Daihatsu (et Toyota) dans la tourmente
par Nicolas Anderbegani
Une falsification d'envergure...

Daihatsu (et Toyota) dans la tourmente

Le constructeur automobile japonais Toyota, à travers sa filiale Daihatsu, voit son image ternie par un scandale après la révélation de falsifications de tests de sécurité.

Zapping Le Blogauto Essai MG ZS EV

De l'alerte au rapport accablant

Le constructeur automobile japonais Toyota se retrouve indirectement touché par un scandale touchant l'une de ses filiales, Daihatsu. Le spécialiste des "kei cars", des petites voitures très prisées au pays du Soleil levant, qui a produit plus de 1,7 million de véhicules dans le monde lors de l'exercice 2022-2023, annonçait subitement suspendre toutes ses livraisons en production au Japon et à l'étranger.

Au printemps dernier, suite aux révélations d’un lanceur d’alerte, Daihatsu avait admis avoir trafiqué des résultats de tests de collision pour certains modèles. Dans la foulée, une commission d'enquête indépendante avait été mise en place pour "clarifier pleinement la nature des irrégularités et identifier leur cause profonde".

Selon le rapport qui a été rendu public mercredi, l’ampleur de la malversation est sidérante. Ce ne sont pas moins de 174 irrégularités parmi 25 catégories de tests, dont les plus anciennes remontent à 1989 (!!!), qui ont été recensées. Elles concernent au total 64 modèles de véhicules, dont certains fabriqués pour le compte de Toyota, Mazda et Subaru.

Conséquence, le jeudi 21 décembre 2023, le ministère japonais des Transports a lancé une inspection au siège de Daihatsu. Dans son rapport, le groupe d'experts indépendants identifie plusieurs facteurs ayant conduite à cette dérive : la pression extrême due à un calendrier de développement excessivement serré et rigide, le manque d'expertise des dirigeants, les pressions exercées sur le personnel d’essais et le nombre de véhicules limité à disposition pour les essais de certification, ainsi qu’une culture d’entreprise interdisant l’échec.

Les excuses, avant la  sévère reprise en main

Le constructeur automobile a présenté le 20 décembre ses "plus sincères excuses" pour avoir "trahi la confiance" de ses clients. "Notre mauvaise conduite équivaut à du mépris", a regretté le président de Daihatsu, Soichiro Okudaira, avant de s'incliner longuement en signe de contrition. Dans une société japonaise où la notion d'honneur est centrale, et le déshonneur d'autant plus terrible, l’excuse publique est un passage obligé pour faire face dignement à ses fautes. Toyota s’est aussi soumis à cet exercice par le biais de son vice-président, Hiroki Nakajima, était également présent pour présenter les excuses officielles de l’entreprise, qui se serait bien passée de ce scandale.

Toyota a présenté ses "sincères excuses pour les désagréments et les inquiétudes que cette situation a causés » puis dénoncé « L’extrême gravité" de "la négligence de Daihatsu dans le processus de certification » qui a « ébranlé les fondements mêmes de l'entreprise". Autant dire que des têtes vont bientôt tomber ! La maison mère, Toyota, dont des responsables font partie du conseil d'administration de Daihatsu, sait qu’elle "ne pourra pas être exemptée de sa responsabilité de surveillance" de sa filiale, a expliqué à l'AFP Tatsuo Yoshida, analyste de Bloomberg Intelligence.

"Pour éviter que cela ne se reproduise (...) une réforme fondamentale est nécessaire pour revitaliser Daihatsu en tant qu'entreprise""non seulement revoir la gestion et les opérations commerciales, mais aussi l'organisation et la structure [de l’entreprise]", a affirmé Toyota.

Quelques années après le séisme du Dieselgate, voici une autre affaire qui montre les dérives de la rationalisation à l’extrême et de la chasse obsessionnelle aux coûts, dans un système de rentabilité court-termiste dicté par les fluctuations boursières. Et le retour de bâton est toujours le même, qu’ils s’agisse des moteurs truqués, de la faille des démarreurs Kia/Hyundai révélée par un challenge Tiktok ou des airbags Takata défectueux…Dans son malheur, Toyota n'est pas directement visé sur ses véhicules, et Daihatsu reste un constructeur moins médiatique, mais la gifle est réelle pour un constructeur qui soigne à ce point son image de probité.

Vous cherchez un véhicule d'occasion ?

Retrouvez des milliers d’annonces sélectionnées pour vous aider à trouver le bon véhicule d’occasion.
Podcast Men Life
 

Pour résumer

Daihatsu est pris la main dans le sac, frappée par la révélation de vastes falsifications de tests de sécurité sur ses modèles, et ce depuis très longtemps ! Toyota, en tant que "maison mère", se trouve ainsi impactée par ce scandale.

La quotidienne

Retrouvez tous les soirs une sélection d'articles dans votre boite mail.