Ford calme le jeu sur les voitures autonomes
par Thibaut Emme

Ford calme le jeu sur les voitures autonomes

Après une période d'euphorie durant laquelle "on" assurait que la voiture de demain serait autonome, certains, comme le Président de Ford, Jim Hackett, calment le jeu et repoussent à plus long terme l'autonomie.

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Pourtant, personne ne les a forcés à annoncer des dates jugées dorénavant "précipitées". Ford lui-même a annoncé 2021 comme année de l'arrivée des voitures autonomes à l'oval bleu. Si la date n'est pas repoussée, Hackett nuance donc le propos.

La voiture sera bien autonome, mais pour des applications limitées et des endroits eux-aussi limités. "Car le problème est tellement complexe" selon des propos rapportés par Bloomberg. Si on cherche à traduire les propos du boss de Ford, la voiture sera capable de se garer ou de sortir toute seule, et éventuellement de conduire toute seule sur certaines routes hyper cartographiées, dans certaines conditions. Ce que font déjà certains véhicules...

Grande folie des années 2015/2016, la voiture autonome a soulevé plein d'espoirs pour ceux qui ne savent pas conduire, ou pour qui rouler 3 heures non-stop est une corvée. Les "System On a Chip" type NVidia Xavier sont capables d'apprentissage profond et de vision machine accélérés par des puces. Toute l'industrie a fait des pas de géants. Et depuis ? Eh bien, Google Car est devenu Waymo. Ce dernier continue ses tests (alors qu'on annonçait la Google Car comme au point) et veut même étendre la conduite autonome aux camions.

Les entreprises veulent la voiture autonome, pour gagner plus

Les camions justement, le premier trajet d'un camion Otto avait fait grand bruit. Depuis, cette filiale d'Uber (rachetée près de 600 millions d'euros) a été mise dans un placard. "Nous avons décidé d'arrêter le développement de notre programme de camion autonome et d'avancer exclusivement sur les voitures. Nous pensons que concentrer l'énergie et l'expertise de toute l'équipe sur (la voiture) est la meilleure voie à prendre" indiquait à l'AFP Eric Meyhofer, patron d'Uber Advanced Technologies Group, à l'été 2018.

Pour autant, Uber continue d'investir massivement dans la voiture autonome. Il faut dire que si ce n'est pas par le grand public que viendra la démocratisation de la conduite autonome, ce sera par les entreprises et la volonté de faire de plus grandes marges. En effet, dans un transport de marchandises, ou dans l'univers des taxis, la "charge" qui peut être supprimée selon certains patrons, c'est le chauffeur. Qui dit conduite autonome dit un chauffeur qui n'a pas besoin d'être payé. Mais, aussi, un chauffeur qui n'a pas besoin de prendre de pauses et donc des gains de productivité et de coûts.

Désormais, même John Krafcik, le patron de Waymo  déclare "la conduite autonome aura toujours des contraintes". Ajoutant que la voiture pouvant aller toute seule réellement partout pourrait ne jamais voir le jour. Waymo continue d'ailleurs de mettre un humain derrière le volant de ses voitures du service de véhicules autonomes en banlieue de Phoenix. Même Uber qui s'est lancé à fond dans la conduite autonome met désormais (forcé par les autorités depuis l'accident mortel de l'an dernier en Arizona) deux opérateurs dans ses véhicules autonomes.

Un jour, mais quand ?

Un véhicule autonome avec un humain opérateur à bord est une ineptie, tout le monde est d'accord là-dessus. Raquel Urtasun, spécialiste des intelligences artificielles et de la vision des machines à l'Université de Toronto, mais aussi chez Uber se montre plus optimiste pour sa part. Selon elles, les voitures autonomes débuteront par fonctionner dans des lieux restreints. Puis, cela grandira jusqu'à aller partout.

Partout oui, mais visiblement pas avant des années, voire des dizaines d'années. Il n'y a finalement que Tesla qui se montre très optimiste en promettant toujours pour la fin de l'année (et totalement disponible avant fin 2020) sa fonctionnalité de voiture "totalement autonome" (5 000 dollars l'option tout de même). La voiture totalement autonome ("viens me chercher Kitt") va-t-elle être la nouvelle utopie du monde automobile comme le furent les voitures volantes au début du XXe siècle ?

Illustration : Ford

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Pour résumer

Après une période d'euphorie durant laquelle "on" assurait que la voiture de demain serait autonome, certains, comme le Président de Ford, Jim Hackett, calment le jeu et repoussent à plus long terme l'autonomie.

Thibaut Emme
Rédacteur
Thibaut Emme

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