Volume de commandes et volet amiante
L'accord a été signé vendredi mais n'a toutefois été annoncé aux syndicats que lundi. A l'issue des négociations, Renault s'est notamment engagé à garantir un volume de commandes durant les quatre prochaines années, le temps de mettre en place la reconversion des sites Alu et Fonte et d'assurer leur pérennité. Cet engagement devrait permettre au repreneur de conserver un maximum d'emploi.
Le dossier comporte également un volet amiante, matière présente sur les deux sites mitoyens.
Il s'agit des clauses suspensives, lesquelles auraient pu faire échouer l'accord de reprise, a précisé à cet égard Jean-Philippe Juin, délégué syndical CGT à Saint-Jean Industries.
Bruno Le Maire engagé sur le dossier
A la mi-mars, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire avait assuré devant l'Assemblée Nationale que le gouvernement allait "poursuivre les discussions" avec le constructeur afin que "le volume de commandes soit suffisant pour le repreneur".
Les tribunaux statuent cette semaine sur deux éventuelles reprises
Le tribunal de commerce de Lyon doit encore se prononcer mardi sur une éventuelle reprise de l'usine de Saint-Jean Industries Alu. Celui de Poitiers rendra sa décision mercredi sur l'usine Fonderies du Poitou Fonte. « Maintenant que les clauses sont levées, il n'y a aucune raison que ce soit rejeté" estime le représentant syndical.
Les deux sites appartenaient initialement à Renault mais sont détenus à l'heure actuelle par de deux propriétaires distincts. Ils sont tous deux en redressement judiciaire, mettant sur la sellette l'emploi de près de 900 personnes à Ingrandes-sur-Vienne.
Principales causes d'une telle situation : Saint-Jean Industries peinent à écouler sa production de culasses, et les Fonderies du Poitou, ses blocs moteurs, face au déclin de la motorisation diesel.
Renault s'engage sur la reconversion
Le 21 mars dernier, Bruno Moustacchi, le responsable des achats de Renault, s'est rendu sur place afin de s'entretenir avec les représentants du personnel. Il a alors promis « soutien et accompagnement » aux salariés des Fonderies du Poitou, en tant que principal client des deux sites.
Renault s'était également engagé à soutenir tous les projets de reconversion dans le cadre de la reprise des sites d'Ingrandes-sur-Vienne. "Le client ne peut pas être le pilote mais on sera là, aux côtés de toutes les parties prenantes" avait alors affirmé Bruno Moustacchi.
Quelques jours auparavant, les salariés des Fonderies avaient manifesté devant une concession Renault pour demander au constructeur de prendre ses responsabilités dans le dossier.
Les craintes d'un hard Brexit dans la balance ?
L’entreprise Saint-Jean Industrie Poitou s'avère être en concurrence avec le site Nissan de Sunderland, au Royaume-Uni , pour la production d’une pièce de culasse basse pression.
Selon Jean-Philippe Juin, en mars dernier, Renault a préféré commander ces pièces aux Fonderies du Poitou plutôt qu'en Angleterre. Les syndicalistes estiment en effet Renault s’appuie sur les Fonderies du Poitou, en attendant d’être fixé sur les résultats des négociations du Brexit.
Deux redressements judiciaires coup sur coup
En janvier dernier, Liberty House, filiale du groupe GFG Alliance, avait déposé une première offre pour la reprise de St-Jean-Industries Alu, seule usine en redressement à cette date.
En février, l'usine de Fonderies du Poitou Fonte a été à son tour placée en redressement.
Au final, Liberty House a manifesté son intérêt pour la reprise des deux usines.
Importante contribution de Renault
Si les syndicats des Fonderies attendent une contribution de Renault à hauteur de 19 millions d'euros, aucun élément financier n'a toutefois filtré à l'heure actuelle.
L'avis de Leblogauto.com
Un dossier fortement politique compte-tenu du nombre d'emplois en jeu. Espérons que ce nouvel accord puisse apporter la sérénité aux salariés, alors qu'un des leurs s'est suicidé en fin de semaine dernière, sans toutefois qu'on puisse directement lier son acte à la situation précaire des deux sites.
Sources : AFP, France 3, Nouvelle République