F1 : le GPDA dénonce les sanctions pour les "écarts de langage"
Une lettre ouverte de l'Association des pilotes de Grand Prix appelle la FIA à traiter les pilotes de F1 comme des « adultes »
Une lettre ouverte de l'Association des pilotes de Grand Prix appelle la FIA à traiter les pilotes de F1 comme des « adultes »
Les pilotes de Formule 1 ont appelé le président de la FIA, Mohammed Ben Sulayem, à « réfléchir à son propre ton et à son propre langage » dans un communiqué de l'Association des pilotes de Grand Prix, à la suite d'une controverse sur les jurons.
Une déclaration publiée sur la page Instagram du GPDA montre l'unité des pilotes avec Max Verstappen alors que le Néerlandais a reçu des travaux d'intérêt général de la part de la FIA pour avoir mal parlé lors de la conférence de presse à Singapour, ce qui avait poussé le champion du monde à « troller » les conférences de presse suivantes en répondant dans un style très « raikkonien ».
Charles Leclerc a également été condamné à une amende de 10 000 € pour avoir juré lors de la conférence de presse d'après-course au Mexique, dont la moitié a été assortie d'un sursis de 12 mois à condition qu'il n'y ait pas de récidive. On se croirait dans le film Demolition Man, où le personnage joué par Sylvester Stallone, qui se réveille après 40 ans de cryogénisation dans un futur dystopique, découvre l’appareil qui automatiquement inflige des amendes pour « atteinte au code de moralité du langage ».
Le communiqué déclare que la FIA devrait être plus disposée à traiter les pilotes comme des adultes, faisant référence également aux rappels à l'ordre en 2022 sur le port de bijoux dans la voiture - qui semblaient viser Lewis Hamilton. Le communiqué indique que, bien que les pilotes aient accepté de se conformer à la « décision de l'arbitre », le GPDA souhaite collaborer avec la F1 et la FIA pour garantir que toutes les décisions soient au bénéfice du championnat et de son spectacle. On remarquera le complément de phrase qui suit le mot arbitre: « qu'ils l'apprécient ou non ». On a la réponse)
Le GPDA a également indiqué qu'il était mécontent de l'imposition d'amendes aux conducteurs, notamment parce qu'il estimait que l'utilisation de ces amendes n'était pas totalement transparente. L'organisation a demandé à Ben Sulayem de « faire preuve de transparence financière » dans l’utilisation de l’argent provenant des amendes, et que toutes les parties prenantes soient d’accord sur l’endroit où cet argent doit être placé.
Quand on connaît le contentieux déjà bien chargé qui existe entre Mohammed Ben Sulayem et les équipes de F1 ainsi que Liberty Media – que ce soit sur l’affaire Andretti, l’enquête menée sur la femme de Toto Wolff, ect – on imagine que cette diatribe des pilotes a été largement plébiscitée par les teams managers, afin d’isoler encore un peu plus Ben Sulayem.
Qu’en penser ? Il est certain que rien n’échappe désormais à l’enregistrement et éventuellement à la diffusion, dans un monde hyper connecté comme le nôtre. On rappellera que la diffusion des GP, depuis de nombreuses années, laisse passer des communications radios qui comportent souvent des termes incorrects « bipés ». Quelques semaines plus tôt, le président de la FIA avait déjà tancé la F1 pour sa complaisance face au langage fleuri fréquemment utilisé par les pilotes, ne voulant pas que le sport auto soit assimilé à « la musique rap" Nous ne sommes pas des rappeurs. Ils disent le mot F*** combien de fois par minute ? Nous ne sommes pas sur ce terrain. ".
Néamoins, les messages radios sont diffusés en léger différé, permettant de contrôler davantage son contenu. Pour les propos en conférence de presse, c’est différent car on ne peut anticiper un « dérapage ». Les pilotes jurent-ils plus qu’auparavant ? Oui, on a l’impression tout de même que le niveau de langage s’est quelque peu relâché par rapport à certaines époques où il y avait davantage de retenue. Mais c’est quelque chose de global, que l’on constate dans de nombreux autres domaines. En France, la ligue professionnelle de football essaye de combattre les propos « homophobes » que l’on entend dans des chants de supporters.
La Formule 1 a toujours été considérée comme un monde sportif un peu plus « smart », feutré, bien que les grandes gueules et les fortes têtes soient légion. Néanmoins, la nouvelle génération, portée par Verstappen et d’autres, semble en effet avoir le juron un peu plus facile en public que la génération Schumacher-Hakkinen ou même que la génération Prost, en tous cas pour ce qui est des propos tenus en public. Par contre, ça se « mettait » davantage sur la figure, dans une pulsion cathartique. On imagine néanmoins que ça devait bien jurer sous les casques à Suzuka 89 ou 90…
Bref, l’affaire des jurons semble être surtout un nouveau prétexte pour entretenir cette lutte d’influence entre la FIA et la F1. La FIA veut-elle également détourner l'attention d'autres problèmes...ou la bienpensance a-t-elle gagné du terrain ?
Le GPDA, l'association des pilotes, a diffusé une lettre ouverte à Mohamed Ben Sulayem, le président de la FIA, qui n'est sans doute pas en odeur de sainteté dans le paddock. C'est cette fois-ci la polémique autour des sanctions infligées à Verstappen et Leclerc pour des écarts de langage, qui a motivé cette prise de position publique.
Retrouvez tous les soirs une sélection d'articles dans votre boite mail.