Ce n’est désormais un secret pour personne, l’avenir de Ford en Europe devient de plus en plus compliqué, à cause de choix stratégiques maladroits depuis une grosse dizaine d’années. La course à l’électrification à tout crin face à une économie en recul, accompagnée par une concurrence de plus en plus nombreuse et féroce font craindre le pire.
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On est maintenant loin du mastodonte qu’était la division européenne de la marque américaine dans les années 70-80, résultats de la fusion des pôles Britannique et Allemand en 1967. Face à une volonté globale de montée en gamme de la part des constructeurs généralistes concurrents, et en dépit de ses tentatives vaines pour se démarquer, Ford a toujours été fière de se positionner comme un VRAI généraliste, en offrant des produits rationnels et pas trop chers, bien conçus, bien équipés et agréables à conduire depuis une petite trentaine d’années. Mais cet « acharnement » dans sa stratégie a paradoxalement petit à petit grignoté les parts de marché du constructeur.
Dans un sursaut de dernière chance et pour sauver les meubles, la marque a annoncé courant 2022 l’arrêt de bon nombre de ses anciennes poules aux oeufs d’or que furent la Mondeo, la Focus, et surtout la Fiesta en annonçant que ces modèles n’allaient pas connaitre de descendance. Au même moment on apprend que la marque va s’orienter vers le partage de plateformes avec des partenaires industriels et va accélérer sa transition vers le tout électrique. Un partenariat est signé avec Volkswagen pour le partage de la plateforme MEB, ce qui donnera naissance cette année à deux modèles: l’Explorer et la Capri. Mais entre la signature de cet accord, le temps passé sur le développement des voitures et la réalité du marché d’aujourd’hui, la division européenne se prend les pieds dans la tapis. La conséquence est sans appel avec des ventes en berne et une tendance plus sombre que prévue sur le tout électrique: il faut couper dans les équipes.
Près de 8000 suppressions d’emplois en deux ans
C’est d’abord une grosse coupe dans les effectifs qui a été effectuée en 2023 avec plus de 3800 postes supprimés dont 2800 ingénieurs et 1000 postes dans le marketing, l’administration et la distribution. L’Allemagne fut la plus touchée suivie de près par le Royaume Uni. Mais malheureusement cela n’a pas suffi, puisqu’une nouvelle annonce de plan social vient d’être officialisé ce jour, et il touche cette fois-ci 4000 emplois supplémentaires d’ici à 2027. Ce lourd plan concerne près de 14% des effectifs européens de Ford, soit près de 28000 collaborateurs. L’Allemagne reste le plus touché avec 2900 suppressions de postes, suivi de loin par le Royaume Uni avec 800 suppressions de postes environ.
A cela viennent s’ajouter les ventes en berne des Explorer et Capri, obligeant l’arrêt - partiel ou total - des usines de fabrication face au peu de commandes enregistrées; une politique Européenne demandant l’accélération de la transition face à un marché encore bien dépendant aux thermiques et/ou hybrides, et des politiques locales qui revoient leurs ambitions à la baisse sur les infrastructures ou les aides au passage à l’électrique, on pense plus précisément à l’Allemagne ou la France chacun à leur manière…
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Pour conclure
C’est la grande dégringolade pour Ford Europe. En 20 ans, sa part de marché sur le vieux continent est passée de 10,8% en 2000 à 3,3% en 2023. En 20 ans encore, Ford a été le constructeur à fermer le plus de sites de fabrication en Europe avec les fermetures des sites de Southampton en 2013, Genk en Belgique en 2014, de Blanquefort près de Bordeaux en 2019, et de Bridgend dans le Pays de Galles en 2020. Malgré une volonté de profonds changements, d’alignements stratégiques tout en restant dans une cible de pur généraliste, rien n’y fait, et c’est ce bilan désastreux qui cause encore 4000 suppressions d’emploi d’ici à 2027 venant s’ajouter aux 3800 poste supprimés depuis 2023.