Cette décision constitue le énième épisode d’une affaire frappant le dirigeant et désormais le constructeur Nissan, sous fond de malversations financières.
"Aujourd'hui, la décision a été prise de maintenir » Carlos Ghosn en détention. La garde à vue viendra à expiration le 1er janvier", a ainsi indiqué le tribunal du district de Tokyo dans un communiqué.
Histoire de garder le suspens … ce jugement ne signifie nullement que le patron de Renault sera libéré dès le passage à la nouvelle année. Passé ce premier délai de 10 jours, le parquet japonais pourra en effet demander que sa garde à vue soit prolongée de 10 jours supplémentaires pour les besoins de l'enquête.
De quoi faire grandir l’incertitude voire l’inquiétude quant à la possibilité d’une reprise prochaine de ses activités au sein de la direction du constructeur.
Rappelons que Carlos Ghosn est également en détention provisoire suite à une première inculpation. De ce fait, une libération ne pourrait avoir lieu qu'à la fin de cette garde à vue et sur acceptation par le tribunal d'une demande de mise en liberté sous caution.
Le dirigeant n’est pas au bout de ses peines. L’homme fort de Renault a fait l'objet vendredi d'un troisième et nouveau mandat d'arrêt. Il lui est cette fois-ci reproché un abus de confiance.
Soupçon d’abus de confiance
Le parquet japonais soupçonne en effet Carlos Ghosn d'avoir "failli à sa fonction de PDG et d'avoir causé un préjudice à Nissan". Le bureau des procureurs lui reproche d'avoir fait couvrir par Nissan "des pertes sur des investissements personnels" au moment de la crise financière d'octobre 2008. Des allégations que l’intéressé nie en bloc, si l’on en croit la chaîne de télévision publique japonaise NHK.
La somme incriminée s'élève à 1,85 milliard de yens (14,5 millions d'euros). Pour faire face à ces aléas financiers, le dirigeant aurait obtenu qu'un ami saoudien se porte garant … et qu’il effectue des virements d'un montant équivalent, sur le compte de Carlos Ghosn, à partir un compte d'une filiale de Nissan.
Si ce type de délit est certes prescrit au bout de 7 ans, la loi permet toutefois de déduire du décompte le nombre des journées passées à l'étranger. Ce qui constitue un chiffre important dans le cas particulier de Carlos Ghosn, ce dernier passant jusqu’à présent seulement un tiers de son temps au Japon.
Minoration de revenus
Le dirigeant a parallèlement été inculpé le 10 décembre dernier pour avoir omis de déclarer aux autorités boursières environ 5 milliards de yens (38 millions d'euros) de revenus sur cinq années, de 2010 à 2015.
Il est également soupçonné de minoration d'émoluments sur la période 2015-2018, pour un montant de 4 milliards de yens.
Elisabeth Studer avec AFP