Avec l’Ibiza Cupra, SEAT compte bien revenir sur le devant de la scène des citadines pimentées. Convaincante dans sa version standard, l’Ibiza se présente, sur le papier du moins, comme une bonne base pour une petite voiture amusante. Spécificité : elle est la seule de sa catégorie (en attendant ses cousines Volkswagen Polo GTI et Skoda Fabia RS) à disposer d’une boîte automatique, en l’occurrence la fameuse DSG du groupe Volkswagen, à sept rapports dans ce cas. Nous avons voulu l’opposer à deux de ses rivales, l’incontournable Renault Clio RS et l’Abarth Grande Punto Esseesse.
Commençons donc par un tour du propriétaire de cette Ibiza Cupra. SEAT nous a prêté sa citadine sportive dans une version Bocanegra, présentant un entourage de calandre laqué en noir brillant. Cela change agréablement la face avant, qui fait un peu moins tuning que sur la Cupra standard. On est tout de même en droit de penser que les 790€ supplémentaires réclamés pour cet artifice esthétique (la Cupra Bocanegra s’affiche à 24 235€ contre 23 445€ pour la Cupra) sont excessifs. Surtout que cette calandre mieux habillée ne peut cacher les deux ouvertures factices, disposées de part et d’autre de la bouche centrale. En plastique mat doté d’une grille à peine en relief, ces deux attributs sont loin d’être de bon goût, donnant un aspect tuning bas de gamme à la face avant. Dommage, on retrouve en plus ce genre de fausse grille à l’arrière. Très sage par ailleurs, la ligne est équilibrée. Il n’empêche que cet acharnement stylistique sur des parties faciles à modifier (en l’occurrence les boucliers) donne un aspect tuning malvenu à l’ensemble. Et pourtant on appréciait l’Ibiza de base…
A côté de cela, l’Abarth semble plus homogène. Les modifications, plus parcimonieuses, sont aussi mieux réparties. Cette Grande Punto n’est pas fondamentalement différente de sa sœur FIAT. Il n’empêche que cette sobriété paye. Dans ce rouge Velocità qui lui sied bien, l’Abarth se montre séduisante. A l’avant, les grilles latérales jouent aussi les faussaires. Mais mangées par les antibrouillards et peintes en noir brillant, elles passent beaucoup mieux que sur l’espagnole. L’arrière sobre, simplement réhaussé d’une double sortie d’échappement chromée et les jantes blanches spécifiques au kit Esseesse (qui fait grimper l’addition à 23 790€) parachèvent un ensemble simple mais globalement réussi. En tout cas, l’Abarth semble plus sportive que tunée, contrairement à la SEAT. Simplement, certains lui reprocheront de ne pas se distinguer assez d’un simple FIAT Grande Punto Sport.
Nous en étions à deviser de ces considérations stylistiques avec Yann, lorsque Christian est arrivé avec la Clio RS, mettant tout le monde d’accord. Habillée d’un jaune Sirius digne d’une supercar, notre Clio en jette. Les ailes élargies et l’absence de tout appendice de mauvais goût donnent une impression d’agressivité contenue, faisant passer l’Abarth et la SEAT pour de simples citadines déguisées. Rien ne semble superflu dans le dessin de cette Clio Trophy, même si le dessin un peu torturé du bouclier avant pourra diviser. A propos, qu’est-ce que la Clio Trophy ? Il s’agit d’une version avec châssis Cup (le plus affûté des deux châssis proposés sur la Clio RS), comprenant un pack d’équipements (démarrage sans clé, climatisation régulée, capteur de pluie, GPS) la mettant au niveau de la Clio RS Luxe, avec châssis Sport (moins ferme que le Cup). Cette version s’affiche à 24 430€ (auxquels il convient de rajouter 1 200€ pour les baquets Recaro optionnels dans le cas de notre modèle d’essai) alors qu’une Clio Cup de base s’offre à partir de 23 100€. Question tarif, nos trois protagonistes se tiennent donc dans un mouchoir, la Clio disposant du GPS et du démarrage sans clé absent sur l’Abarth et la SEAT.
Si l’extérieur est très différent pour les trois modèles, aucun intérieur n’est réellement enthousiasmant. Celui de l’Abarth est sans doute le plus chatoyant, grâce à son listel peint couleur carrosserie, orné d’un scorpion. Les sièges sont joliment dessinés, mais un peu trop proches de ceux d’un simple FIAT. Malgré cela, cet habitacle échoue à séduire autant que celui de sa petite sœur 500. La faute à des plastiques trop bas de gamme, en particulier celui ornant la console centrale, revêtu d’une peinture essayant vainement de représenter du carbone. Cela ressemble à un jouet chinois…
Dans la SEAT, bonjour tristesse. Si la finition est de qualité, que cette planche de bord est sinistre ! L’autoradio présente un aspect vraiment bas de gamme. Seule la sellerie aux coutures en losange rouge vient donner un peu de couleurs à ce tableau bien sombre, au propre comme au figuré.
L’habitacle de la Clio est très simple. Les lignes sont pures et la finition d’un bon niveau. Ici aussi, le gris prédomine mais Renault nous fait heureusement grâce de plastique imitation carbone. Les détails sympathiques se résument au point zéro brodé en jaune sur le volant. Pour quelque chose de plus chaleureux, il faudra attendre la Clio Gordini…
Ces trois intérieurs ont au moins la qualité de conserver les aspects pratiques et l’habitabilité de leurs versions plus roturières, un détail important au quotidien. Après tout, ces considérations stylistiques sur les plastiques semblent bien futiles. Ces modèles doivent avant tout répondre à deux impératifs : être un minimum pratique au quotidien pour ce qui peut être le véhicule unique de son propriétaire et, surtout, procurer de l’amusement derrière le volant. Passons donc vite au plat de résistance.
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