SAIC confirme une collaboration avec Audi pour une plateforme EV
En retard sur son plan de développement électrique, comme tout le groupe VW, Audi semble obligé de courtiser son partenaire SAIC. Le monde à l'envers !
En retard sur son plan de développement électrique, comme tout le groupe VW, Audi semble obligé de courtiser son partenaire SAIC. Le monde à l'envers !
Faut-il y voir un symbole ? Ou le signe avant-coureur d'une catastrophe ? Signe de la montée en puissance de la Chine et de son offensive sur le marché de l'automobile à la faveur de l'électrification, SAIC a confirmé qu'Audi avait approché le constructeur chinois pour exploiter une plate-forme commune dédiée aux futurs véhicules EV haut de gamme.
Quel retournement ! Qui aurait pensé, ne serait-ce qu'il y a dix ans encore, qu'un constructeur européen emblématique comme Audi, qui a bâti sa réputation aussi sur sa capacité à innover, soit obliger d'aller chercher une technologie de pointe chez un constructeur chinois ?
Oui, mille fois oui, le marché mondial est en train de basculer. Les consommateurs chinois, animés par un fort sentiment patriotique, achètent désormais chinois et semblent de plus en plus nombreux à juger les marques européennes, jadis enviées, comme "has been". La Chine, confortée aussi par ses réserves de terres rares, a pris une longueur d'avance sur les technologies, les plateformes EV ainsi que les Gigafactories. Surtout, elle part désormais à la conquêtes des marchés étrangers avec des produits de plus en plus aboutis. Si les marques chinoises étaient encore très confidentielles, ne serait-ce qu'il y a encore 2-3 ans, on voit de plus en plus de MG et de Link&Co sur nos routes, et dans la guerre des prix, la Chine est toujours redoutable. On voit comment Tesla et Ford, qui se sont lancés aussi dans la guerre des prix, commencent déjà à tirer la langue au niveau de leurs marges.
SAIC a d’abord été celui qui a tendu la main à Audi, pour développer une coentreprise. En 2022, les premiers exemplaires de l’A7L (version 4 portes de l’A7) ont enfin été livrés, et la coentreprise SAIC-Audi propose désormais également d’autres modèles réservés au marché chinois comme le Q5 eTron (mélange de Q4 et de Volkswagen ID.6) et le Q6 (cousin du VW Terramont / Atlas).
Thomas Schaefer, PDG de Volkswagen, a clairement dit que le « toit VW » est en feu, à l’occasion d’une réunion avec 2000 cadres supérieurs.
La plateforme SSP déployé au niveau du groupe Volkswagen et destinée à tous les prochains modèles électriques a pris énormément de retard, sa finalisation étant attendue au mieux vers 2029, soit trois ans de retard sur le plan initial. Ces soucis sont aussi une conséquence des déboires (du fiasco ?) rencontrés par la filiale logiciel Cariad de VW qui a été confrontée à d’énormes problèmes techniques, ce qui a obligé le directoire à tout remettre à plat. En effet, là où d’autres constructeurs ont fait le choix, peut-être moins noble, mais plus rationnel, de s’ouvrir à des partenariats techniques extérieurs, surtout dans le domaine du software qui est à la base étrangèr aux constructeurs automobiles, VW a choisi l’approche maison, mais les coûts ont explosé, tandis que les déboires techniques ont non seulement entaché la confiance mais aussi généré des retards catastrophiques. Et si Porsche et Bugatti se sont rapprochés de Rimac, la marque de Molsheim étant même passée sous le contrôle du croate spécialiste de l’électrique haute performance, ce n’est pas un hasard. Ces retards menacent très clairement la position du groupe sur les marchés clés alors que la concurrence s’accélère et se multiplie.
Cependant, le contenu exact du partenariat entre SAIC Motor et Audi n’a pas encore été révélé. Audi va-t-elle tout simplement acheter sa plateforme de nouvelle génération auprès d’IM Motor, comme le laissaient entendre les rumeurs précédentes, ou Audi et SAIC vont-ils aller vers le co-développement d’une architecture commune ? Si la première solution est la plus logique d’un point de vue comptable, ses conséquences en termes d’image sont aussi risquées. Et cette plateforme servira-t-elle uniquement à des modèles destinés au marché chinois, ou verrons-nous un jour en Europe des Audi importées de Chine ?
Face au retard pris par la future plateforme électrique du groupe VW, Audi semble acculé et obligé de se fournir auprès de son partenaire chinois SAIC pour ses futures productions électriques. Un renversement des rôles qui peut-être analysé comme un puissant symbole des tendances en cours dans l'automobile mondiale.
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