Le report devrait être de 180 jours, soit six mois, ont indiqué mercredi à l'AFP deux sources industrielles. Selon l'une d'elles, le président américain penchait initialement sur un report de trente jours.
La décision officielle du dirigeant républicain doit intervenir d'ici samedi, conformément à la législation.
Contactés par l'AFP, la Commission européenne s'est refusée à tout commentaire de même que la Maison Blanche et le ministère américain du Commerce.
Les constructeurs automobiles ont été informés de ce report, selon l'une des sources industrielles, qui s'est voulue prudente: Donald Trump, "imprévisible", peut encore changer d'avis avant l'échéance de samedi.
Le ministère américain du Commerce lui a remis le 17 février son rapport sur l'industrie automobile, déclenchant un compte-à-rebours. M. Trump a jusqu'à samedi pour rendre publique sa décision d'imposer ou non des tarifs douaniers supplémentaires sur les importations de voitures et d'équipements automobiles.
Ces tarifs sont particulièrement redoutés en Europe, notamment en Allemagne.
Pour autant, la législation américaine stipule que le président peut disposer d'un délai de 180 jours supplémentaires si des discussions sont en cours avec des partenaires commerciaux des Etats-Unis, ce qui est le cas avec l'Union européenne et le Japon en particulier.
La commissaire européenne au Commerce Cecilia Malmström a constamment souligné que les Etats-Unis et l'Union européenne étaient convenus de ne pas s'infliger de tarifs douaniers supplémentaires tant que leurs discussions se poursuivaient, en vertu d'un compromis trouvé fin juillet 2018 entre Donald Trump et Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne.
Pour autant, elle avait aussi prévenu que Bruxelles était prête à riposter si Washington venait à prendre des mesures dans ce secteur stratégique de l'économie.
Un report tomberait par ailleurs au moment où le conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine semble être reparti de plus belle.
Donald Trump a signalé fin novembre son intention d'imposer des surtaxes sur les importations automobiles.
Symbole de l'industrie manufacturière des Etats-Unis, ce secteur illustre aussi à lui seul les déséquilibres commerciaux que le président républicain ne cesse de dénoncer.
Sécurité nationale
Les Etats-Unis imposent actuellement des droits de douane très faibles à l'importation de voitures. L'Union européenne, le Japon, la Corée du Sud, la Chine sont bien plus restrictifs.
Berlin veut à tout prix échapper à des taxes sur les automobiles, un secteur vital pour son économie.
En 2018, les groupes automobiles allemands ont ainsi exporté 470.000 voitures de l'Allemagne vers les Etats-Unis, selon la fédération des constructeurs VDA.
Reste que le constructeur allemand BMW dispose en Caroline du Sud (sud-est des Etats-Unis) de la plus grande usine de production de voitures au monde. En 2017, 70% des 371.316 véhicules produits sur ce site étaient destinés à l'export.
Les économistes s'accordent à dire que l'imposition de taxes américaines sur l'automobile aurait un impact considérable sur l'économie mondiale, ce secteur étant au coeur des échanges internationaux.
Un répit serait d'autant plus bienvenu que la croissance de la zone euro ralentit. Elle devrait ainsi être de 1,3%, selon le Fonds monétaire international.
Au contraire, l'imposition de tarifs douaniers mettrait un coup de frein à l'expansion mondiale et embraserait le conflit commercial des Etats-Unis avec ses différents partenaires.
Donald Trump, qui a été en partie élu en 2016 grâce à sa promesse de faire renaître les emplois industriels, agite depuis près d'un an cet épouvantail.
C'est en effet en mai 2018 que la Maison Blanche avait annoncé son intention d'imposer des tarifs douaniers de l'ordre de 25% sur les importations automobiles pour défendre ce secteur, symbole de l'industrie manufacturière des Etats-Unis.
Le président américain avait alors chargé le ministère du Commerce de mener une enquête approfondie pour établir la pertinence et l'ampleur potentielle de telles taxes, en se basant sur l'article 232 de la législation commerciale américaine, qui s'appuie sur des arguments liés à la défense nationale pour limiter l'importation de produits et de biens aux Etats-Unis.
Des sources proches du dossier avaient ensuite indiqué à l'AFP que l'enquête recommandait des droits de douane supplémentaires pour protéger ce secteur en dépit de nombreuses contestations des acteurs concernés.
Par AFP