DR Motor puni par les autorités italiennes sur le "made in Italy"
Bien présent sur le marché italien, DR Motor est accusé de pratiques commerciales mesongères sur l'origine d'assemblage de ses modèles.
Bien présent sur le marché italien, DR Motor est accusé de pratiques commerciales mesongères sur l'origine d'assemblage de ses modèles.
Le « made in Italy » fait beaucoup de vagues ces derniers mois en Italie, à travers notamment le bras de fer entre le gouvernement italien et Stellantis, dont les deux moments forts ont été la polémique sur le crossover Alfa Romeo Milano, puis la saisie de 134 Fiat Topolino. Le premier, produit en Pologne, et le second, au Maroc, ont été accusés de « tromper » le consommateur en affirmant une « italianité » usurpée.
Mais un autre constructeur est aussi dans la tourmente en Italie : la DR Motor Company, qui est un « constructeur » automobile italien fondé en 2006 par Massimo Di Risio. Basée dans la région du Molise, dans le sud de l'Italie, DR assemble sous la forme du CKD (exportation en kit) des voitures à bas prix des constructeurs automobiles chinois Chery, JAC, BAIC, y compris des voitures entièrement électriques, avec des composants importés de ces sociétés.
La société a d’abord commercialisé ses voitures dans des hypermarchés avant de développer son propre réseau de distribution avec plus de soixante-dix concessionnaires et plus d'une centaine de services sur tout le territoire italien. La marque a écoulé 32 500 véhicules en 2023 (presque autant que Skoda et Suzuki), soit une hausse de 33% par rapport à 2022.
Le constructeur DR Automobiles faisait depuis plusieurs mois l'objet d'une enquête antitrust menée par l'autorité italienne de la concurrence (AGCM) pour avoir prétendument induit les consommateurs en erreur sur le lieu de fabrication de ses véhicules de marque DR et EVO. L'entreprise aurait présenté de manière incorrecte, tant sur son site Internet que dans ses campagnes publicitaires, des informations sur le pays où certains de ses modèles sont fabriqués, a déclaré l'AGCM. Et surtout, l’assemblage en kit fait en Italie a été remis en cause par une enquête.
Des clichés de voitures fraîchement sorties de conteneurs avaient été révélés, montrant des voitures qui n’avaient besoin que de logos sur le hayon et la calandre pour être prêtes à la vente. Pourtant, DR Automobiles soutenait fermement que ses véhicules étaient produits dans une usine située en Italie. Le rapport de l’organisation italienne en charge de la concurrence est assez accablant, indiquant que, depuis environ décembre 2021, DR Automobiles prétend que l'Italie est le lieu de production de ses véhicules. En réalité, ces voitures seraient fabriquées en Chine, à l'exception de quelques éléments de finition. Par ailleurs, il révèle que les modèles DR 3 et DR 5 ne sont en réalité que des versions rebadgées des Chery Tigo 2 et Chery Tigo 4 intégralement assemblés dans l’Empire du Milieu.
L'Autorité de la Concurrence et du Marché, après avoir clôturé l'enquête sur DR Automobiles , a infligé une amende de 6 millions d'euros à l'entreprise et à sa filiale DR Service & Parts. Dans la résolution Antitrust, les deux sociétés sont accusées « d'avoir mis en œuvre deux pratiques commerciales déloyales », dont l'une a coïncidé avec une forte augmentation des ventes des marques DR et EVO sur le marché italien.
En particulier, l'Antitrust "a constaté que DR Automobiles, dans le cadre des messages et/ou communications commerciales diffusés au moins à partir de décembre 2021 à travers divers canaux, a indiqué l'Italie comme origine et lieu de production effective des voitures commercialisées avec le Marques DR et EVO". Il s'agit cependant de voitures produites en Chine, "sauf interventions marginales de finition et de finition". Par ailleurs, DR Service & Parts et DR Automobiles sont accusés de ne pas avoir garanti à partir de 2022 « un approvisionnement adéquat en pièces de rechange ni une assistance après-vente correcte, à travers le réseau de concessionnaires et/ou d'ateliers agréés, y compris - entre autres - des services techniques adéquats ». Cette pratique peut entraver l'exercice des droits du consommateur, y compris le droit d'obtenir des réparations automobiles et une assistance après-vente adéquate, y compris dans le cadre de la garantie légale de conformité du produit acheté.
Le groupe Molise a immédiatement publié une note pour rejeter les accusations et annoncer son intention de contester la résolution. DR souligne qu'elle a offert "une disponibilité maximale, en proposant des engagements concrets visant à remédier aux préoccupations exprimées par l'Autorité, qui n'ont cependant pas été acceptées par cette dernière". En outre, l'entreprise souligne qu'elle n'a jamais « caché au public » l'origine de ses produits, également sur la base d'articles journalistiques, de reportages télévisés et d'informations divulguées sur d'autres chaînes. "En même temps, les campagnes publicitaires n'ont jamais eu pour but de faire connaître une prétendue production complète de voitures en Italie, mais plutôt de souligner le lien fort du groupe automobile avec notre pays et la région du Molise d'un point de vue propriétaire et historique", poursuit le groupe. En outre, DR entend "augmenter les phases de production en Italie" et agrandir "son centre industriel avec une nouvelle usine de production, en vue de développer de nouveaux modèles, y compris des modèles entièrement électriques".
Quant aux constats sur l'assistance après-vente et les longs délais d'attente pour les réparations, DR reproche à l'autorité de n'avoir pas « considéré que cela résultait de l'indisponibilité objective de certaines pièces de rechange" en raison de la « perturbation » de la chaîne d'approvisionnement des pièces de rechange pour le secteur automobile dans la période post-pandémique. Une situation commune à l'ensemble du secteur et en tout cas maintenant en phase d'absorption, comme le démontrent les données enregistrées par le Groupe dès 2023 et encore améliorées au premier trimestre 2024 qui montrent des délais moyens de livraison des pièces détachées d'un peu plus de deux jours".
Le propriétaire de DR Automobiles, Massimo Di Risio, a également voulu commenter le résultat de l'enquête : « Nous contestons pleinement la disposition AGCM que nous nous apprêtons à contester, confiants dans un renversement total." Le bras de fer n'est donc pas fini.
DR Motor propose depuis 2006 en Italie des modèles assemblés en kit importés de Chine. Sauf que les autorités italiennes de la concurence ont estimé que cet assemblage en Italie tant vanté dans la commuication de DR Motor était trompeuse. Une amende de 6 millions d'euros a été infligée à la société, dans un contexte tendu à propos du "made in Italy".
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