Un sacré coup de volant
Jean-Pierre Jaussaud a accompagné une génération en or qui, du milieu des années 60 au début des années 80, a contribué au renouveau du sport automobile tricolore, dans le sillage de l'épopée Matra, d'Alpine puis des ambitions de Renault. Il possède un beau palmarès aux côtés des Henri Pescarolo, Jean-Pierre Beltoise, François Cevert et autres Johnny Servoz-Gavin, mais doit peut-être sa "moindre" notoriété auprès du gand public au fait de n'avoir jamais pu courir en Formule 1.
C'est presque par hasard que Jean-Pierre Jaussaud découvre le monde du sport automobille, d'abord lorsqu'il s'est chargé de transporter avec un camion de l'entreprise familiale une AC Bristol, puis en découvrant dans les colonnes d'un nouveau magazine paraissant à partir de 1962, un certain Sport Auto, que Jim Russell avait lancé son école de pilotage. Il se débrouille pour partir en Angleterre y faire un stage, où ses talents se révèlent, puis les planètes s'alignent quand Jean Bernigaud implante sur le circuit de Magny-Cours dans la Nièvre une "filiale" de l'école de Jim Russell, parrainée par Shell. Ce "Volan Shell", JP Jaussaud le remporte dès 1963 devant plus de 300 concurrents, ce qui lui ouvre de nombreuses portes.
Rapide, mais "trop gentil" ?
Il intègre la prestigieuse équipe Matra en 1965 et devient l'un des tenors de la Formule 3 nationale, mais décide de partir quelques annés plus tard. Trop "vieux" de quelques années par rapport à ses compères, il fut peut-être aussi trop altruiste, laissant parfois des opportunités de côté pour ne pas contrecarrer les ambitions de ses pairs.
En 1968, il remporte le prestigieux GP de F3 de Monaco sur une Tecno-Ford puis décroche enfin le titre de champion de France en 1970. Il passe alors en Formule 2 et n'est pas loin de décrocher le titre européen en 1972, sur une Brabham privée. Pourtant, malgré ses belles prestations, les portes de la F1 se refusent toujours à lui et à partir de 1973, il décide de se focaliser sur l'Endurance.
Le pilote normand ne renonce pas totalement à la monoplace, puisqu'on le voit encore de nombreuses années courir épisodiquement en Formule 2, en Formule 5000, en Formule Atlantique, dans le championnat anglais de F1 et même disputer une saison complète de Formule Ford en 1986, à 50 ans passés. Il sera même pilote-essayeur pour Renault F1 pendant la saison 1980.
Double vainqueur au Mans
C'est donc l'endurance qui a sa priorité à partir du milieu des années 70 et bien lui en a pris. Il termine 3e des 24 heures du Mans 1975 sur une Mirage-Ford, encore 3e en 1976 sur une Inaltera qu'il partage avec un certain Jean Rondeau, avant d'intégrer Renault Sport en 1976. Jusqu'en 1978, le projet Alpine d'Endurance a encore la priorité dans les efforts de la Régie avant de tout miser sur la Formule 1. Et cette année-là, il triomphe aux côtés de Didier Pironi sur l'Alpine-Renault A442. Quand Renault stoppe brutalement le programme Endurance pour tout miser sur la F1, Jean-Pierre Jaussaud rejoint l'aventure "folle" de son ami Jean Rondeau. Une autre belle histoire se joue deux ans plus tard, quand il contribue à la victoire de Jean Rondeau en 1980, le dernier à s'être imposé dans la grande classique de la Sarthe au volant de son propre prototype. Une saga brillamment racontée ici
Un vrai "mordu"
Passionné de compétition, très éclectique comme savaient l'être les pilotes de sa génération, Jean-Pierre Jaussaud a également été vu en Supertourisme (Champion de France Production 1979 sur une Triumph Dolomite et animateur régulier du championnat dans les années 80 sur des BMW, Ford, Alpine et Alfa Romeo), au Paris-Dakar (3e en 1982 sur Mercedes), en ralllycross, en autocross, en rallye, en course sur glace et aussi dans de nombreuses formules monotypes, du Trophée Peugeot 505 à la coupe Citroën AX en passant par la Turbo Cuo Porsche et même la Formule France en 2003. Ces dernières années, ce grand pilote avait aussi honoré de sa présence de nombreux évènements de courses historiques.
En rejoignant le paradis des pilotes et des amoureux de l'automobile, il y retrouvera sans nul doute son ami Alain Monnot, un grand confrère récemment disparu.
On partage ici ces belles confidences:
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Images : LBA, Renault Sport, pinterest