Le marché de Mobilib' a été attribué officiellement hier, lundi 6 mai 2019. Quatre entreprises se le partagent : Ada (groupe Rousselet, Taxis bleus), Drivy, Communauto et donc Ubeeqo. A noter que le français Drivy vient de passer sous pavillon américain, racheté par son concurrent Getaround. Communauto est un service canadien. Ubeeqo aura droit d'occuper 851 des 1 213 places de stationnement de surface du service Mobilib'. Les autres se partageront les 362 autres emplacements.
A noter qu'Ubeeqo disposera des 713 anciennes places Autolib', avec bornes de recharge. Un millier d'autres anciennes places Autolib' resteront accessibles directement aux véhicules électriques particuliers pour recharge sur abonnement. Filiale d'Europcar, Ubeeqo trouve ici un gros marché avec des enjeux importants. Mais, c'est surtout une possibilité de publicité énorme avec une visibilité potentiellement mondiale via Paris et le tourisme. Ubeeqo est déjà présent à Paris depuis 3 années avec des véhicules aux rétroviseurs et au logo bleu turquoise, mais des places en sous-terrain (460) et donc aucune visibilité en surface.
Si Autolib' était simple et bien compris de tout le monde, les nouveaux services sont un peu compliqués et multiples. Pas simple de s'y repérer. Alors, on a déjà Free2Move (PSA), Moov'in Paris (Renault et Ada) ainsi que Car2Go qui ont repris officiellement le créneau des locations très courtes durées en trajet simple (d'un point A à un point B). Seul souci, leurs voitures n'ont pas de places attitrées et il faut se débrouiller pour en trouver une (gros point négatif par rapport à Autolib' même si certaines stations étaient souvent pleines et si ici on n'a pas à s'occuper de l'horodateur).
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?
Désormais, on a donc ces 4 nouveaux acteurs, qui, eux, ont des places attitrées. Mais, les locations sont en boucle ! C'est à dire qu'il faut ramener la voiture là où on l'a prise. Un gros point négatif car cela signifie que la plupart du temps il va falloir garder la voiture (et donc payer) ainsi que trouver une place (et la payer ?) le temps de faire ce que l'on doit faire en "déplacement", avant de ramener la voiture à son emplacement. Ce fonctionnement en boucle a signé l'arrêt de beaucoup de services d'auto-partage.
En outre, les véhicules ne sont pas forcément électriques. Les Autolib' avaient beau être "moches" (non peintes et maltraitées par les franciliens) elles avaient une image de vertu (image seulement) avec leur fonctionnement électrique.
Ubeeqo indique que sur les près de 1200 véhicules du service parisien, 20% seront électriques (de différentes marques), et les deux tiers hybrides rechargeables (de toutes marques et tailles également). De quoi avoir un peu meilleure conscience en prenant un véhicule plutôt qu'un transport en commun. Les véhicules seront bientôt là. Théoriquement, à la rentrée de septembre tout sera déployé. Enfin serait-on tenté de dire. Cela fait 9 mois qu'Autolib' a tiré sa révérence en Ile-de-France.
Outre un fonctionnement en boucle, le service concernera seulement Paris et quelques villes limitrophes (surtout à l'ouest). Là où Autolib' couvrait une plus grande zone. Sans doute moins risqué pour Ubeeqo et peut-être plus rentable (le talon d'Achille de l'ancien service).
7 acteurs, plus de 10 offres : trop de choix ?
Autre point un peu gênant, le service Mobilib' ne sera pas unifié. Il faudra donc vous enregistrer chez l'un des 4 acteurs officiels (en plus des 3 autres déjà présents) et passer par leur application mobile respective. Pour Ubeeqo, les tarifs vont de 6 euros de l'heure à 9 €/h selon le véhicule choisi. Ceci, sans abonnement, pour 30 km et carburant inclus. Si on choisit de prendre un abonnement à 27 € pour trois mois, le tarif descend de 4 à 6 €/h selon le véhicule (de la Renault Twingo au Citroën Berlingo en passant par le monospace). A noter qu'un tarif à la journée existe (de 45 à 80 € sans abonnement ou 29 € la journée, avec abonnement). Mais, là, autant passer par un loueur "classique".
Communauto de son côté possède plusieurs formules d'abonnement (ou sans) ce qui donne des tarifs entre 7 €/h (avec 75 km inclus) sans abonnement et 1,50 €/h + 26 centimes du kilomètre pour l'abonnement à 18 €/mois.
Pour Moov'in Paris, il en coûte 39 centimes la minute en Zoe, 29 en Twizy sans abonnement. Free2Move, c'est 39 centimes la minute sans abonnement ou 32 avec abonnement de 9,90 €/mois. Enfin pour Car2Go, le tarif des smar EQ fortwo va de 24 à 34 centimes la minute en fonction de l'heure et du lieu (cela permet à Car2Go de tenter d'influer sur la répartition de ses voitures et éviter qu'elles soient toutes à un endroit de la capitale).
Pour rappel, Autolib' c'était 32 centimes la minute sans abonnement, ou 23 centimes la minute avec un abonnement de 10 euros par mois.
A quand l'application unifiée ?
Il ne reste plus qu'à inventer l'application des applications ! Celle qui choisira la solution la moins chère en fonction du trajet et de l'utilisation que vous voulez faire... En attendant, cela risque d'être le casse-tête pour les Parisiens et les touristes qui veulent faire de l'auto-partage.
Les anciennes Bolloré Bluecar d'Autolib' continuent de se vendre sur le marché de l'occasion. Retapées (légèrement) elles se vendent actuellement par exemple à 4 990 euros à Queven en Bretagne. Avec les primes de conversion qui peuvent atteindre 3 992 € (80% du prix) pour les foyers non imposables, cela met la Bluecar à 998 €. Imbattable pour peu qu'on accepte l'état (on peut poser un "covering" pour améliorer l'allure) et surtout les aléas des utilisations antérieures et une batterie lithium métal polymère que seul le groupe Bolloré maîtrise en production (et qui s'auto-consomme pour rester chaude). Un "daily" intéressant mais qui demande de savoir où on met les pieds.
Illustration : une ancienne station Autolib'