B. Le Maire : aides en contrepartie de relocalisations ?
Le Ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, estime que les constructeurs automobiles français doivent relocaliser en contrepartie de mesures d'aide face à la Covid-19.
Le Ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, estime que les constructeurs automobiles français doivent relocaliser en contrepartie de mesures d'aide face à la Covid-19.
C'est ce matin sur BFM-Business qu'il a fait ces déclarations. "Je pense que l'industrie automobile française a trop délocalisé, elle doit pouvoir relocaliser certaines productions".
"Si on dit aux constructeurs automobiles +nous sommes prêts à vous aider, nous sommes prêts à améliorer par exemple les primes à la conversion, nous sommes prêts à regarder ce qui peut améliorer votre compétitivité sur les sites de production français+, la contrepartie ça doit être +quelle relocalisation est-ce que vous envisagez?+", a estimé le ministre.
Le Ministre a même évoqué la filière électrique avec les usines de batteries. Est-ce qu'il chercherait à attirer une grosse usine en France ? On le sait, PSA et Total (Saft) étudient de près l'implantation d'une usine de batterie dans le Nord de la France, près de Lens (alias "gigafactory"). Cette filière à haute valeur ajoutée pourrait compenser une partie des emplois français perdus dans l'industrie automobile (constructeurs ou sous-traitants).
"Nous sommes prêts à participer à la filière batterie électrique et l'Etat met beaucoup d'argent public sur la table", a également indiqué M. Le Maire. "En contrepartie, il faut aussi que les constructeurs automobiles s'engagent à dire +telle catégorie de véhicule (...) nous allons la relocaliser en France+. (...) C'est comme ça que nous allons arriver à construire une industrie automobile plus forte".
La production "made in France" d'automobiles a décru depuis la précédente crise économique mondiale, en 2008. Pour conserver une certaine compétitivité, de nombreux modèles ont été délocalisés. Et c'est un constat valable chez nos deux groupes automobiles français principaux.
D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si par exemple les deux usines Renault qui ont été les premières à être relancées sont Flins et Sandouville (fermée depuis sur décision du tribunal). L'une assemble la Renault Zoe électrique par exemple, l'autre assemble des utilitaires légers. Deux types de véhicules qui restent "intéressants" pour des usines en France.
Monsieur Le Maire lit-il notre site ? Peut-être. Il a pu y lire ce weekend que le Japon déclenche des aides financières pour sortir des productions automobiles hors de Chine. Mais, ici, ce n'est pas "gratuit". Il y a sous-jacent une sorte de chantage aux aides d'état pour sortir de la crise économique qui découle de la crise sanitaire au SARS-CoV-2.
Le Ministre pourrait recevoir une fin de non-recevoir par les constructeurs, à minima par le groupe PSA. En effet, par la voix du Président de Peugeot, Jean-Philippe Imparato, le groupe a fait savoir qu'il préférait qu'il n'y aie pas d'aides de l'état pour relancer un marché automobile qui a été à l'arrêt pendant près de deux mois. Des ventes ont eu lieu pendant le confinement et plutôt que la fabrication de nouveaux véhicules, c'est la livraison que PSA veut relancer au plus vite.
Plutôt que de lier des aides éventuelles à une relocalisation de production, l'Etat pourrait "voir plus large" et aider - avec l'aide des départements et des régions - à la relocalisation via des aides à l'installation dans des départements en manque d'emplois. Et cela ne viserait pas que les constructeurs français. Après tout, c'est comme cela que Toyota est venu s'implanter à Onnaing. En se positionnant plutôt sur un chantage à l'aide, le Ministre risque surtout de froisser les constructeurs et d'obtenir l'effet inverse de celui recherché.
Avec AFP/vac-aro/mhc/tq/eb
Illustration : Renault modifiée par Leblogauto.com (la Clio est produite à Bursa en Turquie et à Novo Mesto en Slovénie et plus à Flins en France)
Le Ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, estime que les constructeurs automobiles français doivent relocaliser en contrepartie de mesures d'aide face à la Covid-19.
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