Ferrari mise sur la jeunesse
En s'inscrivant dans les pas de Fernando Alonso (mais pas du tout avec le même statut), Sainz Junior peut déjà sentir l'onde de choc de son recrutement dans la presse espagnole, toujours aussi mesurée, à l'image du journal Marca parlant de "l'élu de Ferrari". Le téléphone rouge a du chauffer ces dernières heures, et même ces derniers jours, car le départ de Vettel, acté officiellement hier, était déjà en circulation depuis un moment. De Ricciardo en passant par le vacataire Hulkenberg, le revenant Alonso, la sensation Hamilton ou mème Giovinazzi, la liste des prétendants était longue comme le bras.
Après avoir longtemps priorisé l’expérience des vétérans ou les champions du monde, ce qui n'a pas été forcément fructueux, Ferrari joue depuis l'an dernier la carte du jeunisme et proposera en 2021 un duo de 24 ans de moyenne d'âge. Jamais la Scuderia n'avait aligné deux pilotes aussi jeunes et il faut remonter aux années 60 pour avoir un binôme ne dépassant pas les 25 ans tout juste ( Jacky Ickx, 23 ans, et Chris Amon, 25 ans en 1968). Et pour la première fois depuis 2007, elle n'alignera aucun champion du monde.
Le profil idéal ?
Carlos Sainz Junior a la bougeotte. Le "globe-trotter" du peloton, en arrivant chez Ferrari, connaîtra sa 4e écurie en l'espace de 5 ans de carrière, après Toro Rosso (2015-2017), Renault (fin 2017-2018) et McLaren (2019). L'opportunité était trop belle évidemment pour ne pas saisir sa chance. Il viendra épauler - ou défier ? - le monégasque au sein de la Scuderia, qui tourne la page Vettel.
Au jeu des "+" et des "-", la balance a vite penché en sa faveur, car Carlos Sainz réunit en effet de nombreux atouts dans sa manche : il est jeune mais déjà assez expérimenté (102 GP), son identité culturelle permet de toucher un vaste public amateur de F1, il coûte bien moins cher que Vettel ou même Ricciardo (qui était également sur les rangs) et la saison 2019 a démontré qu'il avait un bon coup de volant. De plus, Sainz Junior jouit d'une bonne réputation : un état d'esprit positif collant bien aux aspirations de Ferrari, qui n'a pas envie de revivre les étincelles Leclerc-Vettel. Ricciardo a des ambitions de n°1 et a montré, lors de sa collaboration avec Verstappen chez Red Bull, que ça pouvait chauffer,. Ne parlons même pas de l'hypothétique duo Leclerc-Hamilton qui faisait saliver certains: outre son gouffre financier, il aurait eu toutes les chances de faire un remake de Prost-Senna version cheval cabré, donc autant dire une bombe thermonucléaire à retardement. Ferrari a besoin de sérénité !
Sainz sera t-il à Leclerc ce que Eddie Irvine ou Rubens Barrichello furent à Michael Schumacher, soit le parfait pilote n°2 capable d'apporter les gros points sans faire de vagues ni déranger son leader ? Ou doit-on s'attendre à une surprise ? Personne n'avait anticipé que Ricciardo bousculerait Vettel en 2014 dans sa maison Red Bull et le forcerait à partir. Et Carlos Sainz Jr a plus de caractère et d'ambition qu'on ne pourrait le croire. Mais avec son contrat béton jusqu'en 2024, Leclerc a sans doute obtenu des garanties de numéro 1 en terme de stratégies d'équipe et de positionnement dans le team...le monégasque tisse sa toile et structure peu à peu la Scuderia autour de lui.
Ricciardo passe à l'orange
Le départ de Sainz libérait ainsi une place intéressante chez Mclaren, l'écurie de Woking étant sur une pente ascendante tout en ayant besoin d'un pilote d'expérience. Lando Norris est encore trop tendre et jeune pour porter sur ses épaules un tel monument. Si Vettel était pressenti, ce qui aurait formé un duo vétéran/jeune loup intéressant avec Lando Norris, c'est finalement Daniel Ricciardo qui décroche le volant à Woking. Les prétentions salariales et la tendance "déclinante" qui colle à la peau de l'Allemand depuis deux ans n'ont pu que desservir Vettel.
Daniel Ricciardo, visiblement pas très heureux chez Renault (dont l'avenir en F1 n'est pas assuré à la lumière de la conjoncture actuelle) et qui n'a pas non plus convaincu après une saison 2019 très mitigée, rejoint McLaren pour un contrat "pluriannuel". Le retour du V6 Mercedes chez les oranges a pu aussi séduire l'Australien. Le départ de Ricciardo, dont le recrutement a coûté une coquette somme au losange, n'est visiblement pas très apprécié par Cyril Abiteboul qui a commenté son départ en rappelant la nécessité, en F1, de la "confiance réciproque, la solidarité et l'engagement".
Qui chez Renault ?
Reste maintenant à savoir qui rejoindra Esteban Ocon : Vettel est une belle option, mais Renault va sans doute être très contraint au niveau budgétaire. La promotion d'un pilote de l'Académie, comme Christian Lundgaard, pourrait aussi être envisagée, à partir du moment où Esteban Ocon est considéré comme suffisamment solide pour assumer un rôle de leader. D'autres rumeurs plus improbables circulent, comme un Bottas qui pourrait venir s'y échouer au cas où Mercedes prendrait Vettel !
Reste enfin la méga cote : un retour de Fernando Alonso. Les liens entre l'espagnol et Renault restent très forts, comme ils n'ont pas manqué de le rappeler ces derniers jours dans des publications twitter qui ne sont pas passées inaperçues. C'est la seule écurie usine où il n'est pas grillé et qui conserve un bon souvenir de lui. Néanmoins, Alonso, à bientôt 40 ans, ne reviendrai qu'à la condition expresse d'avoir immédiatement une voiture pour jouer la gagne, ce que Renault n'est pas en mesure d'offrir... Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises !
Image : F1