C'est sans aucun doute ce qu'il faut avoir en tête lorsque l'on prend connaissance des propositions stratégiques présentées dans une lettre par le fonds ADW Capital Management au FCA Group et qui ont été dévoilées par Bloomberg News, qui a pu se procurer le document.
Visionnaire ou hérétique ?
En somme, Adam D.Wyden, président de ADW, estime que FCA devrait se recentrer sur ses activités américaines, qui sont les plus lucratives, en se délestant de ses marques européennes comme Alfa Romeo et Maserati, jugées insuffisamment rentables. L'idée à minima consisterait à les regrouper dans une marque sportive à part entière, ou de carrément les vendre, ce qui relancera sans doute ce vieux serpent de mer.
Tout en lui reconnaissant une importance "sentimentale et historique" (peu de choses dans le monde de la finance), Fiat pourrait être rapproché d'un constructeur européen - Peugeot est cité en exemple - tandis que le reste du groupe, afin de faire de substantielles économies d’échelles, chercherait à fusionner avec un géant US, soit GM soit Ford. Il propose de surcroît que le groupe soit rebaptisé Jeep-RAM, afin de le valoriser à travers ses marques les plus rentables. Enfin, Wyden déplore que le capital FCA soit trop européano-centré et insuffisamment ouvert à de nouveaux investisseurs, américains en priorité.
Cette prospective audacieuse est à relativiser à l'aune de ce que représente ADW: créé en 2011 seulement et présent dans le capital de FCA depuis 2014 (ce qui suffit à ADW pour se présenter comme un investisseur historique !), ADW gère un portefeuille estimé à 150 millions de dollars (une goutte d'eau dans l'océan de la finance) et ne figure même pas dans les 100 premiers actionnaires du groupe FCA. Il ne s'agit donc pas d'un poids lourd capable de peser sérieusement sur la stratégie du groupe.
L'avenir de FCA au centre des rumeurs
Néanmoins, cette déclaration tapageuse met en lumières certains aspects du groupe FCA : force est de constater que le groupe est tiré vers le haut et extrêmement dépendant du dynamisme du marché nord-américain (il représente à lui seul 97% des bénéfices de FCA sur le 3e trimestre !) tandis qu'il s'essouffle fortement sur les marchés européens et asiatique. Sur ce dernier, les résultats sont mauvais avec une chute du CA de 30% au 3e trimestre et des bénéfices nets quasiment nuls (voire négatifs après impôts).
Les complaintes de Wyder sur le blocage du capital rappellent en effet que FCA est contrôlée par Exor NV , de la famille Agnelli, qui détient plus de 50% des droits de vote. C'est d'ailleurs par ce point que la lettre de Wyder commence. Ses intentions montrent bien qu'il s'agit avant tout d'une stratégie financière court-termiste puisque Wyder affirme clairement la nécessité pour FCA de "changer sa base d'investisseurs", de valoriser rapidement les dividendes, tout en reprochant aux investisseurs européens -majoritaires - de ne pas "reconnaître la valeur et l'importance des marques américaines".
Les rumeurs en tous genres s'accélèrent sur l'avenir de FCA, qui n'a pas réagi davantage à cette lettre, réaffirmant sa volonté de rester indépendante et de poursuivre son plan quinquennal de relance dont l'échéance est fixée à 2022.
Source : Bloomberg et Clubalfa.it