Essai Jaguar XFR : athlétisme (3/3)
par Nicolas Meunier

Essai Jaguar XFR : athlétisme (3/3)

Notre essai s’est effectué en grande majorité sur des routes détrempées. Idéal pour une anglaise ! De quoi mettre à mal la motricité et la stabilité de toute propulsion de plus de 500ch… Cela dit, la XFR ne perd jamais de sa distinction, en toutes circonstances.

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Le trajet entre le parc presse de Jaguar et nos trajets d’essai habituels se fait dans une circulation dense. De quoi tester la souplesse et le confort de la XFR. Elle s’y révèle aussi à l’aise que ses sœurs aux motorisations plus modestes et d’une maniabilité toujours bluffante pour un modèle de ce volume. A ces vitesses, le V8 se tait pour mieux vous laisser profiter du système audio Bowers & Wilkins. La XFR est un salon raffiné, capable de se conduire sur un filet de gaz malgré l’énorme réserve de puissance disponible sous le pied droit. Et on s’en rend compte rapidement. Il est impossible d’appuyer à fond sur l’accélérateur dans une circulation dense plus d’une demi-seconde. On se laisse donc aller à ces allures tranquilles, profitant de la douceur de la boîte auto et de l’onctuosité du V8. Le confort d’une vraie limousine de luxe.

Viennent enfin les petites routes, où le tempérament sportif de la XFR peut s’exprimer. Le trafic inexistant permet de profiter de l’effet catapulte de l’accélérateur. Cela dit, la Jaguar ne perd jamais de son éducation. Le grondement du V8 devient perceptible et mélodieux sans jamais être sauvage. Quant à la suspension, elle sauvegarde vos lombaires en toutes circonstances. Seule la poussée qui vous incruste avec insistance dans le fauteuil tout confort donne un aperçu des performances.

Le revers de la médaille est un léger manque de ressenti. En effet, il convient d’être toujours attentif au volant de la XFR. Les remontées dans la direction sont si ténues que vous devez toujours être aux aguets pour sentir les limites du train avant. L’efficacité est au rendez-vous mais les routes très tortueuses ne sont pas son fort. Le gabarit et la masse sont alors les deux facteurs physiques limitants qui font qu’une berline de 1900kg ne sera jamais aussi à l’aise qu’une citadine fortement motorisée sur une spéciale du Monte Carlo. La technique est ici aussi simple que bourrin : faire tourner l’anglaise à coups d’accélérateur. Largement autorisé par la puissance, et même par l’ESP qui laisse dériver un peu la bête.

Dans ces circonstances, mieux vaut passer la boîte ne mode sport. Celui-ci n’est pas fondamentalement différent du mode Drive, très bien calibré. Cela dit, le mode plus dynamique rétrograde un peu plus tôt, vous autorisant de sortir des courbes serrées avec encore plus de vigueur. Une quasi-perfection qui rend le mode séquentiel presque inutile, d’autant que celui-ci, mal fichu (il n’y a pas de sélecteur, on le déclenche en actionnant les palettes), ne vous laisse pas toujours le choix du rapport.

Les lignes droites s’avalent à des allures ahurissantes, facilement réduites grâce à un freinage qui ne souffre pas la critique, largement à la hauteur du poids plutôt élevé. En sortie de virage, gare à une accélération trop brutale avant le point de corde. La XFR passe ses 510ch aux seules roues arrière et ça se ressent. Certes, l’antipatinage fait son travail mais on n’est jamais à l’abri d’une surprise. Et c’est évidemment quand on ne s’y attend pas qu’on peut se faire piéger. En effleurant l’accélérateur à basse vitesse sur un passage piéton mouillé, par exemple. La XFR n’est donc pas une auto à mettre entre toutes les mains. Mieux vaut avoir une petite habitude de la conduite de voitures puissantes.

Il est d’ailleurs étonnant que Jaguar n’ait pas prévu une position « zéro glisse » pour les systèmes électroniques. Pour une auto qui doit pouvoir servir de voiture de maître à l’occasion, c’eût été préférable… Cela dit, ces ruades légères du train arrière font partie de son charme. Un pur-sang qui doit s’apprivoiser, se laisser dompter, pour le plus grand bonheur de son pilote. Mais peut-on réellement parler de pilotage ? La XFR offre un tel niveau de confort que le ressenti est très intellectuel. Le plaisir rare d’aller vite, voire très vite, sans être secoué. Car la suspension ne sacrifie rien au confort par rapport à ses sœurs moins puissantes. Il n’y a que sur route très dégradées (pour ne pas dire défoncées) qu’on ressent un tarage légèrement plus ferme.

Au final, la XFR est offre à part, d’une voiture extrêmement confortable aux performances de sportives. Moins chère d’environ 10 000€ que ses concurrentes directes et plus élégante esthétiquement, elle a également le bon goût d’oublier sa puissance si on veut la conduire sur un filet de gaz. La distinction en toutes circonstances, à un niveau rarement atteint. Des performances qui réclament leur dose de carburant, puisque le V8 a englouti près de 20l/100km lors de notre essai. La XFR séduit par ses deux visages, placide berline de luxe qui peut devenir très pressé si l’envie se fait sentir, sans jamais perdre de sa superbe. Une sorte d’idéal pour un certain type d’automobilistes.

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Notre essai s’est effectué en grande majorité sur des routes détrempées. Idéal pour une anglaise ! De quoi mettre à mal la motricité et la stabilité de toute propulsion de plus de 500ch… Cela dit, la XFR ne perd jamais de sa distinction, en toutes circonstances.

Nicolas Meunier
Rédacteur
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