Si les constructeurs automobiles sont durement affectés par la crise, il en est de même pour leurs sous-traitants. Lesquels pourraient bien être les dindons de la farce du plan de relance automobile mis en oeuvre par Etat et constructeurs.
C'est dans ce contexte extrêmement tendu que la CGT du sous-traitant automobile M.A. France à Aulnay-sous-Bois, en Région parisienne, a appelé mercredi les salariés à bloquer l'usine. L'origine de leur action : ils veulent ainsi protester contre "la volonté de PSA de récupérer une partie de la production en faveur de ses propres usines".
Rappelons que le site de M.A France à Aulnay, ex-Magnetto Automotive, est une usine d'emboutissage d'éléments de carrosserie automobile.
Si la direction de M.A France a affirmé aux agences de presse ne pas être au courant de ce mouvement de grève, un porte-parole de PSA a quant à lui tenu à préciser qu'il n'était prévu "aucun transfert d'activité depuis M.A France".
Toutefois, si l'on en croit Adelkarim Dehak, délégué syndical CGT de M.A. France, PSA envisagerait de déplacer 30 à 40% de la production du site en faveur de ses usines de Poissy (Yvelines) et de Rennes (Ille-et-Vilaine). Son but ? Y "maintenir l'emploi, conformément aux engagements pris auprès de l'Etat", selon le représentant syndical.
Mais de telles mesures impacteraient directement l'emploi chez le sous-traitant, pouvant même conduire à une diminution d'emploi proche de 50 %, sur un effectif golbal de 360 personnes.
"Une partie de nos machines appartient à PSA, nous sommes situés au coeur du site PSA d'Aulnay et nous travaillons quasiment exclusivement pour PSA" précise Adelkarim Dehak. Mais les engagements pris par PSA auprès de l'Etat ne concernent que leurs salariés .... au grand dam des sous-traitants.
Pour rappel, le gouvernement a annoncé début février l'attribution d'une aide de 7,8 milliards d'euros d'aides pour l'automobile en crise, dont 6 milliards de prêts à taux préférentiels pour Renault et PSA Peugeot Citroën. Les contreparties : des engagements sur le maintien de la production en France.
"La situation est la même dans les autres entreprises de sous-traitance automobile, nous comptons d'ailleurs fédérer nos efforts et mener une action commune, dès vendredi devant le siège PSA à Paris", a par ailleurs ajouté le syndicaliste.
Selon M.Dehak, près de 3.000 à 4.000 emplois sont menacés à terme, chez tous les sous-traitants, l'équivalent du nombre de personnes employées de l'usine PSA d'Aulnay, fait-il remarquer ...
Début février, les salariés de plusieurs équipementiers auto (Continental, Faurecia, Lear...) ont demandé un moratoire sur les suppressions de postes ou une meilleure indemnisation du chômage partiel, après l'annonce d'un plan de 7,8 milliards d'euros d'aide au secteur automobile.
Les représentants du personnel de l'équipementier Faurecia sièges automobiles ont ainsi voté à l'unanimité une motion demandant un moratoire du plan de restructuration qui prévoit la suppression de 1.215 postes en 2009-2011, estimant que le projet "remet en cause de façon irréversible les activités de conception et de production de siège automobile de Faurecia en France".
A Foix, ce sont entre 150 et 200 salariés de l'équipementier Continental qui ont manifesté devant leur usine pour une indemnisation à 100% du chômage partiel, et contre un projet de départs volontaires.
Sources : AFP, easybourse, Dow Jones