Un héritier
Né en 1952 à Genève, Mansour Ojjeh était le fils d'Akram Ojjeh, un homme d'affaires saoudien qui avait fait fortune dans les années 70 en tant qu'intermédiaire dans la signature de gros contrats d'armements contractés entre la France et le régime saoudien, par le biais de la société TAG (Techniques d'Avant-Garde), basée initialement au Luxembourg. Akram Ojjeh avait même acquis pendant deux ans le paquebot France et reçu la légion d'honneur pour ses services, à la lisière entre la diplomatie et les affaires.
Mansour Ojjeh, également Français par sa mère, prend la tête à la fin des années 70 de la holding TAG, qui commence à investir en Formule 1 avec Williams, à l'époque où l'écurie britannique est sponsorisée par de nombreux commanditaires saoudiens comme Fly Saudia et Albilad. Basée désormais en Suisse, la holding s'implique dans l'aviation et rachète même l'horloger Heuer pour former la célèbre marque TAG Heuer, qui cependant n'a plus de liens aujourd'hui avec l'entité.
Dream team McLaren
Mais le grand flair de Mansour Ojjeh, c'es d'avoir cru dans le potentiel du "project Four" de Ron Dennis, l'ancien mécanicien de Jack Brabham devenu patron de McLaren et qui ambitionne au début des années 80 d'en faire une grande équipe capable de surpasser Ferrari. En 1984, avec TAG, Ojjeh devient actionnaire de McLaren Group, qui cherche un partenaire motoriste afin de développer un moteur turbo capable de concurrencer Renault, Ferrari et BMW. Porsche est prêt à relever le défi mais ne veut pas endosser le coût de l'opération, qui est finalement supporté par TAG, créant pour l'occasion la structure TAG Turbo Engines Ltd. C'est donc sous le nom TAG-Porsche que ce V6 débute en 1984, remportant le titre mondial trois ans de suite avec Niki Lauda puis Alain Prost en 1984, 1985 et 1986.
Membre clé de McLaren aux côtés de Ron Dennis, Ojjeh s'implique dans la venue d'Ayrton Senna pour former un duo mythique avec Alain Prost. Il est encore là aussi quand McLaren scelle son union avec Mercedes au milieu des années 90. Après le départ de Ron Dennis, Mansour Ojjeh est resté un actionnaire important de McLaren, facilitant l'arrivée de fonds de Bahreïn dans le groupe McLaren actuel dirigé par Zak Brown.
« C’est avec une profonde tristesse que McLaren Racing annonce le décès de Mansour Ojjeh, actionnaire de McLaren depuis 1984, a fait savoir l’écurie britannique. "M. Ojjeh s’est éteint paisiblement ce matin à Genève à l’âge de 68 ans entouré de sa famille. L’ensemble des membres de McLaren se joint à sa famille pour pleurer sa disparition. L’équipe envoie ses plus sincères condoléances à ses proches ».
Zak Brown, PDG de McLaren Racing, a salué la mémoire d’un « vrai compétiteur (...) un titan de notre sport, doté d’une modestie désarmante avec tous ceux qui ont eu le plaisir de le rencontrer (...) Mansour restera une source d’inspiration constante à McLaren où son héritage est préservé car il est inscrit dans l’ADN et l’âme de l’équipe depuis près de 40 ans », a ajouté l'Américain.
Jean Todt, président de la FIA, a tenu à honorer « (son) ami Mansour Ojjeh, l'une des légendes de la F1 (...) un vrai gentleman qui sera regretté par tous ».
Une minute de silence lui a été dédiée aujourd'hui avant le départ du grand prix d'Azerbaïdjan.