La fermeture de l'usine de Bridgend prévue en septembre 2020 a été annoncée jeudi par les syndicats, à l'issue d'une réunion avec les responsables du groupe.
Ford a peu après confirmé dans un communiqué travailler à la fermeture du site afin de rendre plus efficaces ses activités en Europe mais sans évoquer la perspective du Brexit.
"Nous devons prendre des décisions difficiles, dont celles d'adapter notre présence dans la fabrication de moteurs", explique Stuart Rowley, responsable du constructeur pour l'Europe.
Il évoque les changements d'habitudes des consommateurs, des problèmes de coûts et l'absence de perspectives pour Bridgend ce qui "rend l'usine économiquement non viable dans les années à venir".
Le site de Bridgend, ouvert il y a 40 ans, a subi une baisse d'activité ces dernières années et la production d'un moteur pour le constructeur Jaguar Land Rover (JLR) doit cesser prochainement ce qui entraînera sa fermeture.
Le constructeur a promis d'aider les employés affectés en proposant notamment des reclassements dans d'autres sites de Ford au Royaume-Uni si possible. Sur les 1.700 salariés, près de 400 avaient en outre opté en début d'année pour un départ volontaire entre mai et décembre.
La fermeture de Bridgend va par ailleurs entraîner un coût financier de 650 millions de dollars avant impôt pour Ford.
"Nous sommes extrêmement choqués par l'annonce du jour, c'est un vrai coup de massue pour l'économie galloise et Bridgend", a déclaré Jeff Beck, un responsable du syndicat GMB, qui entend poursuivre les discussions pour "limiter les effets de cette nouvelle dévastatrice".
Il relève en outre que cette fermeture ait été annoncée immédiatement après une visite d'Etat du président américain Donald Trump au Royaume-Uni, lors de laquelle il a promis un ambitieux accord de libre-échange entre les deux pays.
De son côté, le plus puissant syndicat britannique, Unite, a qualifié la nouvelle de "trahison économique" d'autant que le Royaume-Uni est le premier marché européen pour Ford, selon lui. La Ford Fiesta et la Ford Focus sont en effet parmi les voitures les plus vendues au Royaume-Uni.
"Ford a délibérément réduit ses opérations britanniques" ces dernières années et "n'a pas respecté ses promesses", qui étaient de fabriquer 500.000 moteurs par an dans cette usine, contre seulement 80.000 par an désormais, souligne Len McCluskey, secrétaire général d'Unite.
Il prévient qu'il va tout faire "pour sauver cette usine" et lance un appel aux pouvoirs publics.
Nissan, Honda, JLR...
La fermeture de Bridgend participe à un plan de restructuration plus large en Europe du constructeur américain qui emploie 54.000 personnes sur le continent. Ford compte notamment 13.000 personnes au Royaume-Uni, pays où il fabrique principalement des moteurs et où il n'assemble plus de voitures depuis 2013.
Ford conserve une autre usine de moteurs à Dagenham, non loin de Londres, et un autre site fabriquant des transmissions près de Liverpool (nord-ouest de l'Angleterre).
Cette nouvelle constitue un nouveau revers pour l'industrie automobile britannique, qui subit une chute de sa production, plombée par les incertitudes du Brexit et le ralentissement économique mondial.
De nombreux groupes internationaux ont en particulier fait part de leurs craintes et prévenu qu'ils pourraient revoir leurs investissements dans le pays si le scénario d'un Brexit sans accord se concrétisait.
Plusieurs annonces de constructeurs, sans rapport direct avec le Brexit, ont fait l'effet de coups de tonnerre ces derniers mois.
Nissan a renoncé à produire un crossover dans son usine géante de Sunderland (nord-est de l'Angleterre), Honda a annoncé la fermeture en 2021 de son usine de Swindon (sud-ouest de l'Angleterre) et Jaguar Land Rover a décidé de supprimer 4.500 emplois afin d'économiser 2,5 milliards de livres pour investir dans les voitures électriques.
Par AFP
Illustration : Ford