L'Etat actionnaire de PSA affirme par ailleurs qu'il demeurera vigilant sur le maintien de l'appareil industriel en France.
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a ainsi indiqué officiellement via communiqué « accueill[ir] favorablement l'entrée en négociation" des deux groupes. Ajoutant toutefois que le gouvernement "sera particulièrement vigilant sur la préservation de l'empreinte industrielle en France, la localisation des centres de décision et la confirmation de l'engagement du nouveau groupe sur la création d'une filière industrielle européenne de batteries électriques".
S'unir pour pouvoir investir dans les véhicules électriques et autonomes
S'exprimant lors d'un point de presse, Bruno Le Maire a souligné que "les constructeurs automobiles qui n'auront pas la taille critique ne seront pas en mesure de faire face aux investissements qui se chiffrent en dizaines de milliards d'euros sur les véhicules électriques et les véhicules autonomes".
"Je préfère voir Peugeot continuer à se développer, réussir un développement spectaculaire, devenir aujourd'hui le quatrième constructeur automobile mondial avec Fiat plutôt que d'être en dehors de ce mouvement de consolidation automobile qui est absolument indispensable", a ajouté le ministre.
Une fusion qui renforce la solidité de PSA affirme Bercy
S'exprimant quant à elle sur Europe 1, la secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie, Agnès Pannier-Runacher a estimé que cette fusion -si elle se concrétisait – renforcerait la solidité du groupe PSA.
Selon elle, l'opération permettrait de mettre PSA « à l'abri » dans la compétition mondiale. Elle se réjouit par ailleurs de voir le rapprochement de deux acteurs qu'elle juge « très complémentaires », mettant en avant le fait qu'au delà de la Fiat, FCA intègre également Chrysler, « donc les Etats-Unis".
Réduction d'effectifs chez PSA non écartée
Reste que Agnès Pannier-Runacher se montre toutefois prudente sur les conséquences d'une telle fusion sur l'emploi au sein du groupe PSA.
La secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie n'a pas complètement écarté des réductions d'effectifs en déclarant que si des fermetures n'étaient certes pas envisagées, le « besoin de réajuster la taille des usines » pourrait se faire sentir. Des transferts de production voire de personnels seraient donc à prévoir ?
Réduire l'impact de la fin du diesel sur les sous-traitants
Tentant de rassurer et de mettre en avant les aspects positifs du projet pour les sous-traitants, Agnès Pannier-Runacher a tenu à rappeler que la « diminution de la production de diesel » allait « de toute façon secouer la sous-traitance automobile » et que le ministère travaillait actuellement sur ce point.
Rebondissant sur le sujet, elle estime nécessaire « « d'avoir à bord des acteurs qui nous accompagnent, qui permettent à la sous-traitance de passer ces moments difficiles".
Elisabeth Borne plus mitigée
La ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne a quant à elle déclaré sur France Info que sa "préoccupation est que ce groupe ait les moyens d'investir dans la transition énergétique pour faire les véhicules propres de demain".
Elle est toutefois demeurée perplexe sur le choix de la localisation du siège social du futur ensemble aux Pays-Bas. "Je n'ai pas d'éléments d'explication sur le choix de ce siège", a-t-elle même indiqué.
La ministre a également exprimé des réserves sur la position de FCA concernant les émissions des véhicules, le groupe s'étant élevé contre les normes antipollution en Californie. "Ca n'est pas un bon signal, je sais que PSA est engagé pour proposer des modèles de voitures propres. On compte vraiment sur PSA pour garder cette ligne", a déclaré la ministre.
Elisabeth Borne aurait aussi pu rappeler qu'au printemps dernier, Fiat Chrysler Automobiles a accepté de payer à Tesla des centaines de millions d’euros afin que les véhicules de l’entreprise d’Elon Musk soient comptés dans son parc. Objectif du deal : éviter d’avoir à payer des amendes pour violation des nouvelles règles européennes sur les émissions. Cette mesure devant permettre à FCA de compenser les volumes d’émissions de dioxyde de carbone de ses automobiles en intégrant au calcul du ratio global les données concernant les véhicules électriques de Tesla. Ramenant via cet « artifice » – voire trucage ou même tromperie ? – la moyenne de ses émissions conforme au niveau autorisé.
FCA veut concentrer la production de ses véhicules électrifiés en Italie
Alors que Fiat Chrysler met actuellement en place sa stratégie d’électrification, qui verra la mise en circulation de douze véhicules électrifiés, lesquels seront constitués de modèles entièrement nouveaux ou de nouvelles versions de modèles existants, le groupe a annoncé il y a quelques jours à peine qu'il allait concentrer la production de ces véhicules à faibles émissions dans ses usines italiennes, dans le cadre de son plan d’investissements de 5 milliards d’euros en Italie d’ici à 2021.
Un danger pour l'emploi pour les salariés de PSA ?
En outre, le complexe industriel Mirafiori à Turin abritera la production des modèles de batteries pour les Fiat 500 électriques et hybrides et de batteries électriques Maserati. Lesquelles seront également produites à Modène, au siège de la marque au Trident.
D'où la remarque de Bruno Le Maire concernant les batteries électriques ?
L'avis de Leblogauto.com
Reste un point important tout de même : PSA tout comme FCA ne disposent que de très faibles parts de marché en Chine, pourtant le premier marché automobile mondial. L'opération n'est pas de nature à améliorer la mauvaise performance du groupe français sur le marché chinois.
L'Etat semble avant tout se réjouir de cette potentielle fusion en y voyant la possibilité pour le groupe d'unir ses forces pour mieux affronter le défi que représentent les investissements majeurs nécessités par le dévéloppement des véhicules électrifiés et autonomes. Mais Elisabeth Borne doute quant à elle sur la réelle volonté de FCA de se conformer aux normes européennes environnementales.
Sources : AFP, FCA, France Info, Europe 1