Selon France Bleu Breizh Izel, une fraude à l'AdBlue a été démantelée par les gendarmes de Pontivy et la direction de l'Environnement dans le Morbihan. Une fraude qui est peut-être plus répandue que l'on pense.
Cette affaire concerne un transporteur qui a truqué un de ses camions pour faire des économies. Le dispositif installé permettait de ne plus injecter d'AdBlue (alias urée à une concentration précise) dans les gaz d'échappement. Or, cette injection permet de réduire drastiquement les oxydes d'azote (NOx) et ainsi dépolluer les gaz rejetés dans l'atmosphère. Sauf que les camions font une consommation importante de cet AdBlue et qu'il n'est pas gratuit.
En installant son dispositif, le transporteur économisait ainsi beaucoup d'argent. Mais, en détournant les gaz pour éviter le filtrage, le transporteur a fait polluer son camion entre 5 et 22 fois selon différentes études. Il faudrait regarder exactement avec son modèle pour avoir un chiffre plus précis.
Cette fraude est hélas répandue. On trouve régulièrement des informations sur de telles affaires. A l'été 2021, la DREAL des Hauts-de-France (direction régionale de l’environnement et du logement) a lancé un grand contrôle sur neuf sites de transporteurs. L'objectif était déjà de détecter les fraudes. Selon ces contrôles, 138 véhicules ont été vérifiés, 2 délits et plus de 70 infractions ont été constatés.
Selon la DREAL de cette région, le dispositif se trouve assez facilement sur internet, et ne coûte pas très cher (moins de 100 euros). Il se dissimule souvent au milieu des faisceaux de câbles du camion et s'active depuis la cabine, en toute discrétion. Le boîtier bloque l'injection d'AdBlue et indique à l'électronique du camion que tout fonctionne bien.
A la clé, après installation, le dispositif permet une économie de plusieurs milliers d'euros ce qui permet aux transporteurs de baisser les devis et ainsi de décrocher des contrats de manière anti-concurrentielle. Car l'AdBlue coûte environ 50 à 60 centimes le litre à la pompe (et bien plus en bidon pour voiture). Un camion va consommer entre 1 et 3 litres d'AdBlue pour 100 km selon sa consommation de gazole.
Cette triche ne concerne d'ailleurs pas que la France puisque de telles découvertes ont été faites en premier en Allemagne. Les contrôles ont permis de faire tomber le taux de fraude constatées à 4,1%. En Suisse, il y a peu, 30% des camions étaient bidouillés soit pour shunter l'AdBlue, soit pour supprimer les filtres à particules (FAP). Plus on va vers l'est de l'Europe et plus le taux de véhicules frauduleux augmente. Or, ces camions se retrouvent partout en Europe, et même en France.
Dans le Morbihan, la fraude était légèrement différente puisque apparemment les gaz d'échappement étaient déviés pour éviter le dispositif de dépollution. Les voitures ne sont pas épargnées par la fraude avec souvent un pot catalytique supprimé car trop onéreux à remplacer, ou les FAP. Mais, on trouve également ces mêmes boîtiers "anti-AdBlue". L'économie est tout de même plus faible alors que le véhicule se met à polluer largement plus.
Mois après mois, les forces de l'ordre, aidées par les DREAL, contrôlent et détectent des fraudes à l'AdBlue. Via des boîtiers électroniques aisément trouvables et installables, les transporteurs routiers bloquent l'injection d'urée qui permet pourtant de dépolluer les NOx des gaz d'échappement des moteurs Diesel.
La Fraude est importante et internationale. Quand vous croisez un camion, il y a une probabilité non nulle qu'il rejette de 5 à 20 fois plus de NOx que la norme.
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