La TTE c'est quoi ? C'est l'acronyme de la Taxe de Transition Energétique. Cette TTE concerne la Nouvelle Calédonie et a été créée en 2018 pour s'additionner aux différentes taxes sur les carburants. Sauf que le Gouvernement de Nouvelle Calédonie veut transformer cette TTE en TET. Un petit changement d'ordre dans les lettres qui change pas mal de choses. D'un montant fixe, la TTE comprendrait une part variable en devenant Taxe d'Equilibre Tarifaire.
Le but du Gouvernement est de financer Enercal (la Société néo-calédonienne d'énergie) et la transition énergétique du territoire. Encore une fois les automobilistes ont l'impression de servir de vache à lait pour financer tout et n'importe quoi, sans lien avec l'automobile.
Résultat, la grogne est montée rapidement et des manifestations et blocages ont lieu. A Nouméa ce jeudi 21 mars 2024, une grande manifestation a eu lieu devant le Congère où se tenait une séance extraordinaire. On a aussi deux dépôts de carburant qui sont bloqués et certaines stations carburant sont déjà "à sec". Il faut dire que le collectif communique très bien et agite le chiffon rouge de la pénurie. La prophétie autoréalisatrice est en route.
L'examen du texte a été repoussé face à la grogne. Mais les manifestants veulent un retrait pur et simple de cette nouvelle taxe. La partie variable pourrait plus facilement être ajustée pour engranger toujours plus de rentrées d'argent, renchérissant un carburant déjà cher, et diminuant un pouvoir d'achat des Calédoniens déjà 28% plus bas qu'en Métropole. Le collectif appelle d'ailleurs le Gouvernement à acter par écrit qu'il renonce à "toute nouvelle disposition (taxes, réforme du RUAMM, imposition, etc.) venant impacter directement et immédiatement le pouvoir d’achat des Calédoniens" selon Jean-Christophe Niautou, un des membres fondateurs du collectif Agissons solidaires.
Une fronde où se mêle coût de la vie et indépendantisme
Agissons solidaire n'est pas le seul à mener la fronde. Le syndicat des rouleurs et du BTP s'est en effet joint au mouvement et la population locale les soutient. Il y a comme un parfum de Gilets Jaunes en Nouvelle Calédonie en ce moment. Les transporteurs one lancé des opérations de barrages filtrants sur certains ronds-points et aux abords des dépôts. Preuve de la peur du Gouvernement, les Gendarmes ont été rapidement mobilisés, et en nombre pour dégager certains blocages et protéger avec des barrières anti-émeutes le Congrès.
La situation n'est pour autant pas entièrement blanc et noir puisque certains indépendantistes sont pour la TET, mais contre le dégel du corps électoral et à la révision constitutionnelle. C'est en effet un autre point d'accrochage puisque certaines personnes sont pour un "dégel du corps électoral". Cela a d'ailleurs poussé l'Assemblée Nationale (Paris) à repousser les élections provinciales de mai à décembre (maximum) prochain. La situation actuelle fait qu'environ 20% de la population n'a pas le droit de voter. C'est le résultat de négociations avec les Kanaks suite aux "tensions" des années 80.
Pour en revenir au carburant, cette taxe semble être une goutte d'eau qui fait déborder le vase encore une fois. Plus symbolique qu'autre chose, cette décision toucherait un peu plus au sentiment de liberté que procure la bagnole. Même un centime c'est déjà trop.
Au 1er mars, le litre d'essence a été relevé d'1 Francs pour atteindre 165,5 Francs. Le gazole de son côté a pris 3 Francs et s'affiche à 148,3 Francs. Pour rappel, le Franc Pacifique vaut 0,0083 € à date et cela met donc le prix de l'essence à 1,38 €/l et le gasoil à 1,23 €/l. Des prix qui peuvent faire rêver les Métropolitains mais qu'il faut rapporter à un coût de la vie un tiers plus cher en Nouvelle Calédonie.