Euro 7 : pourquoi la France dit non ?
par Thibaut Emme

Euro 7 : pourquoi la France dit non ?

Réel coup de poing sur la table ou bluff ? La France, ainsi que sept autres états européens s'opposent à l'introduction de la norme Euro 7. Pourquoi ?

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Cela fait plusieurs mois que les grands constructeurs européens se montrent frileux (euphémisme) face à la future norme d'émissions polluantes Euro7. Désormais, huit pays les suivent et les soutiennent enfin et officiellement. La France, au côté de la Hongrie,, l’Italie, la République tchèque, la Roumanie, la Slovaquie, la Pologne et la Bulgarie ont décidé de s'opposer à l'introduction des limites plus draconiennes.

En effet, selon ces pays, la norme Euro7 va demander d'ajouter du matériel dépolluant à la fois coûteux pour eux à développer et pour l'acheteur final, mais ne va finalement donner qu'un gain marginal par rapport à Euro6. De plus, cette norme Euro 7 est prévue pour ne durer que 10 ans puisqu'en 2035, pour le moment, les véhicules thermiques neufs seront interdit de vente.

Un gain négligeable pour un investissement trop important

Un investissement colossal pour pas grand-chose. Surtout, comme nous le disait Elisabeth, cela captera une partie des investissements prévus par les constructeurs sur le marché du véhicule 100% électrique. L'industrie automobile européenne est confrontée à une offensive des constructeurs chinois (entre autres) dans le domaine du véhicule électrique. Pour y répondre, ils vont devoir concentrer leurs forces. L'Euro7 serait donc selon eux un inconvénient.

L’ACEA (Association des constructeurs européens d'automobiles) a demandé au cabinet britannique "Frontier Economics" d'estimer le surcoût de Euro7 pour nos voitures. Selon les constructeurs européens, cela irait de 1 860 € pour un véhicule essence à 2 670 € pour un véhicule Diesel. Autant pour les grandes familiales et les grands SUV, ce surcoût serait "indolore", autant pour les petits segments, cela signifierait la mort des véhicules accessibles. Déjà qu'il n'y a plus de véhicule abordable, on se retrouverait avec des voitures 10 à 15% plus chères.

Bataille de chiffres

Or, Thierry Breton et la commission Européenne estime de son côté que le surcoût ne serait que de 100 à 150 €. Un sacré écart tout de même avec un facteur 10 à 20 entre les estimations de la commission et celles de l'ACEA. Alors qui a raison ?

En outre, selon Bruxelles, Euro 7 permettrait de baisser de 35% les émissions de NOx (oxydes d'azote) du parc roulant d'ici 2035. Selon l'ACEA, c'est impossible, surtout si on renchérit le prix des voitures neuves. Selon eux, il vaut mieux favoriser le passage à Euro 6 pour remplacer les véhicules les plus anciens, et pousser le véhicule 100% électrique. D'après les calculs de l'association, cela pourrait permettre de faire baisser de 80% les émissions de NOx du parc roulant d'ici 2035.

L'ACEA a donc beau jeu d'agiter le chantage à l'emploi. L'automobile en Europe c'est encore 13 millions d'emplois directs et indirects soit 7% des emplois en Europe. Si on ne prend que les emplois de production, cela monte à 11,5% ou 3,4 millions de postes. Passer à Euro7 serait donc une menace sur ces emplois.

L'Allemagne, la grande absente

Les huit pays ont donc décidé d'emboîter le pas de l'ACEA et de soutenir son industrie automobile. Vous aurez remarqué que dans la liste des contestataires, on ne trouve pas l'Allemagne.

"Nous nous opposons à toute nouvelle règle sur les gaz d’échappement (y compris de nouvelles obligations sur les conditions de tests ou de nouvelles limites d’émissions) pour les voitures et les utilitaires légers", ont fait savoir les États en question dans un document de travail.

Cela rejoint la position du Président Emmanuel Macron qui plaide pour une "pause" dans les réglementations environnementales (phrase prononcée le 11 mai dernier). "J'appelle à la pause réglementaire européenne. Maintenant, il faut qu'on exécute. Il ne faut pas qu'on fasse de nouveaux changements de règles parce qu'on va perdre tous les acteurs".

Il faut dire que tout changement de norme pousse les industriels à se poser la question de la pertinence des investissements. Pertinence technique, mais aussi pertinence de localisation. S'il faut compenser une hausse du coût de production, délocaliser peut alors être une solution. Et tant pis pour les emplois locaux.

Elle a quoi de terrible cette norme Euro7 ?

La norme Euro7 prévoit de baisser les seuils des émissions polluantes. C'est déjà un investissement pour s'y conformer. Mais, elle stipule également que la norme doit être respectée dans toutes les conditions, même certaines absolument "extrêmes" pour la technologie comme l'altitude, la température, une forte charge, une masse tractée, etc. En gros, il faut que dans le monde réel, les normes des laboratoires soient respectées.

Une norme ultra-castratrice qui favoriserait de fait les véhicules 100% électriques qui n'émettent pas de NOx par exemple à l'usage. Sauf que l'industrie n'est pas encore totalement prête pour le tout électrique. De plus, Euro7 introduit la pollution des freins et des pneus dans les émissions globales du véhicule. Sur ce point, les véhicules électriques seront concernés.

Alors réel bras de fer de ces pays contre l'Europe ? Ou bien cela va-t-il faire pshit comme pour l'opposition à l'interdiction des véhicules thermiques ? Réponse sous peu.

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Pour résumer

Huit pays ont décidé de suivre l'avis de l'industrie automobile européenne et de s'opposer à la norme Euro7 voulue par l'Europe. Surtout que cette norme ne servira finalement que jusqu'en 2035, date de l'interdiction des véhicules thermiques neufs.

Euro7 est très draconienne et selon l'ACEA, le gain sera marginal pour un surcoût trop important. Cela empêchera l'industrie automobile d'investir dans le véhicule 100% électrique. Des emplois sont en jeu.

Thibaut Emme
Rédacteur
Thibaut Emme

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