Les airbags Takata ont déjà coûté et vont encore coûter des milliards d'euros à l'industrie automobile mondiale. Les malfaçons qui entrainent un vieillissement prématuré du nitrate d'ammonium et font encourir un risque mortel en cas de déclenchement sont connus depuis 2014. Certains constructeurs ont pris le problème à bras le corps rapidement, principalement aux USA, mais en Europe, il semble que l'on a fait traîner les choses.
Sauf que le sujet rattrape tout le monde et depuis quelques semaines on ne parle que de Stellantis et surtout Citroën qui a lancé le rappel de 605 000 Citroën C3 et DS3 produites entre 2009 et 2019. Ces voitures que l'on croise tous les jours en France et en Europe sont des grenades dégoupillées pour les occupants, avec la possibilité d'avoir un airbag qui en se déployant projette des fragments (alias shrapnels) potentiellement mortels.
8 millions de véhicules bientôt rappelés ?
Le courrier de rappel et parti, plutôt alarmiste (genre "ne conduisez plus votre voiture") mais les propriétaires se sentent abandonnés en rase campagne par le constructeur. Les garagistes et concessionnaires aussi et il a fallu attendre avant que le groupe ne réagisse officiellement et communique sur la mise en place de 60 000 véhicules de prêt, dont 25 000 en France.
Un tel rappel massif, c'est très coûteux. Les Echos rappellent que Stellantis a provisionné près de 1 milliard d'euros pour les rappels Takata. Mais, selon le Parisien, et confirmé par BFM-Business, 8 millions de véhicules devraient s'ajouter à ce rappel. C4, DS4, DS5, des Opel, etc. Une crise majeure s'il en est qui va coûter très très cher et demander une communication fine.
Pour ces autres rappels, le rappel ne serait pas "stop driving" (le terme) mais plus "tranquille". Les clients pourront continuer de conduire leur véhicule et le remplacement est anticipé, sur des véhicules plus récents et donc avec moins de risque. L'incertitude sur ces airbags sera plus importante dans quelques années. Autant anticiper et c'est d'ailleurs le principe des provisions de charges. Le milliard d'euros ne suffira sans doute pas.
Vers des actions collectives pour obtenir réparation
Autre volet de cette crise, les avocats commencent à s'en mêler. Christophe Leguevaques, avocat médiatique s'il en est, créateur de la plateforme My Leo qui agrège les utilisateurs mécontents pour créer des actions collectives ("class actions" à la Française), se lance sur le dossier.
Cette action vise le dédommagement des clients lésés par un SAV désorganisé. Citroën leur demande de ne pas conduire leur véhicule et cela occasionne une perte de jouissance. Surtout que les délais de remplacement des airbags ne sont pas rapides visiblement. MyLeo estime donc : "la désorganisation du SAV de Citroën (...) vous interdit de rouler sans être en mesure de trouver une solution rapide à ce problème".
L'autre axe de cette action de groupe est le risque réel de blessure voire de décès "puisque près d’une dizaine de cas mortels ont été identifiés en France" (sic.). Ceci ajouté au fait que le problème des airbags Takata est connu depuis 10 ans maintenant, il y a selon ces avocats, suffisamment d'éléments pour engager une action de groupe qui pourrait amener Stellantis à dédommager les clients lésés.