On le sait depuis le milieu de la saison, l'écurie Lotus cherche des investisseurs capables d'injecter de l'argent et d'éponger les dettes de plusieurs dizaines de millions. Le feuilleton avec Mansoor Ijaz et le fond d'investissement Quantum n'en finit pas de traîner et le temps est désormais à l'urgence. Dernier épisode en date, Sport Bild annonce qu'Eric Boullier aurait démissionné de son poste de patron de l'écurie. Où va Lotus ?
150 millions de dollars de dettes, une grogne salariale qui couve
L'écurie Lotus F1 Team est née après le rachat de l'écurie Renault par Genii Capital. Malgré de bons résultats sur la piste en 2012 et 2013, l'écurie ne s'en sort pas financièrement. Genii Capital ne semble pas prêt à remettre de l'argent sur la table pour sauver la structure et les dettes s'accumulent. On parle aujourd'hui de près de 150 millions de dollars de passif ce qui pousseraient certains fournisseurs à bloquer les livraisons. Les salaires des employés de Lotus ne seraient pas non plus honorés et Eric Boullier se retrouve en première ligne pour aller expliquer une situation qu'il ne maîtrise pas aux employés d'Enstone.
Boullier n'a pas caché récemment son exaspération devant la situation. Placé entre le marteau et l'enclume, le voilà obligé d'aller éteindre l'incendie qui couve à l'usine tout en n'ayant pas toutes les informations essentielles. D'où l'affirmation de Sport Bild qu'excédé par la situation le patron aurait claqué la porte des noir et or. Boullier a démenti ces rumeurs hier via twitter et affirme être toujours fidèle au poste.
Sport Bild va plus loin en affirmant que Renault Sport F1 aurait recruté l'agent de Romain Grosjean pour s'occuper du programme V6 Turbo en F1. Lotus va-t-elle finir comme HRT il y a un an ? En eau de boudin sans repreneur d'une très belle structure ? Cela semble impensable mais en F1 tout est possible malheureusement. Lotus n'a pas encore passé les crash-tests FIA pour sa coque (mais seulement Sauber et Caterham les ont déjà passés) et visiblement le contrat de fourniture du moteur avec Renault n'est pas encore paraphé.
Quelles solutions pour Lotus ?
Lotus a la tête sous l'eau et cherche de l'air. Le recrutement de Pastor Maldonado, pilote payant à la mallette bien garnie (on parle de 35 millions de dollars) à la place de Nico Hülkenberg (sans mallette lui) est un signe qui ne trompe pas. Finie l'euphorie du recrutement du Champion du Monde Räikkönen et retour à la dure réalité. Si Quantum n'injecte pas les 200 millions de dollars promis de longue date que pourra faire Lotus ?
L'écurie pourrait changer de nom et accueillir un nouveau sponsor titre (Lotus Cars ne paie plus rien depuis longtemps mais l'écurie peut continuer d'exploiter le nom) mais les gros sponsors ne se bousculent pas en ce moment en Formule 1 et Burn (Coca Cola) ne semble pas vouloir mettre plus. Ou alors l'écurie pourrait sacrifier Romain Grosjean (soutenu en partie par Total) pour un autre pilote ayant une mallette de billets plus garnie (genre Viltaly Petrov ou autre). Mais avec deux pilotes payants l'écurie se tirerait une balle dans le pied à coup sur.
Reste une hypothèse folle. L'écurie Lotus est née Toleman Motorsport il y a 32 ans, puis Benetton, puis Renault avant de se faire racheter par Genii Capital...Le constructeur, toujours impliqué en F1 via la motorisation de différentes écuries peut-il racheter la structure d'Enstone et faire son retour à l'occasion de l'entrée en course des V6 Turbo ? Quand on connait la réticence de Carlos Ghosn au programme F1 de l'époque, rien n'est moins sur. Mais c'est bientôt Noël non ? Alors rêvons un peu.
Quelles solutions pour les pilotes ?
Si l'aventure Lotus tournait à l'aigre, qu'adviendra-t-il des pilotes recrutés pour 2014 ? Pastor Maldonado a pour lui le soutien de PDSVA et pourrait rebondir dans l'un des baquets disponibles ou se payer l'un des baquets déjà attribué quitte à payer le dédit du pilote en place. Pour Grosjean ses bons résultats et le soutien de Total pourraient lui permettre aussi de rebondir. Mais le pilote voudra-t-il aller chez Caterham ou Marussia (deux écuries avec au moins un baquet disponible) ? Une période d'incertitude pour des pilotes qui pourraient se retrouver le bec dans l'eau à l'aube de la saison prochaine.
Source : Sport Bild, E. Boullier, illustration : Lotus F1, Renault F1