Le « Marathonien » est dépité. En découvrant le règlement de lACO pour les 24 H du Mans 2007, son sang na fait quun tour. Le Diesel est trop favorisé Preuve dun lobbying puissant des deux constructeurs concernés ? En tout cas, nayant pas les moyens financiers de monstre de lindustrie automobile, il a décidé de frapper lopinion publique. Tout dabord avec une lettre ouverte que vous trouverez ci-après.
« Cest exaspérant » a-t-il lancé devant la presse au Studio Graton ce jeudi 16 novembre. « Je prouve quon peut réduire les coûts en sport automobile et être performant et on fait un règlement qui favorise les usines ! » En même temps, ce type de comportement des organisateurs des 24 H du Mans complique la tâche des petites équipes pour boucler leur budget. « On ma parfois répondu que vu le règlement, je ne pourrai faire que de la figuration » et donc des sociétés démarchées napportent pas les euros nécessaires puisque la victoire semble inaccessible. La seule concession concerne la taille du réservoir, mais cela ne réduit pas lavantage des Audi. « Pourtant, outre le podium aux 24 H, nous avons eu des résultats exceptionnels tout au long de la saison ce qui assure un retour à lannonceur de 1 à 10 ou de 1 à 20, soit autant que le football ou la voile. » Mais voilà, pour lopinion publique, ce qui compte ce sont la F1 et des événements comme le Dakar ou les 24 H du Mans. Et dire que le team Pescarolo a réussi le Grand Chelem en 2006 : gagner toutes les courses du championnat Le Mans Serie 2006. Avec, en prime, les titres constructeur et pilotes.
On comprend un peu mieux lénervement du pilote quand on essaie danalyser ce qui aurait pousser lACO à mettre en place un tel règlement. La conclusion semble être un lobbying puissant, mais surtout, un soutien financier conséquent dAudi et Peugeot. « Il faut faire de vraies équivalences entre les voitures fonctionnant avec des motorisations différentes », car outre lessence et le Diesel, on pourrait très vite voir Toyota débarquer avec des solutions hybrides, voire des écuries choisir bientôt léthanol ou dautre carburants. Même si cela est compliqué, lALMS a prouvé que cétait possible de mettre lessence et le gazole au même niveau et offrir de vraies courses aux spectateurs.
À suivre
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Lettre ouverte aux amoureux des 24 H du Mans
Lors des 24 Heures du Mans 2006, les concurrents utilisant des motorisations essence avaient eu tout le temps de constater que les équivalences définies par le règlement ACO nétaient pas très justes. La presse sen était dailleurs fait lécho, et le public lavait également compris. Cependant, certains ont pensé quil était tout à fait normal quune Audi Diesel soit en moyenne 3 à 4 secondes plus rapide sur un tour de circuit que la meilleure des voitures propulsées par un moteur essence. Pour eux, cette différence nétait due quà la différence colossale des moyens mis en uvre par les uns et les autres. Cest faire peu de cas des ingénieurs aérodynamiciens qui ont étudié et réalisé les voitures engagées lors de la saison 2006. Ils ont entre autres à leurs « palmarès » la Peugeot 905 et la Toyota GT One (André de Cortanze), toutes les Courage (Paolo Catone), la Bentley Speed 8 (Peter Ellleray), la Cadillac et la Panoz (Claude Galopin), la Zytek et la Creation (Ben Wood), sans oublier les bureaux détudes de Dallara et Lola qui sont largement impliqués dans quelques grands projets actuels.
De nombreuses simulations avaient cependant été réalisées, par différents bureaux détudes, et toutes arrivaient à la même conclusion que la motorisation Diesel était largement favorisée. Pour en avoir le cur net, et se voulant prudent, lAutomobile Club de lOuest (ACO) a équipé toutes les voitures des 24 Heures dun système dacquisition de données enregistrant tous les paramètres sur un tour de circuit. Ces mesures ont été en partie publiées à lissue de la course.
La plus significative se situe dans le partiel n°1 - ligne droite des Tribunes car si lAudi est de 0,544seconde plus rapide sur lensemble du secteur, sur les 398 mètres daccélération pure, il lui faut 0,1395 seconde de moins pour passer de 130 à 250 km/h, que la meilleure essence. Rapporté aux 9 600 mètres daccélération en ligne droite que comporte le circuit, cela ferait 3,36 secondes au tour. Cest assez proche de la réalité. Un calcul théorique permet dévaluer quà pneumatiques identiques cet écart en accélération est généré par une différence de puissance de lordre de 57 chevaux. Là aussi on est proche des chiffres annoncés.
Voyons le deuxième partiel ligne droite des Hunaudières - : 1,19 seconde de mieux pour lAudi. Comme les vitesses de pointe sont identiques, 325 contre 326 km/h, il ne sagit là encore que dune différence daccélération en ligne droite jusqu'à ce que la vitesse maximum soit stabilisée. Les deux chicanes étant prises sensiblement à la même vitesse.
Le troisième secteur avec 1,34 seconde de mieux pour lAudi confirme les deux précédentes analyses, mais dans les virages Porsche, cest plus le couple que la puissance qui apporte un avantage. Par contre lécart entre le meilleur tour en course de lAudi et de la meilleure essence est tout à fait significatif : 4,4 secondes (331211 contre 335656) cest énorme, et nous nen sommes quau début du développement des moteurs Diesel !
Une étude plus fine des temps partiels permet de constater que le gain en virage, de lordre de 1,5 seconde nest pas négligeable, mais nest pas indépendant de la puissance disponible. En effet pour une puissance supérieure, une vitesse de pointe identique, signifie un choix aérodynamique plus chargé, donc une meilleure tenue de route.
Cela dit, il ny avait pas besoin dêtre polytechnicien pour prévoir quen application toute bête du rapport poids/puissance, une voiture Diesel développant 700 CV allait accélérer beaucoup plus fort à poids identique quune voiture essence ne disposant que de 640 CV !
Le communiqué publié le 13 juillet dernier par lACO était pourtant clair : « seul un avantage lié à la performance du moteur peut nous amener à prendre des mesures afin de réduire la performance ». Au vu des chiffres précédents qui mettent nettement en évidence cet avantage lié a une motorisation Diesel, on pouvait donc sattendre, et des promesses avaient été faites dans ce sens, à ce que de nouvelles équivalences soient appliquées pour 2007.
Don Panoz a dailleurs montré la voie en American Le Mans Serie. En retirant 65 Kg des voitures essence, il a trouvé une réelle égalité entre les différents concurrents. Les dernières courses de la saison ont été passionnantes, et finalement si Audi a continué à gagner, ce qui paraît normal, cest en se battant jusquau bout à armes égales, et cela est complètement nouveau.
La publication récente du règlement des 24 Heures 2007 laisse apparaître avec clarté, que lACO a choisi de préserver un avantage substantiel à la motorisation diesel. Or seuls les deux constructeurs présents en LMP1 peuvent en disposer. Est-ce un hasard ? si tel nest pas le cas, cest grave. Car cela signifie que lACO désire que personne ne puisse venir troubler le jeu des deux grands. Si lon assiste à une huitième victoire consécutive du groupe VAG aux prochaines 24 Heures du Mans sans quil y ait une réelle opposition, lACO aura des comptes à rendre au public et aux médias en juin prochain.
Il y a toutefois une lueur despoir, une petite concession a été faite : la contenance des réservoirs de gasoil a été réduite de 9 litres afin que toutes les voitures sarrêtent en même temps pour ravitailler. Ceci représente 0,7 secondes au tour sur 24 heures, ce qui est loin dêtre suffisant. Mais cest peut-être le signe que certains sont en train de se rendre compte, à lACO, que le premier devoir dun club aussi innovant dans le domaine technique est dinstituer une équité parfaite et dharmoniser les puissances entre les différentes motorisations admises dans ses épreuves, diesel, essence ou hybrides quels quen soient les utilisateurs. Et alors, comme le stipulait le communiqué ACO de juillet 2006 : « tous les autres éléments de la voiture étant construits avec le même cahier des charges, il appartient donc aux constructeurs de réaliser la meilleure voiture »
En attendant, par respect pour les amoureux des 24 Heures du Mans, et avec de nouveau je lespère, le soutien du public, Pescarolo Sport relèvera quand même ce nouveau défi. Plus motivée que jamais, lécurie sarthoise engagera deux nouvelles voitures, à laérodynamique évoluée, fermement persuadée que même dans lunivers du sport, quelque fois, la morale peut triompher.