Réquisition du personnel
Un accord salarial a été certes conclu lundi par deux organisations syndicales, majoritaires à l'échelle du groupe, non pas au niveau de ses raffineries.
"Le dialogue social c'est avancer, dès lors qu'une majorité s'est dégagée. Ce ne sont pas des accords a minima. Les annonces de la direction sont significatives. Dès lors, j'ai demandé aux préfets d'engager, comme le permet la loi, la procédure de réquisition des personnels indispensables au fonctionnement des dépôts de cette entreprise", a déclaré Elisabeth Borne lors des questions au gouvernement.
Trois dépôts en France
Pour mémoire, Esso compte trois dépôts dans l’Hexagone, à Toulouse (Haute-Garonne), Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) et Notre-Dame-de-Gravenchon (Seine-Maritime). Ces deux derniers se trouvent à proximité des deux raffineries opérées par l'entreprise sur le territoire métropolitain, toutes deux en grève.
Menace de réquisition chez TotalEnergies
Commentant la situation chez TotalEnergies, autre groupe pétrolier touché par des mouvements de grève, Elisabeth Borne a exhorté direction et syndicats à engager des négociations salariales, menaçant de recourir également à des réquisitions pour "débloquer la situation".
"Chez Total, les syndicats réformistes ont appelé à l'ouverture de négociations. La direction a répondu favorablement. J'espère que les autres syndicats représentatifs vont saisir cette main tendue, car le dialogue social est toujours plus fécond que le conflit", a affirmé Mme Borne. "À défaut, le gouvernement agira, là encore, pour débloquer la situation", a-t-elle ajouté.
Pas de pilote dans l’avion selon Eric Ciotti
La Première ministre répondait à une question du député LR Éric Ciotti, lequel affirmant que « la France n'est plus gouvernée", dénonçant parallèlement un "mépris" de l'exécutif.
Une réquisition pas nécessaire et illégale selon la CGT
La réquisition des employés des raffineries "n'est pas nécessaire et est illégale", a réagi la CGT dans un communiqué mardi.
Dénonçant le "choix de la violence", elle a annoncé en suivant suspendre par conséquent "toutes les participations aux réunions avec le gouvernement et le patronat dans la période".
La Confédération a tenu à rappeler que dans sa condamnation de la France, en 2010, l'OIT ('Organisation internationale du travail) avait indiqué que la réquisition ne doit concerner que les activités essentielles (véhicules sanitaires, de secours, de sécurité, etc.) « L'organisation et le ravitaillement de celles-ci est de la responsabilité du gouvernement. Pour ce faire, la France s'est dotée de soi-disant stocks d'essence +stratégiques+. Pourquoi ne les utilise-t-elle pas ?", s'interroge par ailleurs la CGT.
Dans un avis rendu en 2011, suite à la réquisition de salariés en octobre 2010, l'OIT avait demandé au gouvernement, "devant une situation de paralysie d'un service non essentiel mais qui justifierait l'imposition d'un service minimum de fonctionnement (...) de ne pas recourir à l'imposition de la mesure par voie unilatérale".
Pour Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, le gouvernement doit "taper du poing sur la table" pour pousser ces entreprises à négocier. "Ce que je propose, je le répète, c'est une négociation de salaires au niveau de la branche pétro-chimie car il y a un problème de grille. Mais le patronat refuse", ajoute-t-il. Le syndicat Solidaires a lui aussi dénoncé dans un communiqué le choix du gouvernement de "casser les grèves" plutôt que d'"obliger le patronat à augmenter les salaires".
Xavier Bertrand appelle à réquisitionner des personnels de TotalEnergies
Le président LR des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, a appelé mardi à également réquisitionner des personnels de TotalEnergies. Affirmant que la réquisition opérée au sein du groupe Esso-Exxonmobil "ne changera rien" dans sa région des Hauts-de-France.
"Le dépôt le plus important, celui de Mardyck (exploité par TotalEnergies, NDLR), à coté de Dunkerque, est toujours bloqué : tant qu'il ne sera pas débloqué, nous n'aurons pas un approvisionnement correct", a affirmé le président de la région la plus impactée par le mouvement.
"Si on veut sortir de tout cela, il faut clairement que les dépôts et raffineries Total soient libérés", a-t-il ajouté, en appelant à "aller jusqu'au bout" et "réquisitionner les salariés de Total". Interrogé sur les raisons de cette différenciation, Xavier Bertrand a estimé que "la vraie raison c'est qu'il y a la crainte de la CGT-Total".
Sources : AFP