Galileo : le Royaume-Uni sorti du projet because Brexit ?
Grosse galère en vue pour Galileo ! Le projet pourrait tourner de moins en moins rond ! Le grand coupable ? Le Brexit !
Grosse galère en vue pour Galileo ! Le projet pourrait tourner de moins en moins rond ! Le grand coupable ? Le Brexit !
Selon un document officiel publié jeudi, le Royaume-Uni envisage de demander à l'UE de lui rembourser son investissement dans le programme européen de navigation par satellite dans le cas où sa participation serait remise en cause pas sa sortie de l'Union européenne.
Plaçant ainsi deux boulets majeurs – l'un financier, l'autre technique - au cœur du projet. Lequel pourrait de ce fait prendre un retard important. Perdant ainsi son avance dans le domaine de la conduite autonome.
La position britannique constitue une réponse à l'intention de Bruxelles de refuser à Londres l'accès au système crypté de Galileo après le Brexit. Arguments invoqués par l'Union européenne : cela reviendrait à partager des données sensibles avec un pays non membre de l'UE.
Mais le Royaume-Uni demande à maintenir son accès au signal sécurisé et à continuer de pouvoir postuler pour obtenir des contrats.
Dans une note technique concernant la participation britannique à Galileo publiée jeudi, Londres a fait part de sa "forte objection" à son exclusion aux futurs développement du programme après 2019.
"Le Royaume-Uni veut continuer de participer à Galileo", assure le gouvernement britannique dans la note, ajoutant que cette option avait sa "préférence".
Londres prévient également que son exclusion du programme pourrait avoir des conséquences dans la définition de son futur partenariat avec l'UE à 27 en matière de sécurité et de défense.
Selon The Times, le bannissement serait porté par un groupe de responsables allemands au sein de la Commission. La France, l'Espagne, la Suède, les Pays-Bas et les pays baltes ne soutiennent pas cette position.
"Si le futur accès accordé au Royaume-Uni devait être restreint, la contribution passée du Royaume-Uni au financement des actifs spatiaux devrait être discutée", martèle par ailleurs le document.
Rappelons que le projet - utilisé à la fois dans le civil et le militaire – représente un budget de 10 milliards d'euros.
La note laisse entendre par ailleurs qu'un tel bannissement aurait pour conséquence une renégociation de la facture du divorce sur laquelle les deux parties s'étaient accordées en décembre. Une ardoise qui se monte actuellement à 39 milliards de livres (40-45 milliards d'euros) …. !
Selon le Royaume-Uni, l'accord préliminaire trouvé en fin d'année va néanmoins dans le sens de la continuation de sa participation à Galileo. Reste que les discussions menées cette semaine à Bruxelles n'ont pas permis de résoudre la question. Dans l'entourage du dossier, on indique l'existence d'un 'grand fossé' entre les deux parties. La position de la Commission européenne est "très claire", a soutenu pour sa part Margaritis Schinas, porte-parole de l'institution.
Autre élément majeur : si le Royaume-Uni était écarté, le développement de Galileo pourrait être retardé de trois ans et coûter un milliard d'euros d'investissements supplémentaires à l'UE. Le gouvernement britannique a en effet joué jusqu'à présent un rôle important dans ce vaste projet qui constitue une alternative européenne au GPS américain.
À l’heure actuelle, 22 satellites Galileo ont été mis en orbite, sans que tous soient opérationnels. Le système est prévu pour être totalement opérationnel en 2026. Les quatre derniers satellites lancés en décembre 2017 doivent subir d’abord un certain nombre de tests avant de pouvoir être mis en service. En outre, la constellation Galileo a connu quelques soucis, avec deux satellites placés sur la mauvaise orbite et un troisième est indisponible.
Dans les années à venir, plusieurs autres satellites devront être mis en orbite : 4 au cours du premier semestre 2018 puis 1 autre en 2020. Onze autres sont prévus d’être expédiés à plusieurs dizaine de milliers de kilomètres de la Terre, sans qu’aucune date de lancement n’ait toutefois encore été arrêtée. Certains d’entre eux seront placés en réserve, pour pallier la défaillance d’un satellite opérationnel.
Londres précise pour sa part étudier "d'autres solutions pour répondre à ses besoins en matière d'informations sûres et robustes de position, de navigation et de synchronisation, y compris l'option d'un système satellitaire national".
En février dernier, Galileo, surnommé « le GPS européen » annonçait fièrement compter désormais une centaine de millions d’utilisateurs. Une belle performance pour ce système de navigation par satellite, un an après le lancement des premiers services. De quoi satisfaire le Centre national d’études spatiales (CNES), acteur majeur du projet. Concrètement, cela signifie 100 millions de récepteurs (smartphones, voitures électriques, outils connectés) en service.
Selon le CNES, Galileo est également utilisé par les développeurs chargés de concevoir les algorithmes pour la conduite autonome. Le positionnement satellitaire aide en effet les véhicules à déterminer avec précision où ils se trouvent. Or, Galileo dispose d’une avance non négligeable dans le domaine. Sa précision est de l’ordre du mètre, là où l’exactitude du GPS pour le grand public est de plus ou moins dix mètres. L'éventuelle sortie du projet du Royaume-Uni remettrait-il en cause cet avantage concurrentiel non négligeable ?
Selon la Commission européenne, le positionnement par satellite est une importante clé pour le développement de certains secteurs tel celui des véhicules autonomes. Selon Bruxelles, les services utilisant cette technologie représentent près de 10 % du produit intérieur brut (PIB) européen. Ils pourraient même en constituer 30 % d’ici 2030, compte-tenu de la généralisation des voitures autonomes et des objets connectés.
Au final, Galileo pourrait rapporter 90 milliards d’euros à l’économie européenne durant ses 20 premières années de service.
Cerise sur le gâteau, voire but ultime, le système Galileo offre la possibilité à l’Union européenne d’acquérir une indépendance stratégique en matière de positionnement satellitaire. Un élément non négligeable alors que le monde de Big Brother se déploie un peu plus chaque jour.
Sources : AFP, CNES, Les Echos, Commission européenne, The Times
Crédit Illustration : CNES
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