Remontant à 2013, l’actuelle Maserati Quattroporte devait être renouvelée et en électrique de surcroît. Mais le projet M9S – qui devait donner naissance à la Maserati Quattroporte Folgore – a été mis entre parenthèses, comme le rapporte le média transalpin Corriere Torino .
Cette décision aurait eu un impact direct sur les fournisseurs, qui ont été informés de la suspension et de l'ordre de geler les développements relatifs au projet. L'un des aspects clés de cette situation est le positionnement de la marque au sein de la gamme Stellantis , notamment par rapport à Alfa Romeo.
C'est un problème de riche, dans la galaxie de marques de Stellantis. Les discussions actuelles portent sur la manière d'éviter les chevauchements entre les véhicules électriques haut de gamme du Trident et ceux du Biscione, puisque Alfa Romeo va également accélérer son électrification. Après la présentation début 2024 du Milano, la future Giulia sera électrique, avec des débuts prévus pour 2025 ou 2026 et une puissance estimée à environ 1000 ch. Voilà qui pourrait cannibaliser une Quattroporte folgore : pourtant, Maserati n’est pas censé boxer dans la même catégorie que le Biscione. Si Alfa Romeo essaie de viser le premium et de se rapprocher dAudi ou de BMW, Maserati est censé boxer dans une catégorie supérieure, celle du luxe, qui devrait la confronter à Porsche, Bentley ou encore Aston Martin. Maserati est la seule marque de luxe officielle du groupe, mais la priorité a changé en passant de FCA à Stellantis
Maserati souffre d’un retard de renouvellement de sa gamme, pris au temps de FCA et qui s’est manifesté également chez Alfa Romeo et FIAT. La MC20 a relancé – symboliquement sur un segment de niche – la « machine », suivie depuis par la nouvelle Gran Turismo et le Grecale. Désormais, la stratégie du volume a cédé la place à celle de la rentabilité, mais des préoccupations économiques jouent aussi dans le choix du Trident. Maserati aurait demandé à ses fournisseurs de réduire les coûts des pièces détachées de 6 pour cent, une demande qui fait suite à une réduction antérieure de 5 à 6 pour cent l'année dernière. Ces pressions constituent un défi pour les fournisseurs et reflètent les difficultés financières auxquelles la marque est confrontée. Dans la gamme actuelle, les Levante et Quattroporte sont vieillissants et voient leurs ventes chuter, alors que la MC20 est une supercar de niche et que le SUV Grecale ne recontre pas le succès escompté.
L'avenir de la Maserati Quattroporte, alors même que le plan produit Maserati prévoit une accélération du plan Folgore, est donc en suspens. Mais, au-delà des considérations « philosophiques » (comment conserver l’attraction pour des marques qui ont forgé leur image sur le design mais aussi l’âme de leurs mécaniques thermiques ?), la conversion à marche forcée vers le tout électrique, en quelques années, n’est-elle pas une folie, quand on voir que même les constructeurs allemands premium bien établis sont en plein doute (sans oublier que les ventes VE des constructeurs européens patinent en Chine), que VW galère avec sa gamme I.D, que Ford perd un « pognon de dingue » pour chaque VE vendu et gèle ses investissements en Europe, que BMW ne se donne pas de date limite pour la fin des thermiques, ou encore quand Toyota fait le choix de maintenir une approche multi-énergies ? Quand on sait que la Chine a annoncé jeudi qu'elle allait fortement restreindre l'exportation d'une série de technologies liées à l'extraction des terres rares, il serait temps de réagir ou sinon l’industrie automobile finira comme celle des smartphones.
Mauvaise nouvelle pour Maserati et sa stratégie d'électrification, car la grande berline Quattroporte, qui a fêté ses 10 ans, a besoin d'une descendance. Or, des considérations économiques et des problèmes de "cannibalisation" avec la cousine Alfa Romeo auraient amené le projet de future Quattroporte électrique à être remisé - provisoirement au moins - a placard.
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