L’année 2021 a été un peu moins perturbée que 2020 avec les confinements. Pour autant, est-ce déjà une année « normale » pour la Sécurité Routière ? En tout cas, côté trafic routier, il a retrouvé ses niveaux de 2019 et donc l’Organisme National Interministériel à la Sécurité Routière (ONISR) semble considérer que oui.
On a donc 3 219 décès sur les route de la France entière. Cela représente une baisse de 8% par rapport à l’année 2019. C’est d’ailleurs le plus bas historique si on ne considère pas l’année 2020 dans les statistiques (ie. aberration statistique). Cette année 2021 est tout de même perturbée sur le premier semestre avec des couvre-feu et du télétravail fortement encouragé.
Selon les statistiques définitives, il y a eu 2 944 tués en Métropole contre 3 244 en 2019 soit une baisse de 9%. Dans les Outre-Mer ce sont 183 tués contre 162 en 2019 (soit +13%). Ces 183 tués sont le plus haut résultat depuis 2012. A ceux-là se rajoute 92 décès dans les collectivités d’Outre-Mer et la Nouvelle Calédonie (stable par rapport à 2019).
Les autres indicateurs en baisse
Du côté des autres indicateurs, la baisse est là, mais moins forte. On a eu 53 540 accidents corporels en France métropolitaine. En 2019, c’était 56 016 accidents corporels relevés par les forces de l’ordre soit une baisse de 4% entre 2019 et 2021. Pour les Outre-Mer, ce sont 2 978 accidents relevés soit une hausse de 5%. Du côté des blessés ils étaient 3 769 dans les O-M (+3%) et 67 057 en Métropole (soit -5%).
Si on raisonne en termes de tués par millions d’habitants, on est en 2021 à 45 tués/Mhab environ contre 50 tués/Mhab en 2019. En 2020, année pleine de confinement et de forte baisse du trafic, ce chiffre s’établissait à 39 tués/Mhab. Si on rapporte par rapport au trafic, les estimations provisoires donnent 5 tués par « milliard de véhicule kilomètre parcouru ». En 2019, ce chiffre était légèrement plus élevé avec 5,3. Bref, cela baisse un peu partout.
Les jeunes paient toujours un lourd tribut
Ces statistiques issues de la base accidents (ouverte au public) permettent également de regarder qui est tué, quel véhicule, etc. En regardant la catégorie d’âge, on a une forte augmentation en pourcentage des 0-13 ans. Cette hausse est due en grande partie à une pratique plus élevée des déplacements à pied, à vélo ou en « EDPm » (engin de déplacement personnel motorisé). Heureusement en valeur absolue, cela reste faible avec 85 tués. Les 14-17 ans aussi voient le nombre de tués augmenter (+10%) par rapport à 2019 avec 101 tués.
Heureusement, le reste des catégories baissent fortement ou stagne (les 65-74 ans à +1%). Les 25-34 ans voient les chiffres reculer de 23% par rapport à 2019 et même être au niveau de 2019. Les 18-34 ans paient tout de même un lourd tribut comme chaque année avec 903 tués sur les 2 944 de Métropole soit 30,7% des tués. Rien que les 18-24 ans représentent 505 tués, soit 17,2% des tués alors qu’ils représentent moins d’usagers de la route. Ces jeunes adultes ont de fort pics de mortalité routière à partir de juin avec les deux mois d’été juillet et août particulièrement meurtriers.
Si on rapport le nombre de tués par rapport à la tranche d’âge de population, il y a 94 tués de 18-24 ans pour 1 million d’habitant de cette tranche d’âge. C’est le plus haut ratio quand les autres catégories avant 75 ans sont entre 41 et 52 tués/Mhab.
Piétons et cyclistes toujours en surreprésentation
414 piétons ont été tués en Métropole en 2021 ! Cela représente 14% des tués. Leur nombre baisse de 14% par rapport à 2019, mais cela reste très élevé. A noter que 24 tués EDPm sont a déplorer. Un nombre forcément en hausse avec la hausse de la pratique. Hausse de la pratique qui explique pour partie la forte hausse du nombre de cyclistes tués : 227 soit +21% par rapport à 2019. C’est la première fois depuis 20 ans que le nombre de cyclistes tués dépassent les 200. Surtout, 97 de ces cyclistes ont été tués en agglomération. Ce sont principalement des hommes, de plus de 55 ans. A noter que 3 piétons et 2 motards ont été tués dans un accident avec un cycliste.
Les automobilistes restent la catégorie la plus exposée avec 1 414 tués. Cela représente donc 48% des tués. Mais, ce ratio baisse régulièrement depuis 10 ans environ. En 2010, les automobilistes représentaient 53% des tués. Ces automobilistes ont tendance à avoir des accidents seul, sans véhicule tiers impliqué. 736 occupants d’automobile ont été tués dans un tel accident. C’est 52% des automobilistes tués. La plupart du temps, c’est une « perte de contrôle », et c’est d’autant plus vrai pour les 18-24 ans. 79 cyclistes+EDPm sur le total de 251 se sont tués dans un accident sans tiers, soit 31,5%.
La moitié des automobilistes se tue sans autre véhicule impliqué
248 tués l’ont été sur autoroute dont 32 piétons percutés. En agglomération, 963 tués sont dénombrés dont 300 piétons (31%). C’est la catégorie la plus représentée. Hors agglomération, 1 733 tués sont à déplorer dont 996 automobilistes (soit 57%). 70% des automobilistes tués le sont hors agglomération.
Enfin, l’ONISR relève que dans les 38 départements ayant relevé la vitesse maximale sur 2×1 à 90 km/h, le nombre de tués est au même niveau que celui de 2019. Alors qu’ailleurs, le nombre de tués est en baisse de 16,3% par rapport à 2019. Une assertion statistiquement vraie, mais il conviendrait d’aller plus loin dans l’analyse pour voir si ce sont des portions à 90 km/h qui sont responsable de cette « non baisse » ou si c’est global. De plus, l’accidentologie est suffisamment complexe pour ne pas la résumer à une simple limite dans un département.
Tout le bilan 2021 de la Sécurité Routière est accessible ici.
Ça sert à quoi, ce truc ? C’est une étude statistique, une accumulation invraisemblable de tout les types de graphiques possibles sur 35 pages.
C’est de l’argent public bien employé, qui, je suppose, doit servir à justifier les 400 voitures radars qui vont nous verbaliser à 3 km/h au dessus de la limitation de vitesse sans qu’on perde de points (oui, les 2 sont liés). Voitures dont l’appel d’offre pour un marché public a vu son contenu devenir confidentiel ! La Délégation à la Sécurité et à la Circulation Routière aurait voulu nous démontrer qu’il y a de la corruption ou du conflit d’intérêt derrière ce marché public qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement.
Faudrait savoir…s’il n’y a pas de chiffre « on nous ment » et quand ils font des stats sur la base (publique) des accidents alors c’est de l’argent jeté en l’air ? Tss 😉
Ok, alors quelle est l’utilité de ce bilan de la sécurité routière ?
Il atterrit sur le bureau du ministère des transports qui ne sait rien faire d’autres qu’encore plus de répression rentière.
Donc, vu que quelques soit les chiffres, on obtiendra toujours plus de répression, à quoi sert ce bilan ?
Des solutions existent pour réduire le nombre d’accidents, mais vu que ça ne rapporte rien, nos dirigeants préfère gagner du blé avec des radars que de sauver des vies.
C’est cynique, mais c’est la vérité.
achille
mais malheureusement, c’est souvent la méthode du baton qui marche le mieux. Aucune autre méthode ne fonctionne aussi bien, voire ne fonctionne tout court (même la pédagogie, l’apprentissage…)
Les solutions existent :
– Améliorer la formation, actuellement, on apprend juste à avoir le permis.
– Visite médicale obligatoire à partir de 75 ou 80 ans, renouvelable tous les 2 ans.
– Accentuer très fortement les contrôles routiers contre l’abus d’alcool et de stupéfiants.
– Sanctionner très fortement (grosse amende) l’utilisation d’un téléphone mobile au volant ET au guidon.
– Améliorer l’état des routes (trous, patinoires sous la pluie).
– Supprimer certains éléments de mobilier urbain, extrêmement dangereux en cas de chute en 2 roues.
– Bloquer définitivement les tarifs autoroutiers, pour inciter à prendre ces voies plus sûres. Sachant que ça n’empêcherait pas du tout les concessionnaires de faire des bénéfices, vu comme ils se gavent actuellement (et pour les prochaines années).
Ces solutions coûtent de l’argent. Les recettes des amendes routières pourraient les financer mais l’État refuserait, vu qu’il en utilise une grosse part pour tout autre chose : 25% pour le désendettement, 20% pour les collectivités territoriales sans aucun contrôle de l’utilisation des fonds, 10% réinvestis dans les radars.
Et beaucoup d’opacité dans tout ça.
Bref, sauver des vies est possible, mais ça n’intéresse pas nos politiques.
« Visite médicale obligatoire à partir de 75 ou 80 ans, renouvelable tous les 2 ans. » >> Ok, le bilan de l’accidentologie met justement l’accent que ce sont les 18-24 et 25-34 qui paient le plus lourd tribu….mais tapons sur les vieux oui.
« Accentuer très fortement les contrôles routiers contre l’abus d’alcool et de stupéfiants. » >> C’est ce qui est fait, même si vous ne le voyez pas de votre point de vue. Dans les années 90 on était en gros à 6 millions de contrôles alcoolémie. Désormais on est largement au-dessus des 10 millions par an.
Cela peut sembler peu, mais cela demande des effectifs plus que de l’argent. Et si on met des effectifs là, il y aura des « râleurs » pour trouver que cela manque de contrôle de ceci, ou là, ou ici…cf le réseau routier français…
Le téléphone tenu en main au volant est déjà fortement sanctionné..135€ et 3 points en moins. On peut vouloir passer les amendes de 4e classe à 500 balles par exemple. Mais ce sera pour toutes ces infractions, comme un controle tech non valide, une conduite sans ceinture, etc. 😉 Perso ça me va…mais tout le monde ?
Bloquer le tarif des autoroutes ne changerait pas grand chose vu la longueur du réseau autoroutier par rapport à tout le reste. A part certains cas particuliers, personne ne prend quotidiennement l’autoroute.
Encore une fois, ces analyses justement permettent de mettre le doigt sur certains pbm.
20% des automobilistes tués ne portent pas de ceinture….pourtant cela fait un paquet de temps qu’elle est obligatoire non ? Et qu’il y a des campagnes de communication, et qu’on l’apprend au code de la route, au permis…
20% de 1414, ce sont 280 morts dont une grande part pourrait être évitées, et un paquet de blessés aussi.
Plus de 900 tués chez les 18-24 ans ! Alors qu’ils viennent d’avoir le permis, c’est tout frais…les plus de 20h de leçons, le code…la conduite accompagnée même pour certains…
300 piétons en agglomération… C’est le mobilier urbain là ? Ou la formation ? 😉
Après comme il n’est pas possible de multiplier par 10 les contrôles, on peut aussi mettre un mouchard permanent dans les voitures, qui regarde la vitesse par rapport au GPS, brider les voitures à 135 km/h, mettre une caméra vers l’intérieur pour surveiller le conducteur, une vers l’extérieur pour voir ce qu’il fait en permanence aussi. On peut….
@Achille : cela oriente la communication de la SR, cible les actions de préventions auprès du public qui semble avoir une hausse, etc. En ce moment il y a pas mal de prévention pour les cyclistes ou les EDPmistes.
Cela permet aussi de savoir si les actions précédentes ont fonctionné ou non. Enfin, cela sert (dans le bilan complet avec analyse des accidents) aux décideurs (départements, municipalités, régions, etc.) pour décider d’un aménagement ou pas.
« Des solutions existent pour réduire le nombre d’accidents » >> En fait, les accidents comme les tués diminuent déjà 😉 mais si vous avez une bonne idée, soumettez-la à votre député, ils sont là pour cela.
Par contre je serais heureux de lire vos solutions contre par exemple le portable au volant, ou contre l’inattention au quotidien (pour rappel la moitié des automobilistes tués le sont sans autre véhicule tiers impliqué).
Il y a des choses intéressantes : il y a pratiquement plus ou autant de morts de cyclistes sans accident avec tiers qu’avec une voiture.
A l’heure de ma poursuite de lecture, je n’ai pas encore découvert le nombre de morts en VT en fonction de l’âge du véhicule. Je crois cette donnée non disponible dans l’étude et c’est dommage.
de bons chiffres. Quand on se rappelle des années 70 et des 16 000 morts par an… Qui aurait cru qu’on devienne de plutot bons conducteurs ? (peu mieux faire toutefois)