C'est avant tout par sa praticité que le premier Nissan Prairie (N10) se distingue à son lancement en 1981. Basé sur la génération N12 de la Sunny présentée l'année précédente, il ressemble fort au croisement entre un break et une camionnette. De la première catégorie, le Prairie reprend la grande capacité de chargement, et de la seconde les portes arrières coulissantes facilitant l'accès à bord. Mais là ne sont pas ses seuls atouts : le nouveau venu se distingue également par l'absence de montants B entre les portes avants et arrières, une séparation se créant uniquement sur les premières modèles par les ceintures de sécurité des passagers avants descendant du plafonnier (ensuite supprimée par l'intégration des ceintures aux sièges).
Loin de souhaiter le cantonner au seul marché nippon, Nissan présente le Prairie sur plusieurs salons internationaux, et récolte à chaque fois un accueil enthousiaste. Aussi sera-t-il commercialisé aux Etats-Unis sous le nom de Stanza Wagon, au Canada où il se nomme Liberty, mais aussi en France à compter de 1983 sous son nom de baptême, Prairie. Cette première génération est doté de plusieurs gadgets intérieurs typiques des japonaises de l'époque même si l'on échappe tout de même au tableau de bord entièrement électronique. Mais l'on retrouve tout de même un frein à main que l'on actionne via un levier encastré dans le tableau de bord (on retrouvera le même système entre autres sur le monospace Honda Edix/FR-V de 2004), ou encore des manivelles de vitres arrières escamotables.
Disponible au Japon tant en boîte manuelle à cinq rapports qu'en boîte automatique, le Prairie sera distribué sur le marché local dans le réseau Nissan Bluebird pour ses débuts, puis également dans le réseau Nissan Blue Stages dans un second temps. De notre côté, nous n'aurons droit en France qu'à la boîte manuelle et à un niveau de finition évolué offrant de série les vitres électriques teintées, les barres de toit ou encore la sellerie velours. De même, la seule motorisation disponible à sa commercialisation dans l'hexagone fin 1983 est le 1.8 litre atmosphérique de 88 chevaux (90 à compter de 1985), tandis que les autres marchés ont le choix entre des moteurs 1.5, 1.6 ou encore 2.0 litres pour mouvoir un poids contenu sous la tonne, mais de justesse...
Proposé à 80 000 francs, le Prairie SGL (pour Super Grand Luxe) aux qualités indéniables est pourtant trop cher pour représenter une alternative crédible aux breaks sur le marché français... A titre de comparaison, une Peugeot 305 GT break se vendait alors aux alentours de 75 000 francs. Mais c'est aussi et surtout l'avènement du Renault Espace en 1984 qui porta le coup de grâce au Prairie premier du nom, celui-ci étant alors supplanté question praticité, mais aussi et surtout question modularité, et ce même si la nouvelle trouvaille de la Régie ne connaît pas immédiatement le succès... Pour autant, la génération M10 continua bon an mal an sa carrière dans l'hexagone jusqu'en 1988.
Une déclinaison à quatre roues motrices sera proposée à compter de 1985, motorisée par le 2.0 litres de 97 chevaux, et reconnaissable, outre sa garde au sol rehaussée, à ses feux avant et sa calandre spécifique. Doté d'un essieu arrière lui étant spécifique, le Prairie 4WD reste une traction en conditions normales, mais il suffit que le conducteur appuie sur un interrupteur dédié situé sur le pommeau de levier de vitesses pour qu'il passe en transmission intégrale. Bien que cette version n'ait jamais été commercialisée en France, elle fut toutefois proposée sur les marchés environnants, et notamment en Suisse et en Autriche. Une série spéciale baptisée 'Nordica' sera d'ailleurs dédiée à ces marchés en 1987.
En 1988 apparaît la deuxième version, qui cette fois présente un style ne laissant plus planer aucun doute ; on a bien là un vrai monospace, délaissant le capot conventionnel de son aîné pour un modèle plongeant à la manière du Renault Espace ou du Chrysler Voyager tandis que les montants B, absents de l'aïeul, font leur apparition. Et si le style de la première génération était ancré dans les années 80, tout en arètes, celui de la seconde amorce la vogue du bio-design, que l'on retrouvera sur bon nombre de nippones de la décennie suivante.
Mécaniquement, cette nouvelle version embarque en France un moteur 2.0 litres développant 100 chevaux, tandis que les versions japonaises et américaines peuvent également être mues par un 2.4 litres et disposer en option de la transmission intégrale. Et si cette deuxième génération fut commercialisée de 1990 à 1996 au Canada, les américains n'auront pu la découvrir que durant la seule année 1990, mais en bénéficiant de série de ceintures de sécurité dotées d'un mécanisme d'ajustement électrique, système indisponible sur les autres marchés.
Enfin, une troisième génération baptisée Prairie Liberty fut commercialisée en 1998 au Japon, mais celle-ci sera plus simplement renommée Liberty dès novembre de la même année. Après six ans de carrière, il sera remplacé par le Nissan Lafesta.
Illustrations : Nissan