Le projet Forza Rossa a connu de nombreuses embuches. L'un des principaux parrains du projet, c'était Victor Ponta. Or, dimanche soir, le premier ministre Roumain a été battu par Klaus Lohannis lors de l'élection présidentielle. De quoi doucher les derniers espoirs de voir Forza Rossa sur la grille.
La Ferrari roumaine
Forza Rossa débarque sur les écrans de radar en juin dernier. L'homme-fort du projet était Ion Bazac. Diplômé en médecine et en commerce, Bazac a été un expert roumain sur les questions de sécurité sociale. Il fut brièvement ministre de la santé, avant de démissionner lors d'un remaniement. Il s'est ensuite reconverti comme importateur Ferrari pour la Roumanie. L'écurie devait donc utiliser des moteurs italiens et jouer les tifosi (comme la Scuderia Italia dans les années 80.)
L'idée générale était de créer une équipe romano-roumaine. Victor Ponta, proche de Bazac, devait pousser l'état Roumain a ouvrir les vannes. Premier ministre en exercice, il était candidat -et favori- pour la présidentielle. Le 3e personnage, c'était Colin Kolles. Manager chevronné, d'origine roumaine, c'était un casting idéal. Il était notamment chargé de rassurer la FIA sur le sérieux du dossier.
Pragmatisme
Créer une écurie ad hoc, cela coute cher et cela demande beaucoup de moyens. D'ailleurs, les 3 "nouvelles écuries" de 2010 (Caterham, HRT et Marussia) ont fait naufrage. Et la FIA est très regardante sur les nouveaux entrants. Mieux vaut racheter une écurie, quitte à n'en garder quasiment rien. Au même moment, Tony Fernandes voulait lâcher du lest. Caterham avait des infrastructures et surtout, un contrat avec un motoriste (Renault) pour 2015.
Le problème, c'est qu'en pleine campagne présidentielle, Ponta ne voulait pas se lancer dans un projet aussi risqué politiquement.
Du coup, c'est Engavest, une boite postale en suisse, qui racheta l'écurie. Christijan Albers (qui a piloté pour MF1 et Spyker -2 écuries managées par Kolles) fut nommé team-manager. A ses côtés, le bras droit de Kolles, Manfredi Ravetto. Albers déclarait aux médias qu'ils représentait un pool de particuliers venus du Moyen-orient.
Une écurie ne peut pas changer de nom en cours d'année. Caterham F1 devait attendre l'intersaison 2014-2015. Un déménagement (dans les locaux de Kodewa, la structure de Kolles ?) était prévu.
Grain de sable
L'idée générale, c'était de créer une nouvelle société, Caterham Sports LTD (CSL), de lui "vendre" les biens de Caterham F1, puis de la rebaptiser Forza Rossa. A la tête de CSL, il fallait un homme de paille. Ce fut Constantin Cocojaru, ex-footballeur vedette Roumain, devenu balayeur. Homme discret, qui se contentait d'un salaire de 1000€ par mois, il était parfait.
Le problème, c'est que les finances de Caterham F1 était dans le rouge. Il fallait accélérer la "vente". Or, Ponta refusait de faire un chèque à 1 mois des élections. Bazac ne voulait pas non plus bouger. Quant à Kolles, sautant le vent tourner, il a préféré quitter le navire. Comme il est toujours passé par des intermédiaires, il pouvait donc nier son implication. Ravetto s'est lui aussi éjecté. Et voilà Cocojaru débarquant au tribunal de commerce sans la moindre livre sterling en poche.
Epilogue
Caterham F1 s'est engagé pour le championnat 2015 sous le nom de "1Malaysia Racing Team". C'est le nom officiel de Caterham F1, depuis ses débuts (lorsqu'elle s'appelait Lotus Racing.) Cela signifiait que le rachat par Forza Rossa a vécu (et qu'aucun autre repreneur ne s'est présenté.)
Et dimanche dernier, à la surprise générale, Ponta a été battu. Bazac perdit son soutien financier. De quoi doucher tout espoir de voir malgré tout Forza Rossa sur la grille.
Crédits photos : Forza Rossa (photos 1 et 2) et Caterham (photos 3, 4 et 5.)
Source :
Joe Saward