Ferrari tacle à son tour la norme Euro 7
par Nicolas Anderbegani

Ferrari tacle à son tour la norme Euro 7

Ferrari critique l'Euro 7 et préfère se focaliser sur l'électrification de sa gamme

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La norme de la discorde

La réglementation Euro 7 devrait entrer en vigueur à partir de juillet 2025. Elle oblige à une réduction de 35 % des émissions de NOx et de 13 % des particules d’échappement. Elle demande aussi l’ajout de e-catalyseurs chauffés électriquement et d’un système de diagnostic embarqué qui surveillera en permanence les émissions.

Ainsi, selon plusieurs études, le surcoût direct pour de nombreux véhicules serait estimé entre 2000 et 3000 euros, soit 10 foi plus que ce que la Commission européenne avait envisagé. Par conséquent, plusieurs pays, dont la France et l’Italie, sont vent debout. Luca di Meo, pdg de Renault et de l’AECA, a fustigé cette norme Euro 7 qui va obliger les constructeurs à abandonner les petits véhicules, pas assez rentables, et donc à compliquer encore plus l’accès à l’automobile pour une frange non négligeable de la population.

Une boîte de Pandore pour l'industrie européenne ?

Outre le coût conséquent de la norme Euro 7, celle-ci, si elle entre dans un laps de temps si court, obligerait les constructeurs à y investir des moyens qui seraient détournés de l’électrification dans laquelle ils se sont lancés rapidement, en vue de l’échéance de l’interdiction de vente des moteurs thermiques en Europe à compter de 2035. Le niveau drastique de la norme Euro 7, son surcoût ainsi que son délai d’entrée en vigueur, risque à court terme de pousser de nombreux constructeurs européens à supprimer de leur gamme des petits modèles non viables économiquement, avec des conséquences sur les usines et l’emploi en Europe, alors même que les constructeurs chinois accélèrent leur offensive, avec une politique de prix très agressive et des conditions sociales et environnementales bien plus laxistes chez eux. Une boîte de Pandore.

L'électrique oui, l'euro 7 non

Ferrari ajoute sa pierre à l’édifice de la contestation, par le biais de son PDG Benedetto Vigna qui a été très clair sur la stratégie de Ferrari : « Ferrari est fermement engagé à devenir un constructeur automobile zéro carbone d’ici la fin de cette décennie. » Le constructeur automobile au cheval cabré devient un autre constructeur automobile à s'attaquer à la nouvelle norme environnementale – Euro 7. Selon Vigna, son entreprise n'a pas l'intention de produire des moteurs répondant aux exigences en matière d'émissions nocives en Europe, mais se concentrera plutôt sur l'électrification de sa gamme de modèles. « Notre objectif est de produire des Ferrari électriques uniques et nous pensons qu’il est essentiel de se concentrer sur cela. Si nous continuons à courir après l'Euro 7 comme prévu, nous détournerons l'attention de notre entreprise et de nos fournisseurs et nous ne pourrons pas utiliser toutes les technologies qui nous permettront de créer une Ferrari unique. Nous n'avons pas besoin de détours de la route ».

En Italie, deux éléments clés sont à souligner. D’abord, le retard du pays à la fois dans les infrastructures de recharge, l’offre nationale de véhicules électrifiés et tout simplement la faiblesse du marché électrique. Lanterne rouge en Europe en matière d'électrification automobile, l'Italie a vu les ventes de véhicules électriques chuter de 26,9% en 2022 et leur part de marché n'a atteint que 3,7%, contre une moyenne de 12,1% au sein de l'UE. Une raison qui s’explique avant tout par le moindre soutien gouvernemental et aussi un problème de pouvoir d’achat, une majorité d’italiens ne pouvant acquérir un modèle électrique (à moins de se tourner vers les chinois !) contrairement aux pays nordiques où les ventes de VE explosent avec une population aux moyens financiers plus conséquents. La marche forcée européenne mettrait ainsi en péril une grande partie de l’industrie automobile italienne déjà fragilisée.

L'e-fuel pour sauver les supercars thermiques ?

De son côté, Ferrari fait partie de ces constructeurs dont la réputation repose sur leur savoir-faire dans les moteurs thermiques les plus nobles.  A l’instar de Porsche, précurseur en la matière, Ferrari défend la voie de l’e-fuel, qui pourrait être autorisé finalement après 2035 suite à un accord qui a conclu entre la commission européenne et l’Allemagne en mars. Mais rien n’est encore figé, un nouveau parcours législatif commence en vue de classer ces e-fuels comme carburants zéro-émission, et ne devrait pas aboutir avant l’automne 2024.

Le poids politique de ces constructeurs de prestige a marché.  Sauf que ces carburants pour l’instant ne doivent concerner qu’une minorité de véhicules, essentiellement de luxe, et que le prix de ce carburant sera très élevé. Mais depuis, certains groupes généralistes ont commencé se convertir à cette piste, comme Stellantis et aussi Renault qui s’est associé au pétrolier saoudien Aramco pour développer des carburants synthétiques.  Déjà en retard sur l’électrification, Ferrari mise donc sur les carburants synthétiques, dont la F1 servira aussi de vitrine à partir de 2026 avec l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation moteur du championnat. Depuis 2022,  les monoplaces roulent avec un carburant composé en partie d’e-fuel, et cette proportion montera à 100% dès 2025.Ce sera la seule issue pour que le V12 Ferrari de route ne tombe aux oubliettes.

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Pour résumer

Ferrari tâcle la norme Euro 7 et rejoint d'autres constructeurs dans cette fronde contre un projet de la commission qui risque de freiner l'électrification en vue du couperet de 2035. Ferrari doit sortir sa première supercar 100% électrique en 2025.

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