Un milliard d’euros investi par Bosch dans une usine de semi-conducteurs
En posant, en 2018, la première pierre de l'usine de Dresde, le groupe n'avait "franchement pas prévu la crise", reconnaît Bosch. Cet investissement d'une valeur d'un milliard d'euros est le plus important de l'histoire de l’équipementier. Lequel dispose déjà d'un autre site de fabrication à Reutlingen, dans le sud de l'Allemagne.
L'usine démarrera avec six mois d'avance, en juillet prochain. Ses clients de l'industrie automobile recevront dès septembre les premières livraisons.
Silicon Saxony
A terme, 700 employés, travailleront dans l'usine, implantée au coeur de la "Silicon Saxony", pôle technologique de la région de Saxe. Cette "Silicon Valley" allemande, héritée de l'ex-RDA, a acquis une réputation internationale.
En effet, si la chute du Mur de Berlin a entraîné désindustrialisation et chômage de masse dans l’ancienne Allemagne de l'Est, l'expertise en électronique est demeurée l'un des atouts discrets de la région.
Dans les années 1980, les chercheurs de RDA avaient même développé une puce pionnière avant Siemens, leur grand concurrent de l’ex Allemagne de l’Ouest.
Bosch pour un équilibre entre dépendance et autarcie
A l’heure actuelle, l'Union européenne est fortement dépendante des sites de fabrication asiatiques. Certains des plus importants producteurs et des plus technologiquement avancés, comme la Taïwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC), leader du marché sont en Asie.
Dans ce domaine, une "autarcie européenne complète n'est ni judicieuse ni souhaitable", a toutefois relevé le patron de Bosch, appelant l'Europe à se spécialiser sur certains types de puces.
Bosch présent à la fois dans l’industrie auto et les semi-conducteurs : un avantage certain
En 2018, Jens Fabrowsky, VP exécutif de la division Bosch Automotive Electronics déclarait que l’équipementier disposait d’un avantage unique en matière de semi-conducteurs pour véhicules, Bosch étant à cette date le seul fabricant à être présent à la fois dans l’industrie automobile et celle des semi-conducteurs. ».
Il affirmait dès cette date que l’électrification et la conduite autonome étaient les moteurs de la croissance de l’activité semi-conducteurs de Bosch. Ajoutant que chaque véhicule neuf comportait en moyenne neuf puces de l’équipementier à son bord.
L’UE veut soutenir les investissements privés dans le domaine des semi-conducteurs
L'UE a récemment annoncé sa volonté de mobiliser plusieurs milliards d'euros dans le cadre d'un plan de soutien appelé "Piiec" (projet important d'intérêt européen commun) pour soutenir les investissements privés et favoriser les collaborations en matière de microélectronique.
Bosch a obtenu quant à lui près de 140 millions de subventions dans le cadre d'un précédent programme européen.
Notre avis, par leblogauto.com
Joli coup pour Bosch qui a su anticiper et ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier.
Il n’en demeure pas moins que ses salariés de Rodez pâtissent quant à eux du déclin du diesel. Vers une implantation d’activités de production de semi-conducteurs en Aveyron ? Peu probable …
En avril dernier, lors de la conférence annuelle de l'équipementier, Filiz Albrecht, DRH de Bosch, a confirmé la suppression de 750 postes sur son site de Rodez (12) qui en compte au total 1 250, face à la baisse du marché du diesel. L'équipementier veut toutefois investir dans l'hydrogène pour y préserver 500 emplois. A comparer avec le chiffre de 700 salariés du site de Dresde.
Estimant en avoir déjà « beaucoup fait » pour l’usine aveyronnaise face à la baisse du marché du diesel, Bosch table en priorité sur des départs non contraints grâce à des retraites anticipées et des départs volontaires.
Alors que l’annonce avait provoqué choc et tumultes en Aveyron, où Bosch est le premier employeur privé, Filiz Albrecht a indiqué que l’entreprise devait « réaliser les adaptations d’ici à 2025 pour préserver la compétitivité » du site « en concertation avec les représentants des salariés ».
Dans le cadre de cette restructuration, Bosch souhaite toutefois préserver 500 postes sur place pour « confier au site de Rodez la responsabilité globale de l’industrialisation d’une solution hydrogène innovante pour les containers frigorifiques en vue d’une potentielle production sur le site ».
Bosch vise une croissance de son chiffre d’affaires de 6 % en 2021 après une baisse de 6,4 % l’an dernier, mais son objectif d’atteindre une marge d’exploitation en légère hausse à
3 % pourrait être compromis …. par l’incertitude liée à la pénurie mondiale de semi-conducteurs.
Selon Stefan Asenkerschbaumer, directeur financier, « il ne faut pas s’attendre à une amélioration de la situation à court terme » sur ce sujet. Des arguments qui risquent de sonner creux à Rodez alors que Bosch va désormais produire des puces électroniques.
Sources : Bosch, AFP