Cœur allemand

Non, les Rolls-Royce n'ont pas de capot plombé ou scellé. La preuve. La Phantom cache un V12 6,7l d'origine BMW. Après tout, l'ancien V8 (qui cubait également 6,7l) avait été emprunté à GM (mais cela, Rolls-Royce ne s'en vantait pas.) Le V12 allemand délivre 453ch et 720Nm. Il faut bien cela pour tirer 2 560kg à vide. La boite est une automatique 8 rapports, avec sélecteur au volant.

Pour mémoire, la Rolls Royce Phantom émet 347g de CO2. Elle consomme 22,9l aux 100km en cycle urbain, 10,2l aux 100km en extra-urbain et 14,9l aux 100km en cycle mixte. Mais a priori, les propriétaires n'ont pas de soucis pour s'acquitter du malus ou remplir le réservoir de 100 litres.

Which seat should I take ?

Conduire ou se faire conduire ? Là est la question en Rolls-Royce. Normalement, cette voiture est destinée aux personnes possédant un chauffeur. Il faudrait donc s'asseoir à l'arrière.

On peut ainsi profiter du confort (déjà évoqué) de la banquette arrière. On regrettera simplement l'absence de ceinture à bouclage actif, comme sur la Classe S. Sur les pavés parisiens, les roues gigotent. Mais à bord, on ne ressent rien du tout. Si l'envie vous en prenait, vous pourriez construire un château de cartes ! On domine la circulation, comme on le ferait dans un Range Rover. Et l'insonorisation est telle que l'on est coupé du monde.

Même dans les beaux quartiers, la voiture ne passe pas inaperçue. Certains badauds lèvent leurs téléphones portables pour l'immortaliser. D'autres s'écrient "c'est qui [à l'arrière] ? C'est qui ?" Dans leur logique, le passager d'une Rolls-Royce est forcément quelqu'un d'important, donc de célèbre. Les plus hardis collent leurs visages sur les fenêtres, aux feux rouges ! A la longue, cela énerve les chauffeurs. Et ils préfèrent les voitures avec vitres teintées.

On pourrait volontiers y passer de longues heures. Dire qu'en temps normal, cette voiture effectue surtout des Concorde-Champs Elysées et retour...

Par définition, un essai, c'est de la conduite. Le logement de la clef est à gauche du volant. Une impulsion sur "start" et... Rien. L'aiguille du compte-tours et quelques vibrations sur le plancher sont les seules indications que le moteur tourne. On se croirait à bord d'une électrique ! Impression renforcée par le cadran à l'extrême gauche, la "power réserve". Il s'agit en fait de la "réserve" d'accélération (pour pouvoir dépasser, par exemple) et non une question d'autonomie.

D'après Rolls-Royce, il ne lui faut que 5,9 secondes pour atteindre 100km/h et la vitesse de pointe est de 240km/h. Effectivement, elle réagit à la moindre sollicitation de l'accélérateur. Pour autant, adopter une conduite sportive en Phantom, ce serait comme vouloir courir un jogging en costume-cravate. C'est théoriquement possible, mais ce n'est pas du tout adapté. Ca n'avait pas empêché Nick Mason d'effectuer un tour du Nürburgring avec (en 14 minutes.)

Le volant est gros, mais sa jante est fine et la direction, très légère. Personnellement, elle me rappelle celle de la Mini ! On peut la conduire du bout des doigts.

Après, bien sûr, avec 5,8m de long, il faut prévoir large pour les virages. D'autant plus que le porte-à-faux arrière est important. Pour les créneaux, le radar de recul est couplé à une caméra en "vue d'oiseau". On peut ainsi voir le type d'obstacle(s) autour de soi.

Conclusion

La Rolls Royce Phantom est telle qu'on l'imagine : hyper-exclusive, à tout point de vue. Le chiffre à retenir, c'est 410 544€. A ce prix-là, il est normal que cette Phantom n'ait aucun gros défaut. A ce prix-là aussi, on quitte les critères classiques de jugement. L'acheteur de Rolls-Royce veut une Rolls-Royce, point. On l'imagine mal dépouillant les catalogues pour comparer les performances ou surfant sur le web afin de chercher un mandataire...

Pour ceux qui souhaiterait s'offrir un tour en Rolls, voici -à titre d'exemple- les tarifs d'Americar Prestige. Le minimum, avec chauffeur, c'est un forfait de 3 heures à 850€. L'heure supplémentaire est à 350€. L'entreprise réfléchit à une "formule Saint Valentin".

Quant à ceux qui souhaiteraient devenir chauffeur, sachez que cette Phantom est une VTC. Le terme de "limousine" n'a jamais existé dans la législation. Et suite au lobbying des taxis, le statut de chauffeur de grande remise (transport payant de passagers) a disparu. Pour conduire une VTC, il faut effectuer une formation de plusieurs mois.

Crédit photos : Joest Jonathan Ouaknine/le blog auto

Un grand merci à Americar Prestige.