréen pour qu'il accepte d'entrouvrir la porte. Chung Mong-Hun est désigné comme porteur de valise. Mis en examen, il se défenestre en 2003.

Les héritiers

Chung Mong-Koo a un fils, Chung Eui-Sun (ci-desous, à gauche.) Il le consacre comme héritier désigné. Président de Kia en 2005, il devient vice-président de Hyundai Motor en 2009. En 2006, Mong-Koo et Eui-Sun sont inculpés pour corruptions, avant d'être amnistiées.

En 2011, il y a une controverse. Le siège de Hyundai se dote d'une boulangerie, Ozen. Or, les actionnaires d'Ozen ne sont autres que Chung Sung-Yi, Chung Myung-Yi et Chung Yun-Yi, les trois filles de Mong-Koo (et les sœurs d'Eui-Sun.) La boulangerie est vite liquidée.

Enfin, il faut signaler Chung Mong-Joon, le benjamin des fils de Chung Ju-Yung. Principal actionnaire de Hyundai Heavy Industry, il se passionne pour la politique et le football. Indéboulonnable président de la fédération coréenne de football, il tente deux fois sa chance à la présidentielle (comme "ticket", puis sous ses propres couleurs.) Pour montrer qu'il s'implique, il n'hésite pas à nettoyer des toilettes et à jouer les éboueurs devant les caméras. Pas assez pour convaincre l'électorat Sud-Coréen.

Aujourd'hui, il vise la présidence de la FIFA. Or, parmi les sponsors de la fédération, on trouve Hyundai...

Crédits photos : Hyundai, sauf photo 9 (Chung Mong-Joon.)

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Pour résumer

Hyundai a une image proprette. A priori, on aurait plutôt tendance à juger l'entreprise terne. Pourtant, il s'en est passé de belles choses au sommet : trahisons, suicides, mises en examen... Un scénariste de feuilleton coréen n'aurait pu imaginer une telle histoire !

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